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Des chercheurs ont retracé le chemin du stress dans notre cerveau

Si la mécanique neurophysiologique du stress est bien connue chez les animaux, elle restait plus floue chez l’être humain. Des chercheurs de l’université de Yale sont parvenus à décrire la suite des activations des régions cérébrales correspondant à une situation de stress.

Crédits : geralt / Pixabay.

Ces temps-ci – plus encore semble-t-il qu’à n’importe quel moment de notre histoire moderne – le stress abonde dans nos vies. De l’angoisse d’être infecté par le COVID-19 à la solitude du confinement, cette crise sanitaire, en particulier, ne fait que l’alimenter davantage. S’il a été de nombreuses fois décrit d’un point de vue psychologique, le stress reste assez méconnu en neurologie. Les neurologues savent seulement que, chez les animaux, le stress ou les menaces envers leur survie activent des régions cérébrales comme l’hypothalamus qui induit la sécrétion d’hormones stéroïdiennes appelées glucocorticoïdes. Ces dernières permettent d’estimer l’ampleur du stress. Mais chez l’être humain, avec son cerveau complexe et sa psyché, il était difficile d’établir un processus neurologique équivalent, jusqu’à aujourd’hui. Des chercheurs de l’université de Yale viennent en effet de publier une étude dans Nature Communications qui détaille le chemin exact du stress dans notre cerveau.

Pour le découvrir, ils ont observé l’activité électrique du cerveau de 60 volontaires en bonne santé, placés chacun leur tour dans une machine à imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (fMRI). Ceux-ci avaient pour mission de regarder des images troublantes et dérangeantes – d’un chien qui grogne à un visage mutilé, en passant par des toilettes sales – et d’exprimer à quel point ces dernières les stressaient. Les neuroscientifiques se sont aperçus que l’activité cérébrale des volontaires avait pour point commun de suivre et d’alterner entre deux chemins neuronaux en moment de stress. D’une part, l’apparition d’une situation de stress (matérialisée ici par une image) se traduisait par une activité accrue dans l’hippocampe, région qui régule les émotions mais aussi la mémoire. Celle-ci précédait l’activation plus ou moins simultanée de l’hypothalamus, du cortex parahippocampique puis du gyrus temporal inférieur. Plus le stress exprimé était intense et plus l’activité électrique dans ces régions du cerveau était prononcée. Cette réaction en chaînes alternait néanmoins avec un autre chemin neuronal qui débutait lui aussi par l’activation de l’hippocampe. Ce dernier était alors suivi par le cortex préfrontal dorsolatéral, le gyrus postcentral et même le cervelet. Plus ce chemin était sollicité dans le cerveau, moins le volontaire se sentait stressé. Selon les scientifiques, cette boucle permettrait de réduire le stress au moment où il se manifeste afin d’atténuer au mieux son influence sur notre cerveau. Cependant, d’après eux, chez les personnes victimes d’anxiété chronique, la connexion entre hippocampe et cortex frontal serait défectueuse. Elles pourraient donc avoir effectivement plus de difficultés à réguler leur stress que les autres.

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2 commentaires
  1. Hello! Quelques petites précisions d’un neuroscientifique. Avec l’IRM fonctionnel, on mesure le signal BOLD (Blood Oxygen Level Dependent), c’est à dire la variation locale d’oxygène dans le sang pour simplifier. Voila donc on parle d’activations cérébrales mais en réalité on mesure cela indirectement en suivant la consommation locale d’oxygène. L’activité électrique est mesurée avec l’EEG, une technique qui n’a pas été utilisé dans cet article. Ici ils se sont intéressés à la connectivité cérébrale, c’est à dire à quel point les activations de différentes régions sont synchronisées au cours d’une tâche ou du repos. Bonne journée!

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