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Didier Raoult mis au pilori par plusieurs grands journaux scientifiques

La carrière de cette ancienne pointure de la microbiologie continue de sombrer, avec plusieurs études rétractées et des signalements à n’en plus finir.

La pandémie de COVID-19 qui a déferlé sur la planète il y a quelques années a suscité de très nombreux débats sur la vaccination, les protocoles de validation des traitements potentiels, et plus largement sur la recherche et la santé publique. Même si le virus n’a pas complètement disparu, la situation s’est largement améliorée. Et alors que la poussière est en train de retomber, une figure centrale de ces débats se retrouve à nouveau sur le devant de la scène, et pas pour les bonnes raisons ; des journaux scientifiques sont en train de tirer à boulets rouges sur des dizaines d’études directement connectées à Didier Raoult.

Pour rappel, ce microbiologiste de renom a fait la une de la presse internationale à cause de ses prises de position sur l’hydroxychloroquine, un traitement contre la malaria qu’il a présenté comme un remède contre le Covid-19. Pendant des mois, il a publié des tas de papiers sur le sujet avec ses collaborateurs, motivant de nombreux instituts de recherche à explorer cette piste… mais personne n’a réussi à obtenir des résultats à la hauteur de ses revendications. La communauté scientifique en a donc conclu qu’il ne s’agissait pas d’une solution thérapeutique valable, et le gouvernement a promptement mis fin à l’usage de cette molécule dans le cadre du Covid.

Une approche très critiquée de la recherche

L’histoire aurait pu s’arrêter là ; après tout, c’est loin d’être la première fois qu’une piste scientifique jugée prometteuse tombe à l’eau. Mais le sulfureux chercheur ne l’entendait pas de cette oreille. Il a continué ses travaux malgré les critiques, toujours avec la méthodologie peu conventionnelle et très libérale qui est devenue sa marque de fabrique. En effet, Raoult est connu pour sa propension à s’affranchir sans scrupules des bonnes pratiques traditionnelles du monde académique.

Et il ne s’est pas contenté de travailler dans l’ombre. En parallèle, il a aussi multiplié les sorties polémiques avec son sens de la formule pas toujours délicat — pour rester poli —, se disant victime d’une véritable chasse aux sorcières. Des propos qui ont alimenté une image de dissident antisystème très séduisante pour une partie de la population ; il est devenu le chef de file de facto du camp antivax et des opposants à la politique du gouvernement.

Cette exposition a motivé d’autres chercheurs à se pencher de plus près sur l’ensemble de ses travaux, y compris ceux qui ne portaient pas sur le Covid… et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas été convaincus par son approche peu conventionnelle. Dans une longue enquête publiée dans la prestigieuse revue Science, ses opposants ont expliqué avoir trouvé des lacunes méthodologiques et violations éthiques flagrantes dans des centaines de papiers.

Un constat qui fait écho à un texte signé en 2023 par de nombreux médecins et chercheurs, qui ont accusé Raoult de s’être livré au « plus grand essai thérapeutique sauvage connu ». Selon Le Figaro, ils lui reprochent notamment « la prescription systématique, aux patients atteints de Covid-19 (…) de médicaments aussi variés que l’hydroxychloroquine, le zinc, l’ivermectine ou l’azithromycine (…) sans bases pharmacologiques solides, et en l’absence de toute preuve d’efficacité ».

Des rétractations en pagaille

Retractation Watch, une plateforme qui documente le retrait de certaines études jugées problématiques, s’est aussi penchée sur le cas du chercheur. Dans son dernier rapport, l’organisation explique que la grande revue scientifique New Microbes and New Infections a émis des « avis de préoccupation » sur pas moins de 101 études directement liées à Didier Raoult. D’autres journaux du groupe PLOS ont fait de même avec 49 autres études qui portaient sur des thématiques variées.

Des chiffres très préoccupants. En effet, ces avis sont des labels qui indiquent aux autres chercheurs qu’il faut prendre les conclusions des études concernées avec des pincettes, car elles pourraient éventuellement être dépubliées après des vérifications plus poussées. Retractation Watch rappelle d’ailleurs que dix études du microbiologiste ont déjà été purement et simplement rétractées à cause de leur méthodologie bancale ou éthiquement discutable.

La chute d’une ancienne sommité

Raoult est évidemment monté au créneau, défendant son approche et affirmant que ses équipes de recherche disposaient de toutes les autorisations nécessaires. Fidèle à sa réputation, il a aussi accusé ses critiques de ne pas comprendre la réglementation française sur la bioéthique et de se livrer à une campagne de cyberharcèlement.

Mais ces protestations ne suffiront pas à faire diversion, et la crédibilité académique de Didier Raoult continue de sombrer. À ce stade, il est difficile d’imaginer que sa carrière pourrait redécoller. Mais il s’agit probablement d’une préoccupation secondaire pour ce chercheur autrefois considéré comme une référence mondiale de la microbiologie, qui est toujours visé par une information judiciaire ouverte en 2022 par le parquet de Marseille pour ses pratiques peu orthodoxes.

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15 commentaires
  1. Comme il le dit chez HANOUNA : ” Que voulez vous qu’ils fassent ? Je m’en fous maintenant,je suis en retraite”
    😂

  2. Débattre avec Raout ou un de ses adeptes c’est comme jouer aux échecs avec un pigeon : il finira toujours par renverser les pièces, chier sur l’échiquier puis tourner le dos et partir en de pavanant comme si il avait gagné…

  3. Les gens ont quand même vite oublié qu’il est tout de même un des meilleurs microbiologiste au monde… c’est loin d’être un pigeon…
    Juste il à proposé une solution pas cher et qui allait à l’encontre des profits des grands labos pharmaceutiques… du coup il ce fait tirer dessus 🤔…

    1. Un truand qui retirait les morts de ses études pour avancer des résultats positifs, qui publiait dans des revues prédatrices, qui refuse le débat et la contradiction de ses pairs mais lorsqu’il est contredit par un journaliste il le rabaisse en disant qu’il ne peut pas le comprendre car lui, il est tellement au-dessus et intelligent… Gros problème d’égo ce Monsieur, du coup impossible pour lui de reconnaître ses torts, et il y en a beaucoup.

    2. Non fab, il n’est pas du tout le meilleur biologiste au monde… il l’a été à une période surtout grace à ses équipes. Ca n’est pas du tout pareil.
      Aujourd’hui, comme il l’indique, il est à la retraite donc il n’est plus biologiste.. et surtout c’est un domaine qui évolue tellement qu’il n’est plus “à jour” sur la pointe du domaine et son évolution. La il profite juste de son ancien statut pour pouvoir dire “nimporte quoi” et les gens crédules l’ont cru.
      D’ailleurs beaucoup de ses études avait deja été décriée avant le covid…

    3. @fab : juste qu’il a propose une solution pas chère, qui ne faisait rien donc laissait mourrir des gens, et qui avait en plus la particularité d etre dangereuse pour d autres, sans compter qu’elle privait ceux qui en avaient besoin pour sa cible reelle de traitement.

      Pour rappel, cette molécule était dangereuse mais avait un rapport danger / soin positif dans le cas du palu ou de maladies bactériennnes particulières.
      Appliquée a un virus, il ne restait que son côté dangereux sans côté de soin, pire elle permettait a ceux l’utilisant de ne plus se protéger et d’en payer le prix

      Donc rien a voir avec les labos. et pour votre info; le monsieur a fait payer aux gens ses soins et leur a finalement coute plus cher que le traitement des labos alors …

    4. microbiologiste spécialisé dans les mimivirus et les bactéries et absolument pas dans les virus de type SARS, cela vous l’avez oublié…

      C est comme dire qu’un spécialiste des éléphants maitrise le sujet des souris car les deux sont des mamifères…

      Quand tous les virologues spécialisés dans le bon type de virus vous disent que vous vous trompez, a un moment, il est temps de se dire qu’on se trompe peut etre a minima un peu…

      Pire votre solution pas chère n’avait même pas été testée avant vente !

      C est donc bien un pigeon (ou plutôt un attrape pigeon qui a fait dépenser inutilement de l’argent avec des pseudos médicaments, et prix de l’argent a l ‘état pour ses recherches bidons).

    5. L’industrie pharmaceutique n’est-elle pas la deuxième industrie mondiale ?… ☝️( $,€,¥, £, … ).
      Comment ce professeur … “ose-t-il” RUINER ses calculs ? 🫣

  4. “ca” solution ? Sérieusement ? Quand on n’est pas capable de distinguer “ça” et “sa”, et qu’on est même pas foutu de l’écrire correctement, je pense qu’il vaut mieux faire profil bas sur les agissements de scientifiques mondialement reconnus…

    1. Ah, un grammarnazée au secours du mad scientist ?
      Pour rappel, même s’il peut y avoir liaison à la lecture orale, l’expression de la négation à l’écrit reste complète : “quand on N’est même pas capable”…

    2. quel rapport entre une faute de français et un raisonnement dangereux .
      Pour votre info, le docteur n’a jamais été mondialement reconnu pour ses découvertes sur le type de virus coronna…
      Sa reconnaissance a été sur les infections bactériennes et les mimivirus… c’est très différent

      ensuite il a agit en tant que chef de service, et de rentabilité et non en infectionlogue

      sans compter l age

      bref je préfère un “ca” d’une personne qui raisonne a une personne qui n’est pas foutu de creuser un sujet et de voir qu’on peut être prix nobel d un truc et de ne rien comprendre a un autre truc

  5. Ces tentatives des MEDIAS de nuire à sa réputation à tout prix me semblent un peu exagérées.
    Maintenant sérieusement : qui a ordonné son humiliation ?

  6. Allez,… ce n’est pas vraiment comme ça…😄
    Les spécialistes d’un domaine (comme celui du biomédical , dans ce cas), étudient également les interactions et les effets que ces minuscules “créatures”, (microbes) ou bactéries, ont avec l’environnement dans lequel ils peuvent coexister, les effets, les influences sur qu’ils peuvent avoir sur l’environnement dans lequel ils vivent et dans la même mesure les recours contre eux s’ils s’avèrent avoir des effets néfastes.
    On ne peut pas parler de spécialiste si l’étude des microbes se limite à la seule étude de “la cellule”.
    (Car le microbe est un “organisme”… unicellulaire). ☝️😁

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