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Une grave maladie humaine identifiée chez des chimpanzés

Pour la première fois, des chercheurs ont formellement identifié la bactérie responsable de la lèpre chez deux populations de chimpanzés.

Mercredi, une équipe de chercheurs a publié des recherches qui font état d’une observation inquiétante. Ils ont en effet remarqué des cas de lèpre chez des chimpanzés d’Afrique de l’Ouest, en Côte d’Ivoire et en Guinée-Bissau. C’est la toute première fois que cette maladie est documentée chez des singes sauvages.

La lèpre est une maladie infectieuse grave, mais heureusement peu contagieuse et plus de 90% des humains disposent même d’une immunité naturelle. Et dans le pire des cas, elle est aujourd’hui traitable par antibiotiques. Mais dans le cas contraire, elle peut défigurer le malade et le rendre infirme en attaquant le système nerveux. Une maladie qui a fait des ravages par le passé, et qui a conduit à l’exclusion des malades, qui se rassemblaient alors dans des communautés de lépreux.

Les chercheurs ont ainsi repéré complètement par hasard des signes évocateurs de cette maladie chez un chimpanzé décédé, il y a des années déjà. Après de longues investigations, ils ont repéré d’autres chimpanzés – vivants, cette fois –  qui présentaient ces mêmes symptômes. Ils avaient des lésions, des décolorations, des gonflements et des œdèmes sur la face, le tronc et les parties génitales. Certains présentaient également des déformations de la face et des doigts.<

Les symptomes apparents ressemblent à ceux que l’on trouve chez les humains atteints de lèpre. © Hockings et. al.

Une maladie heureusement rare

Un faisceau de symptômes qui ressemble à ceux que l’on trouve chez les humains; une coïncidence qui a mis la puce à l’oreille des chercheurs. Ils ont donc réalisé plusieurs analyses génétiques sur des excréments qui ont révélé la présence de Mycobacterium leprae, la bactérie à l’origine de la maladie.

Ces cas semblent toutefois relativement rare, ce qui expliquerait qu’ils n’aient pas été documentés jusqu’à présent. Les chercheurs ont analysé 467 chimpanzés au total, et seulement quatre d’entre eux étaient malades. Un fait rassurant. En revanche, d’après les chercheurs, c’est une situation qu’il faudra impérativement surveiller. Car ces primates ne disposent évidemment pas d’un traitement. Cette lèpre pourrait donc tout de même causer des dégâts chez cette espèce déjà en danger critique d’extinction.

La prochaine étape pour les chercheurs va être d’identifier la source de la contamination. Mais la tâche s’annonce déjà particulièrement délicate. Le principal suspect est évidemment l’être humain; après tout, c’est la première fois que la lèpre a été repérée chez un animal non-humain en Afrique. Il s’agit donc de la conclusion la plus logique.

Les humains sont l’une des sources de contamination possibles. © Ryoji Iwata

Une chaîne de transmission opaque au possible

Mais confirmer ou infirmer cette hypothèse, c’est une autre paire de manches. Pour commencer, il s’agit de souches de lèpre rares, et donc d’autant plus difficiles à tracer. De plus, si des humains ont bien contaminé ces singes, il est très difficile de dire où, quand, et comment. En effet, chez l’Homme, la lèpre se transmet lentement. Pour se contaminer entre humains, il faut un contact prolongé, souvent sur plusieurs mois, entre deux individus. Mais aucune de ces deux populations ne fréquente régulièrement des humains, encore moins de près.

Le mystère s’épaissit donc encore davantage. Pour les chercheurs, la seule autre alternative serait que Mycobacterium leprae ait trouvé refuge dans un autre réservoir animal encore non identifié… ou plusieurs. Car d’après les chercheurs, ces travaux suggèrent que “M. leprae pourrait circuler dans beaucoup plus d’animaux sauvages qu’on ne le pensait jusque là”.

C’est donc une sacrée enquête qui attend les scientifiques qui devront remonter la chaîne de contamination, mais aussi découvrir quels sont les effets de la maladie sur les chimpanzés. Car si nous connaissons ses effets sur l’Homme, documentés depuis des lustres (y compris dans la Bible), les conséquences sur l’animal sont encore largement inconnus.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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