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Cinq films méconnus adaptés de l’œuvre de Stephen King

Avec environ cinquante romans et plus de deux cents nouvelles, Stephen King à fait le bonheur des réalisateurs, qui n’ont pas toujours respecté son œuvre. Mais au-delà des très grands films, quelques adaptations valent sérieusement le coup d’œil.

Stephen King est un des auteurs américains les plus prolifiques du XXe siècle. Considéré comme un des maîtres de la littérature horrifique, au côté de Lovecraft ou Clive Barker, il a écoulé plus de 350 millions d’exemplaires dans le monde. Un succès phénoménal qui a sans cesse attisé l’intérêt des studios de cinéma et de télévision.

C’est ainsi que de nombreuses adaptations ont vu le jour, reprenant avec plus ou moins de talent l’univers de l’écrivain. Et si certaines d’entre elles sont clairement ratées, il est également arrivé que de grands réalisateurs réalisent des véritables chefs-d’œuvre du genre. Une bonne partie de ces films sont d’ailleurs toujours considérés aujourd’hui comme des références.

On pense évidemment à Shining dirigé par le génial Stanley Kubrick, qui montra ici son incroyable capacité à naviguer entre les genres en livrant un film qui dérange encore aujourd’hui.

D’autres collègues renommés comme Brian de Palma (Carrie), George A. Romero (Creepshow) ou encore John Carpenter (Christine) lui livreront de vibrants hommages. Des films rentrés dans la culture populaire, qui ont heureusement fait oublier les nombreuses œuvres ratées ou opportunistes, tentant de capitaliser sur le simple nom de King.

Cependant, parmi la masse de longs-métrages moins connus, certains se détachent et arrivent à retranscrire l’atmosphère si particulière de l’américain, sans toujours être absolument fidèles au papier. L’occasion de découvrir des films moins médiatisés ou peut-être trop anciens pour les plus jeunes spectateurs. Un bon moyen de constater que l’écrivain s’est aussi aventuré vers le fantastique, le drame voire le roman policier.

[nextpage title=”Du livre au film, il n’y a qu’un pas”]

I / The Mist

Adaptation d’une excellente nouvelle de King (Brumes), The Mist est un film qui se sert de l’angoisse comme d’un véritable vecteur de réflexion. On y découvre un groupe d’américains moyens piégés dans un supermarché par une brume mystérieuse, qui renferme des créatures particulièrement dangereuses. Mais alors que chacun cherche un moyen de s’en sortir, l’équilibre entre les caractères et les croyances de chacun vacille. Et si cette étrange fumée n’était finalement pas l’élément le plus dangereux ?

Malgré des effets spéciaux un peu datés pour 2007, ce film aux allures de série B propose une critique assez acerbe de l’Amérique puritaine, baignant dans une atmosphère angoissante. C’est également une parabole assez fine sur la folie des hommes, qui se payent le luxe d’une bonne interprétation. Frank Darabont n’atteint pas l’émotion de La Ligne Verte ou The Majestic, mais son œuvre vaut tout de même le détour.

II / Dead Zone

Sorti il y a maintenant trente-cinq ans, Dead Zone est un film souvent oublié face aux autres ténors bien qu’il ait tout de même rencontré le succès à l’époque. Trois ans avant que La Mouche ne sorte en salle (et la même année que Videodrome !), David Cronenberg montrait déjà l’étendue de son talent grâce à ce long-métrage qui lui a permis de plonger dans le grand bain d’Hollywood.

Après un coma de cinq ans, Johnny Smith se rend compte que le passé et le futur ne font qu’un. Il peut ainsi prédire l’avenir en touchant les gens. Mais ce qu’il s’apprête à voir chez certains ne le rassure pas…

Porté par un Christopher Walken (une nouvelle fois) impeccable, Dead Zone n’est pas qu’un simple film d’angoisse. Il joue également avec les peurs profondes de l’Amérique, qui sort doucement d’une Guerre Froide qui a marqué les esprits. Martin Sheen y incarne un antagoniste de choix en la figure d’un politique avide de pouvoir et de domination mondiale. L’occasion de constater que l’œuvre a conservé une brûlante actualité.

III / Stand by Me

Inspiré de la nouvelle Le Corps, Stand by Me pioche dans Différentes Saisons, un recueil de King qui se distingue par l’absence d’élément paranormal ou horrifique. Ce récit initiatique sur l’adolescence nous glisse dans la peau de quatre garçons animés par le désir d’être célèbres et de passer dans les journaux. Après avoir entendu la rumeur de la mort d’un jeune enfant, ces derniers se lancent à la recherche de son cadavre et décident de suivre un chemin de fer qui traverse l’Oregon pour retrouver sa trace.

Ils se lancent alors dans une aventure dangereuse, à laquelle ils n’étaient pas préparés. Rob Reiner, qui s’est par la suite illustré sur le thème de l’angoisse avec l’excellent Misery (inspiré de King également) aborde ici la jeunesse avec beaucoup de tendresse. Il faut dire que cette odyssée est portée par un quatuor de jeunes acteurs talentueux, qui étonnent par leur spontanéité. C’est aussi le film qui a permis au défunt River Phoenix (frère de Joaquin) de percer au cinéma. Une belle surprise.

IV / Un Élève Doué

Après avoir connu un succès éclair avec Usual Suspects, Bryan Singer s’est penché sur un sujet qui l’a toujours intéressé : le nazisme. C’est ainsi qu’est née cette adaptation édulcorée d’une œuvre assez sombre de King, qui est restée plutôt confidentielle dans la carrière du réalisateur.

Passionné par l’histoire de l’Holocauste, le jeune Todd Bowden découvre que son voisin Arthur Denkker est en fait un ancien directeur de camp de concentration nommé Kurt Dussander. Il décide alors de le faire chanter pour que ce dernier lui raconte les sévices qu’il a fait subir à ses victimes. Cette fascination morbide va se retourner contre lui lorsque son interlocuteur, dont les réflexes de bourreau reviennent petit à petit, décide de reprendre le contrôle de la relation.

Ian McKellen et Brad Renfro se livrent un duel qu’on prend plaisir à suivre, et qui vaut beaucoup pour la justesse de leur interprétation. Même si le dernier tiers peut paraitre convenu, le film tisse une intéressante réflexion sur la violence et l’intérêt qu’elle suscite depuis toujours. Singer arrive ainsi à instaurer un malaise qui constitue, malgré certains défauts de jeunesse, l’élément principal du film. Une œuvre qui avait divisé la critique à l’époque, mais qui ne laisse décidément pas indifférent.

V / Dolores Clairborne

Si Kathy Bates s’est illustré brillamment grâce au rôle de la terrifiante Annie Wilkes dans Misery (qui lui vaudra un Oscar), elle se démarque également dans une autre adaptation de l’écrivain : Dolores Clairborne. Ce film de Taylor Hackford explore une nouvelle fois un pan peu connu de la littérature de King, mélange de drame social et de thriller policier. Accusée à tort d’avoir tué la femme riche et méprisante dont elle s’occupait, Dolores Clairborne se défend face aux enquêteurs en racontant l’histoire de son propre calvaire. Enfance difficile, mari violent, accident malencontreux… Comment démêler le vrai du faux ? Ce qui est sûr c’est que le détective ne croit pas tout ce qu’il entend.

Bien que la réalisation de Hackford soit d’un académisme presque terne, son film est plus original dans la narration. Bates trouve un écho convaincant en la présence de Jennifer Jason Leigh, qui incarne sa fille devenue dépressive, détentrice d’une autre vérité. Sans sortir des sentiers assez balisés du thriller, le film distille les informations avec parcimonie et maintient le spectateur en éveil. On choisit un coupable puis l’on change d’avis… sans être vraiment sur. Le ton est juste et nous fait réfléchir sur notre propension à rapidement juger autrui. Un film qui gagnerait à être connu.

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