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Le premier vaccin comestible en cours d’essai clinique

Grâce à du riz génétiquement modifié, des chercheurs japonais viennent ont conçu un vaccin comestible contre le choléra. Et si nous nous vaccinions bientôt via notre nourriture ?

Le choléra est une maladie tristement célèbre qui se caractérise par des diarrhées infectieuses extrêmement abondantes. En l’absence de thérapie de réhydratation complète, elle est mortelle dans plus de 50% des cas.

Pour lutter contre, il existe déjà des vaccins sur le marché. Mais des chercheurs japonais des universités de Tokyo et Chiba viennent d’en produire un nouveau, assez révolutionnaire : il est produit par et contenu dans du riz et se mange ! Une première.

Un vrai vaccin, mais sans aiguille

Le concept date déjà de 1900, mais jusqu’à présent, les tentatives pour produire un vaccin comestible étaient soient infructueuses, soit trop bancales; ce végétal génétiquement modifié, baptisé MucoRice, vient de passer avec succès la première phase de son essai clinique. Il est capable de produire de la toxine cholérique B (TCB); habituellement, ce composé est produit par Vibrio cholerae, la bactérie responsable du choléra. A une différence près, cependant : la TCB produite par le MucoRice est complètement inoffensive.

© Dr. Hiroshi Kiyono

Ensuite, rien de plus simple : il suffit de consommer son riz. Suite à quoi le système immunitaire, exposé à la TCB va sonner l’alarme et mobiliser tout un contingent de cellules spécialisées pour se défendre contre cette fausse menace – soit le principe de base du vaccin. Et les résultats publiés sont très prometteurs. En effet, après deux et quatre mois, tous les participants traités au MucoRice présentaient bien des anticorps dirigés spécifiquement vers la TCB, témoins d’une certaine immunité au choléra. Encore mieux : aucun effet secondaire n’a été détecté jusqu’à présent.

Une potentielle pépite de santé publique

Mais pourquoi donc utiliser du riz plutôt qu’un flacon de vaccin propre, stérile, qui sera injecté proprement par un professionnel ? La réponse réside dans la répartition géographique du choléra et dans son mode de propagation. Aujourd’hui, il a plus ou moins disparu de France métropolitaine et même d’Europe, du moins sous sa forme autochtone. Les très rares cas détectés sont importés, et proviennent d’autres régions du globe où la situation de santé publique est moins enviable.

La répartition géographique du choléra au 17/06/2021. © European Centre for Disease Prevention and Control
European Centre for Disease Prevention and Control

En effet, le choléra prospère dans des réservoirs d’eau stagnante. Il apparaît donc surtout dans des régions où les infrastructures d’assainissement des eaux sont insuffisantes; on peut citer le Nigeria, le Yemen ou le Bangladesh. Bien souvent, dans ces régions, l’accès aux soins et les infrastructures médicales sont également insuffisants.

Or, comme nous l’avons constaté récemment dans le cadre du Covid-19, conserver et utiliser des vaccins n’est pas trivial. Cela nécessite une certaine logistique et de l’expertise,  notamment au niveau de la réfrigération et de l’injection. Il faut donc du matériel souvent cher, et des professionnels de santé. Deux éléments qui manquent cruellement dans les zones les plus durement touchées par le choléra.

D’autres vaccins comestibles à l’avenir ?

Ce problème est inexistant avec le MucoRice : il peut être consommé directement. Et pour le conserver, il suffit d’en faire une poudre, stable à température ambiante !  Une méthode simple comme bonjour, qui ne nécessite ni frigo ni médecin : dans quelques années, on se cuisinera peut-être un vaccinotto aux champignons au lieu d’aller se faire piquer.

Ce concept pourrait potentiellement être applicable à d’autres vaccins. Mais il est impossible de tirer une conclusion générale dans ce cas, et il faudra étudier différents agents au cas par cas pour en savoir plus. L’idée pourrait aussi avoir d’autres vertus, même dans des pays où l’accès à la vaccination est quasiment garanti; on pense notamment aux plus réfractaires aux vaccins tels qu’ils sont proposés aujourd’hui.

Ils seraient peut-être plus enclins à consommer une plante génétiquement modifiée qu’à se faire injecter un cocktail chimique auquel ils ne font pas confiance. Et si cette idée ne fonctionne pas, cela pourrait au moins détendre ceux qui préfèrent la fourchette aux aiguilles !

Le papier de recherche publié dans The Lancet Microbe est disponible ici.

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1 commentaire
  1. Mouais… Et sinon les vaccins contre la polio et la fièvres typhoïde sont oraux, donc comestibles… depuis longtemps…

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