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Polémique des JO streamers : pourquoi Twitch n’arrivera jamais à faire mieux que la télévision ?

L’annonce de la version streamers des Jeux Olympiques “Aux Jeux Streamers” a soulevé plusieurs polémiques, et tout autant de questions.

C’est une publicité dont France TV se serait sans doute bien passé. Ce 12 mars 2024, le groupe audiovisuel public a annoncé le lancement, pour le 27 avril prochain, d’une nouvelle émission en lien avec les Jeux Olympiques de Paris 2024. Baptisé Aux Jeux Streamers, le programme sera co-diffusé sur la chaîne Twitch de Zerator, ainsi que sur la plateforme de streaming gratuite France.tv. La compétition sera calquée sur l’esprit olympique, et mettra en scène plusieurs figures bien connues des Internets français, qui s’affronteront en équipes sur des épreuves sportives organisées au stade Paris-La Défense Arena.

Un casting déjà polémique

Dès l’officialisation de l’évènement, c’est une première polémique qui s’est abattue sur les JO streamers. Parmi les quatre chefs d’équipes annoncés, le public a découvert en début de semaine la présence de Tibo InShape, Domingo, CyrilMP4, Brawks, Baghera, Charles Poujade, Théobadak et Ophenya. Problème : la participation de certains créateurs et créatrices de contenu passe mal sur une chaîne du service public. C’est particulièrement vrai pour le youtubeur fitness Tibo InShape, régulièrement pointé du doigt pour ses propos racistes, transphobes et misogynes, et plus récemment pour avoir donné la parole à une sexologue conservatrice faisant l’apologie de la culture du viol sur sa chaîne. Le Toulousain n’est pas le seul à faire grincer des dents, puisque la jeune créatrice de contenu Ophenya était récemment épinglée pour avoir fait la promotion d’une application de rencontre destinée à mettre en contact des jeunes collégiens et des adultes sur TikTok.

En plus de faire réagir côté public, l’annonce du casting a aussi créé quelques remous parmi les participants. La streameuse Baghera a ainsi expliqué ne pas avoir été mise au courant de l’identité des autres participants. “Je suis en train de voir ce que je peux faire actuellement, car je ne valide en aucun cas les actions et/où propos de certains participants de cet événement. J’attends en ce moment des réponses et actions pour connaître la suite de ma participation ou non à cette journée“.

D’autres ont été moins vindicatifs. C’est notamment le cas de Zerator, qui avait plusieurs fois pris publiquement position contre les propos misogynes du streamer Sardoche. Cette fois, celui qui co-hostera l’évènement sur sa chaîne s’est montré plus mesuré, assurant qu’il ne connaissait pas certains participants.

Twitch devient le nouveau TF1, et ce n’est pas une bonne nouvelle

L’idée de réunir les mondes du streaming et de la télévision classique n’est pas inédite. En ce moment, l’ombre du PAF est partout : Natoo tourne une vidéo sur le plateau de l’émission Top Chef pour organiser un concours de cuisine avec Stéphane Rotenberg et d’anciens candidats du programme, McFly et Carlito se frottent à l’épreuve des poteaux de Koh Lanta, et Michou s’associe à TF1 et à la BBC pour diffuser Danse avec les stars d’Internet, un concours de danse calqué sur l’émission originale, avec le même casting de danseurs, et une diffusion sur la plateforme de streaming TF1+ Les pages d’accueil de Twitch et YouTube ont un arrière-goût de prime time du mercredi soir sur les chaînes nationales.

Et si on arrêtait d’imiter la télévision ?

En marge de la polémique médiatique autour du casting approximatif de l’évènement, se pose aussi la question de l’engagement politique de l’opération. En participant à une compétition sportive faisant la part belle aux Jeux Olympiques, les streamers et les streameuses en lice jouent le jeu du gouvernement. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les réseaux sociaux et les influenceurs sont devenus un axe de communication à part entière. On a vu le Premier Ministre (à l’époque porte-parole du gouvernement) Gabriel Attal en pleine interview avec EnjoyPhoenix, Tibo Inshape vanter les mérites de l’Armée de terre et de la Marine nationale, et même le duo Mcfly et Carlito se prêter au jeu des anecdotes avec Emmanuel Macron, avant de diffuser une chanson encourageant à respecter les gestes barrières en pleine pandémie.

Or, tout l’intérêt des plateformes de diffusion en ligne comme YouTube et Twitch résidaient initialement dans l’idée qu’un créateur de contenu y était libre de toute considération financière et politique. Une caméra et un micro suffisent pour se lancer dans le streaming, mais l’industrie est devenue si importante qu’elle en oublie d’être modeste. Aujourd’hui, les productions en streaming se sont professionnalisées, générant des millions d’euros de recettes et tout autant de dépenses. Un changement de paradigme intéressant dès lors qu’il s’agit de voir plus grand, en organisant des évènements caritatifs indépendants comme le Speedons ou le Zevent, mais qui perd en éclat lorsque les streamers se retrouvent à la merci des investisseurs publics et privés.

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2 commentaires
  1. Ben non, Internet imitera la télé. Car la télé a imité la radio, le ciné imite la télé (ben oui, c’est bien en fait de faire des SÉRIES de film, pour fidéliser le public), et la plupart des concepts sur internet sont des resucés de ce qui a déjà été fait ailleurs. Car ben c’est compliqué d’inventer un concept. Inviter des gens pour bouffer des piments et discuter ? Moui bon, était ce vraiment si pertinent (et c’est piqué mais assumé sur l’étranger) ?

    Et je pense que les créateurs de contenu rencontrent peut être un problème, la légitimité auprès d’investisseurs. Ok c’est bien de pouvoir vivre en vendant un VPN inutile pour 99 % de ses utilisateurs, mais s’ils veulent faire des vidéos un peu ambitieuses, arriver vers une banque ou un possible partenaire en disant “bonjour je suis X, j’ai 2 millions d’abonnés sur Twitch et j’aimerai faire ça.”, ils doivent assez facilement avoir des réponses type “ok et ?”. Travailler avec des télés, qui sont plus connues par les marques, ça doit aussi leur faciliter la vie.

    Après la polémique… Depuis combien de temps cette émission était en montage ? C’est pas forcément facile de virer du monde parce qu’ils racontent des conneries (qui sont limités au monde internet, donc France 2 s’en carre comme la plupart de ses spectateurs). Y a les contrats et autres, et si c’est pas précisé ce genre de choses comme pour les sportifs de haut niveau par exemple, ben ils peuvent pas faire grand chose.
    Et désolé, Baghera Jones, mais pour la même raison du contrat, m’étonnerait qu’il y ait quoi que ce soit à faire “juste pour ça”.

  2. Sympa l’article à charge …..
    Sinon, Twitch s’inspire évidemment de la tv et les deux cohabiteront entre les grosses prods et le petits streamer avec juste une cam et et un micro.

    C’est au spectateur de faire le choix de ce qu’il regarde, et si les grosses prods fonctionnent, c’est qu’il y a un public pour tout simplement, et ils faut donc ne pas prendre son avis, son ressenti, pour des généralités …

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