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Prise en main du Huawei Mate 10 Pro : le premier smartphone intelligent ?

Huawei, comme tous les autres principaux constructeurs de smartphones Android vient tout juste d’annoncer sa deuxième fournée de smartphones haut de gamme de l’année. Après des P10 et P10 Plus très réussis, place désormais à la gamme Mate. Si Huawei a présenté deux Mate 10 (le Mate 10 et le Mate 10 Pro), seul le Mate 10 Pro sera disponible en France. Nous avons pu le prendre en main il y a quelques semaines à Londres. Voici nos premières impressions.

Chez Huawei, les deux smartphones haut de gamme proposés chaque année sont très différents. La gamme P est une gamme de smartphones relativement classique qui met l’accent sur le design et la photo alors que la gamme Mate est plus orientée vers la productivité du fait de son (très) grand écran et de sa batterie.

Le Mate 10 Pro passe au format 18:9

Pour la première fois sur un appareil Huawei, le Mate 10 Pro propose un grand écran de 6 pouces au ratio 18:9, similaire à ce que l’on trouve sur le Galaxy S8 ou le LG G6. Si l’on s’en tient à la façade, ce Mate 10 Pro ressemble d’ailleurs beaucoup au smartphone de LG : les bordures d’écrans latérales sont encore présentes, mais elles sont réduites au minimum. Et comme chez la concurrence, le capteur d’empreinte digitale a été placé au dos de l’appareil, faute de place en façade. À noter que si l’écran fait bien 6 pouces, le téléphone possède un gabarit de smartphone de 5,5 pouces.

Ce qui est le plus étonnant avec ce Mate 10 Pro, c’est finalement le fait que son design général n’ait plus grand-chose à voir avec les anciens appareils de la gamme. Exit le format un peu massif, trapu, du Mate 9, l’écran 18:9 confère à ce Mate 10 Pro une silhouette plus longiligne, plus fine et finalement plus élégante. On m’aurait mis ce téléphone dans les mains sans me dire qu’il s’agissait d’un Mate, j’aurai sûrement dit qu’il s’agissait d’un Huawei P11.

Il faut d’ailleurs louer le travail des designers et concepteurs de l’appareil, qui sont parvenus à caser une grosse batterie de 4000 mAh dans les 7,9 mm d’épaisseur du téléphone. Un mot pour terminer sur la coque de l’appareil : cette dernière est en verre, elle est légèrement bombée pour mieux tenir en main et l’on peut voir les deux capteurs photo ressortir chacun légèrement de la coque. Esthétiquement, c’est d’ailleurs plutôt réussi, Huawei a en effet ajouté une fine bande horizontale sur le capteur, du meilleur effet.

Quant aux tranches en métal, il n’y a pas grand-chose à dire : on y trouve les boutons physiques, les haut-parleurs ainsi qu’un port USB Type-C. À noter également : le Mate 10 Pro est étanche à l’eau (IP 67). Deux coloris seront disponibles en France : bleu et gris, tandis que le reste du monde aura droit à deux modèles supplémentaires : rose et marron.

Le premier smartphone Dual LTE du marché

Pour son Mate 10 Pro, Huawei a évidemment préparé une fiche technique très haut de gamme. La marque chinoise a ainsi opté pour un écran AMOLED de définition Full HD+ (2160 × 1080 pixels). Un très bel écran doté de très belles couleurs et qui supporte la technologie HDR10. Mon seul petit reproche le concernant, c’est que sur les versions du téléphone dotées de coloris clairs, on peut apercevoir un fin cadre noir autour de l’écran qui vient un peu gâcher l’ensemble. Un détail.

Le reste de la fiche technique est quant à elle luxueuse. Le Mate 10 Pro dispose de 6 Go de RAM, 128 Go de mémoire interne mais d’aucun port micro-SD. Quelques nouveautés intéressantes viennent également se cacher. Le nouveau téléphone de Huawei est ainsi capable d’embarquer deux cartes SIM et, surprise, il est le premier à proposer du Dual LTE (mais aussi du Dual VoLTE). En d’autres termes, il sera possible de capter la 4G des deux cartes SIM insérées dans les téléphones ! C’est une première pour le marché français. La seule limitation de cette nouveauté, c’est que la carte SIM principale pourra capter de la 4G+ alors que la seconde devra se contenter de la 4G classique.

Le Galaxy S8 Plus à gauche, le Huawei Mate 10 Pro, à droite.

À noter également que le Mate 10 Pro est un appareil de catégorie 18, capable de débit théorique de 1,2 Gbps en download grâce à l’agrégation de 5 bandes de fréquence différentes. Aucun opérateur ne le propose pour l’instant, mais le Mate 10 Pro se veut un smartphone « future-ready ».

Un mot enfin sur le double capteur photo du Mate 10 Pro. Il s’agit globalement des mêmes capteurs photo que l’on trouvait déjà sur le Huawei P10 et ils ont été conçus en partenariat avec Leica. Le premier est un capteur couleur RGB de 20 MP (avec stabilisation optique) tandis que le second est un capteur noir et blanc de 8 MP. Les deux capteurs disposent d’ailleurs d’une belle ouverture de f/1.6. Mais si techniquement, les changements sont mineurs, ces deux capteurs photo vont bénéficier pour la première de l’assistance d’une intelligence artificielle (on y revient).

[nextpage title=”Un smartphone tourné vers l’Intelligence Artificielle”]

La seconde grosse nouveauté de ces téléphones, c’est qu’ils embarquent tous deux un nouveau SoC : le Kirin 970. Je ne vais pas vous barber avec les détails techniques purs le concernant. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il s’agit d’un des SoC mobiles les plus puissants du moment qui comprend un CPU (4 × A73 @ 2,36 GHz +4 × A53 @ 1,8 Ghz), un GPU (Mali G72 MP12 à 12 cœurs) et pour la première fois un NPU, pour Neural-Network Processing Unit. Concrètement, ce NPU va permettre de rendre les Intelligences Artificielles (l’IA) des applications embarquées sur le téléphone plus performantes.

Le Kirin 970, la star cachée de ces nouveaux smartphones

Cet ajout sur le SoC possède plusieurs avantages. Il est capable, par exemple, de reconnaître bien plus rapidement les objets présents sur une image qu’un CPU, jusqu’à 25 fois plus rapidement qu’un CPU classique. Ce processeur a également l’avantage de consommer moins d’énergie sur des tâches liées à une IA et surtout peut prendre efficacement le relais d’une IA qui tourne sur des serveurs, dans le Cloud.

Huawei en est persuadé, c’est sur l’IA que vont s’appuyer les prochaines générations de smartphones. En développant un composant qui lui est dédié, le constructeur s’assure de prendre de l’avance sur la concurrence et de supporter plus facilement les premières applications des développeurs tiers. À ce titre, il a déjà prévu des API pour que les développeurs tiers puissent tirer parti de ce NPU, grâce au framework TensorFlow et TensorFlow Lite de Google ou Caffe et Caffe 2 de Facebook. Le Mate 10 Pro embarque d’ailleurs quelques fonctionnalités et applications qui tirent parti de ce NPU.

L’appareil photo, le principal bénéficiaire du NPU du Mate 10

Il s’agit pour l’instant d’applications relativement discrètes. Pas question de reconnaissance du visage ou d’applications en réalité augmentée spectaculaire comme on a pu le voir sur l’iPhone X. L’un des domaines dans lequel excelle le Mate 10 est la reconnaissance d’image. L’une des premières applications concrètes de l’intégration de l’IA au sein du Mate 10 concerne par exemple l’appareil photo. Grâce au NPU, l’application de l’appareil photo est capable de reconnaître automatiquement jusqu’à 14 scénarios ou types d’objets. Scènes de nuit, de jour, photo en mouvement, animaux ou plantes, lorsque l’appareil photo reconnaît un objet ou une situation en particulier, il va automatiquement appliquer les meilleurs réglages afin de rendre la photo aussi nette, colorée et belle que possible.

Pour l’avoir essayé durant quelques minutes, force est de constater que la reconnaissance des objets automatiques présents dans l’environnement est assez impressionnante. Montrez un visage à l’appareil photo et une icône visage va automatiquement s’afficher sur l’application photo et appliquer automatiquement des préréglages pour réussir le meilleur portrait possible. Cet appareil photo est capable de reconnaître une quinzaine d’objets et de situation différente : plantes, fleur, animaux, mouvement, scènes de nuit, nourriture, etc. Pour ceux à qui ces préréglages ne plairaient pas, il est tout à fait possible de désactiver cette IA.

De la traduction de texte automatique, sans connexion à Internet

Par appareil supportant les IA, Huawei n’entend d’ailleurs pas y intégrer un quelconque assistant virtuel, Google Asssistant faisant très bien le boulot de base. Il s’agit plutôt de supporter du mieux possible les IA intégrées au sein de diverses applications ou fonctionnalités. Le Mate 10 Pro embarquera donc de base une application de traduction conçue par Microsoft capable de tirer parti du NPU et d’afficher en temps réel la traduction de texte présente sur une image, un panneau, un livre. Une opération qui nécessite une connexion Internet pour Google Traduction ou une sélection précise des zones dans son mode hors-ligne.

Microsoft Translator est l’une des applications tirant parti du NPU du Mate 10 Pro.
L’application permet de traduire à la volée et automatiquement des textes, sans avoir besoin de connexion à Internet.

De la même façon, Huawei a intégré plusieurs IA directement au sein du téléphone. Comme pour le Mate 9, l’une d’entre elles sera capable d’apprendre des habitudes de l’utilisateur afin d’optimiser du mieux possible la batterie de son téléphone. Elle sera donc capable de savoir qu’en semaine il est nécessaire d’allouer plus de puissance le matin et le soir quand le téléphone est utilisé dans les transports en commun et moins durant la journée ou le week-end. Une autre permettra d’améliorer la qualité des photos affichées sur les réseaux sociaux, généralement très compressées et de qualité médiocre. Pas question de parler à son téléphone, comme dans le film Her, mais plutôt d’améliorer discrètement et sensiblement le confort de l’utilisateur, mais aussi de permettre au téléphone de conserver sa puissance, même après plusieurs mois d’utilisation.

Est-ce que ces fonctionnalités sont vraiment convaincantes et vont changer la vie de l’utilisateur du jour au lendemain ? Ce n’est pas vraiment l’objectif de Huawei. Pour le constructeur chinois, le but est d’anticiper l’arrivée des applications qui intégreront des IA. Ces dernières sont pour l’instant plutôt rares, mais Huawei est persuadé qu’elles arriveront massivement bientôt… avec le risque de présenter un appareil peut-être un peu trop précurseur et qui pourrait essuyer les plâtres. Pour avoir discuté avec des représentants de Huawei, ces derniers reconnaissent qu’il s’agit d’un pari. Mais ils sont persuadés dans le même temps que l’arrivée prochaine de Google et Facebook dans ce domaine va changer la donne.

EMUI passe à la version 8, tout comme Android

Ces nouveaux Mate 10 sont également l’occasion pour Huawei de présenter une nouvelle d’EMUI, son interface maison placée au-dessus d’Android. Cette dernière passe à la version 8, afin d’être en adéquation avec la version d’Android (Oreo, évidemment). Sur le fond, EMUI change peu : on retrouve toujours la même interface sans tiroir d’application, avec un menu des paramètres simple et une barre de notification riche. Outre les fonctionnalités liées à l’IA, Huawei s’est concentré sur l’adaptation de cette interface aux grands écrans ainsi que sur la productivité.

On en retiendra deux choses. La première c’est que EMUI va tirer parti des grands écrans de ces deux smartphones. Lorsqu’une application est affichée en mode paysage et qu’apparaît une notification (d’une messagerie, par exemple), EMUI va alors proposer de diviser l’écran en deux et afficher sur la droite l’application de chat en question.

La deuxième, c’est la possibilité de brancher son smartphone à un moniteur et afin d’afficher une interface « PC », exactement comme le proposait Samsung avec son Galaxy S8 et le DeX. À une différence près ici, il suffit d’un simple câble USB type-C ou USB Type-C vers HDMI, sans boitier annexe pour afficher cette fameuse interface. Une fois branché, les applications installées sur le téléphone seront affichées en (plus ou moins) grand écran et l’interface disposera d’une barre des tâches pour mieux gérer les fenêtres. Bien vu !

Prix et disponibilité

Le Mate 10 Pro sera disponible dès novembre prochain, au prix de 799 euros. Deux coloris seront disponibles : bleu ou gris. Un appareil intéressant à plus d’un titre et qui ressemble désormais plus à un smartphone très haut de gamme qu’à une phablette de plus.

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1 commentaire
  1. Beaucoup trop cher…800€ pour un smartphone aujourd’hui ce n’est plus possible. Ca ne vaut pas son prix du tout. N’importe quel smartphone ne mérite pas plus de 500€, le reste c’est directement dans la poche (marge de malade)!

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