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V-max : la France vient de tester son premier planeur hypersonique

Ce test ouvre la voie à une deuxième version qui permettra à l’État de développer une nouvelle génération d’armes hypersonique s’il l’estime nécessaire.

D’après un communiqué de la Direction générale de l’Armement cité par plusieurs médias tels que le Figaro, notre pays vient de s’installer dans un club très fermé : la France est devenue la cinquième nation au monde à réussir le test d’un planeur hypersonique (ou HGV, pour Hypersonc Glide Vehicle).

L’engin, baptisé V-Max, est développé par ArianeGroup en collaboration avec l’Onera. Il a été testé pour la première fois ce lundi dans le sud-ouest du pays. Le succès de l’opération a été confirmé par la DGA le lendemain. Il s’agit d’un grand pas en avant pour cette technologie militaire de pointe. Ce succès permettra à l’Hexagone de rester à la pointe de l’industrie militaire, dans un contexte de tensions géopolitiques considérables.

Un engin ultrarapide et quasiment insaisissable

Ce planeur hypersonique est un engin déployé grâce à un missile intercontinental, c’est-à-dire avec une portée supérieure à 5 500 km. Comme son nom l’indique, il est capable de voler au-delà de Mach 5, soit cinq fois la vitesse du son dans l’air. Sa particularité, c’est qu’il ne s’agit pas d’un engin balistique à proprement parler. Ces planeurs suivent une trajectoire différente des ICBM classiques.

Au lieu de s’élever à quelques centaines de kilomètres avant de plonger droit vers leur cible, ils sont capables de réaliser des manœuvres complexes en cours de route. Très vulgairement, ils exploitent les propriétés physiques des différentes couches de l’atmosphère pour monter et redescendre à loisir. Selon Challenges, on parle de « rebonds atmosphériques ».

L’intérêt, c’est que cela complique énormément la tâche des systèmes de défense antimissiles comme le fameux Patriot américain. En règle générale, ces derniers calculent la vitesse et la position d’un missile à un instant T de façon à pouvoir l’intercepter avant l’impact.

Cette approche prédictive fonctionne très bien lorsque l’objet suit une trajectoire purement balistique. En revanche, ça ne permet pas de détruire des armes capables d’adapter leur trajectoire en temps réel. Ces équipements disposent donc d’un potentiel destructeur très important. En théorie, ils pourraient transpercer la majorité des systèmes de défense qui existent actuellement.

Où se situe la France par rapport aux autres grandes puissances ?

Étant donné l’importance stratégique de ces technologies, la communication des États à ce sujet est souvent assez floue. Il est assez difficile de savoir exactement où en sont les grands programmes.

Par exemple, la Russie a longtemps revendiqué fièrement sa maîtrise du vol hypersonique. Mais comme le souligne Thomas Schumacher, analyste en stratégie et défense interviewé par La Dépêche, les récentes évolutions de la guerre en Ukraine ont montré qu’il ne fallait pas forcément prendre ces affirmations au pied de la lettre.

Même constat du côté de la Chine. Il est de notoriété publique que le pays de Xi Jinping est très impliqué dans le développement de cette technologie,  comme le montre la construction récente d’une soufflerie spécialisée.

Ce qui est certain, c’est que ces armes hypersoniques constituent une priorité pour les grandes puissances militaires mondiales. Elles y voient notamment d’excellents moyens de dissuasion.

À l’heure actuelle, seule la Russie, et la Chine dans une moindre mesure, revendiquent déjà des armes hypersoniques opérationnelles. Le reste du monde tente de rattraper son retard. Les États-Unis, et éventuellement l’Inde et la Corée du Nord leur emboîtent le pas. Tous ces pays disposent aujourd’hui d’ équipements déjà relativement avancés, mais pas encore matures. D’autres pays, comme le Japon, ont aussi lancé des programmes de ce type (voir cet article). Mais ils n’ont pas encore produit de résultats concrets.

Avec le test réussi du V-max, la France est donc bien placée pour verrouiller sa place dans le peloton de tête. Avec tout ce que cela implique aux niveaux stratégiques et diplomatiques. Et ce n’est qu’un début.

Le V-max sera suivi par un second démonstrateur, sobrement baptisé V-max 2. Dans un compte-rendu d’une audience de la Commission de la défense nationale et des forces armées publié sur le site de l’Assemblée nationale, Charles-Henri du Ché, conseiller Défense d’ArianeGroup, a indiqué que ce successeur pourrait arriver assez rapidement, entre 2024 et 2025.

Si le V-max 2 répond aux attentes de l’Onera et de la DGA, la France disposera alors d’une expertise considérable sur la technologie hypersonique. Le gouvernement pourra alors décider d’en rester là pour le moment… ou de passer directement à la phase concrète, à savoir la production de véritables équipements militaires opérationnels. « Il appartiendra alors à l’État-major des armées d’exprimer ou non des besoins de déclinaison en systèmes d’armes », conclut du Ché.

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Source : Le Figaro

2 commentaires
  1. “Mais comme le souligne Thomas Schumacher, analyste en stratégie et défense interviewé par La Dépêche, les récentes évolutions de la guerre en Ukraine ont montré qu’il ne fallait pas forcément prendre ces affirmations au pied de la lettre”
    Heureusement que les déclarations de vos soit-disant experts s’arrêtent à nos frontières. Tout est bon pour se convaincre dans cette guerre que l’occident a déjà perdu, alors que ces armes n’ont aucun intérêt contre un pays comme l’Ukraine mais plutôt leur but c’est d’atteindre des porte-avions et des bases de missiles balistiques.

  2. Il serait peut être bien d’en avoir deux ou 3 de coté. Bon dans la guerre d’Ukraine cela ne sert à rien mais le monde n’est pas à l’abris d’une autre guerre. Cela dit je préférerais qu’on présente des projets de défense plutôt que d’attaque, l’attaque d’une manière ou d’une autre c’est synonyme de boucherie, de charpie et quand on voit le nombre de pertes côtés Ukrainien et Russes bah j’ai juste envie de saluer les familles peu importe leurs convictions.

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