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On a posé quelques questions à Arthur de Pins et Alexis Ducord, co-réalisateurs de Zombillénium

Aujourd’hui, c’est le grand jour pour Arthur de Pins, Alexis Ducord et toute l’équipe du film Zombillénium. En effet, le long-métrage d’animation tiré de la bande…

Aujourd’hui, c’est le grand jour pour Arthur de Pins, Alexis Ducord et toute l’équipe du film Zombillénium. En effet, le long-métrage d’animation tiré de la bande dessinée éponyme sort enfin dans les salles obscures. Pour l’occasion, nous sommes allés poser quelques questions aux deux co-réalisateurs, notamment sur les enjeux de l’adaptation d’un univers BD au cinéma.

Est-ce que cela a été un défi d’adapter l’univers de Zombillénium de la bande dessinée au grand écran ?

Arthur : Que l’univers soit transposable au cinéma, c’était pour nous une évidence, et ce même depuis la BD. Pour ce qui est de l’adaptation graphique, on voulait que ce soit le plus fidèle possible à la BD. Paradoxalement, on a utilisé la 3D, car si on avait opté pour la 2D, il aurait fallu tout réinterpréter et redessiner. Cela a été certes un gros boulot technique pour obtenir ce style, mais on n’a pas eu à se poser quarante mille questions.

Ce qui était plus balaise en revanche, c’était l’écriture. On s’est dit : « Qu’est-ce qu’on va raconter ? » Au début, on était parti du tome 1 (Zombillénium : Gretchen, chez Dupuis) mais c’était idiot, car on ne voulait pas raconter la même histoire, parce que cela ne servait pas à grand-chose et surtout ce n’est pas le même format, ni la même durée. Et il a fallu faire des choix. Notamment celui de remplacer le héros. Aurélien ne collait pas du tout au scénario du film. Du coup on l’a supprimé tout en gardant les autres personnages. Il a été remplacé par Hector dont la personnalité et les problématiques ont été modelés par les besoins du scénario du film.

Dans le film, il y a une dimension sociale évidente. Était-elle voulue dès le départ ou est-elle apparue au cours de l’écriture ?

Arthur : Elle était voulue dès le début, puisqu’elle est déjà présente dans la bande dessinée. Pour moi, c’est indispensable. J’adore les monstres, mais raconter juste une histoire de monstres qui pourchassent des humains pour les bouffer, ça ne m’intéressait pas des masses. Je trouvais ça amusant de me servir des monstres pour bâtir une fable sociale. En revanche, avec le film, on a beaucoup plus accentué cette dimension sociale que dans la BD.

On le voit avec l’opposition entre les vampires, qui possèdent les meilleurs postes, et les zombies qui sont plutôt les travailleurs en bas de la chaîne. Je pense que pour écrire un scénario de film, il ne faut pas qu’il y ait trop d’ambiguïtés, trop de nuances. Il y a déjà l’histoire qui est complexe, et pour que les gens la suivent, il faut que dès le début ils comprennent les enjeux. D’où un contraste plus fort que dans la BD entre les classes de monstres.

Alexis : Même pour le scénario c’est vite devenu évident, parce qu’il fallait que le parc de Zombillénium vive. Pour parler du parc, il faut lui donner une trajectoire. Il est devenu comme un personnage à part entière qui vit des hauts et des bas. Dans le cas de Zombillénium, il subit une baisse de fréquentation, il risque de fermer, ce qui induit des problèmes sociaux avec les salariés, pour arriver enfin à une manifestation de zombies. Ils sortent de terre en levant le poing ce qui donne une image ultra-cool.

Comme vous êtes repartis de zéro pour le film, est-ce qu’il y aura deux univers Zombillénium, un pour la BD et l’autre pour le cinéma, ou est-ce qu’à l’avenir on verra une symbiose entre les deux ?

Arthur : Normalement, ils ne sont pas incompatibles. Personnellement, je pense que le film peut être tout à fait antérieur à la bande dessinée. D’ailleurs dans le tome 4 (en cours de préparation, ndlr) je vais réutiliser l’un des personnages du film. En réalité, il s’agit moins de deux univers différents que de deux héros différents, même s’ils partagent plusieurs similitudes. Est-ce qu’on fera la jonction entre les deux ? Honnêtement, il est encore trop tôt pour le dire.

Une chose est sûre en tout cas, lorsque l’on a fait le film, on ne s’est pas soucié de la bande dessinée. On en a même profité pour prendre quelques libertés, voire arranger certains trucs, comme les origines du parc par exemple. Dans la BD, il s’agit d’un ancien cimetière alors que dans le film, c’est une ancienne mine. Lors de nos repérages photo, on a été impressionné par deux tours qui surplombaient deux puits de mine et on a pensé « c’est incroyable, on dirait Zombillénium ». Cela nous a permis de créer une mini-mythologie derrière le parc, avec des zombies qui sont en réalité d’anciens mineurs tués dans l’éboulement de leur mine.

Alexis : L’idée ce n’est pas tant de faire deux univers différents, mais d’étendre l’univers existant avec des personnages en plus à différents moments de l’histoire du parc.

Pourquoi le choix du Nord de la France comme décor pour Zombillénium ?

Arthur : C’est l’identité même de Zombillénium. D’ailleurs avant de travailler avec Henri Magalon, notre producteur, nous avons eu une proposition de la part d’Américains qui voulaient transposer le parc à Détroit, mais ce ne m’intéressait pas. Pour moi, Zombillénium c’est le Nord minier, ce sont les vestiges de la révolution industrielle. En plus le Nord abrite beaucoup de parcs d’attractions. Et esthétiquement, l’horizon plat permet de faire surgir le parc au loin ce qui lui donne une dimension plus imposante.

Comment en êtes-vous venu à collaborer sur ce film ?

Alexis : Avec Arthur, on se connait depuis une quinzaine d’années. On avait fait nos courts-métrages de fin d’études en même temps, qui étaient présentés dans le même festival, et on s’est rencontré là-bas. Du coup on se suit depuis longtemps, de temps à autres je lui montrais mon travail, lui me donnait un aperçu de sa BD. Et un jour, il m’a fait lire une des versions du scénario de Zombillénium, de mon côté je lui avais fait 2-3 pages de ce que je pensais du scénario. Et rapidement, il m’a proposé de participer à la réalisation du film.

Arthur : (rire) C’est hyper concis, mais c’est ça.

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