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Voilà pourquoi NASA veut déployer un réacteur nucléaire sur la Lune

L’agence a lancé un nouveau projet qui devrait aboutir au déploiement d’un réacteur nucléaire sur la Lune d’ici une dizaine d’années.

Lentement, mais sûrement, le retour de l’humain sur la Lune commence à se préciser. Les préparatifs d’Artemis ont repris de plus belle depuis la conclusion de la bataille judiciaire entre Blue Origin et la NASA, et cette dernière commence à préparer sérieusement le terrain pour l’arrivée des astronautes; pour cela, l’agence compte déployer un réacteur nucléaire directement sur notre satellite dans le cadre de son projet Fission Surface Power.

Les ingénieurs ont déjà exploré des dizaines de pistes, parfois très originales, pour trouver le meilleur moyen de générer de l’énergie dans une colonie loin de la Terre. Mais après de nombreuses migraines et nuits sans sommeil, ils ont fini par se rabattre sur le nucléaire. Un mode de production d’énergie tout sauf trivial, qui demande expertise et précautions, mais qui dispose de plusieurs avantages considérables.

Une solution fiable et pérenne

Pour commencer, c’est une technique que nous utilisons largement depuis des décennies. Contrairement à d’autres modes de production d’énergie plus expérimentaux, nous connaissons donc les tenants et aboutissants de la fission nucléaire sur le bout des doigts. Cela permet de limiter les risques pour les astronautes, qui auront la certitude de disposer d’une source d’énergie fiable.

L’autre avantage, c’est que des petits réacteurs nucléaires comme ceux qu’envisage la NASA peuvent produire une grande quantité d’énergie sur une longue durée. La variante à l’uranium enrichi que compte utiliser l’agence devrait produire “environ 10 kW en continu pendant au moins dix ans”. La NASA planifie toujours consciencieusement ses dépenses en énergie, et a donc pu proposer une estimation; d’après elle, un seul de ces réacteurs pourrait alimenter plusieurs foyers, et de nombreux équipements de survie et de recherche sur toute cette période. La NASA estime même qu’avec quatre de ces réacteurs, il serait possible de répondre aux besoins en énergie de la totalité d’une mission lunaire ou martienne sans problème.

© NASA

Polyvalence et tranquilité

Et puisqu’il s’agit d’un réacteur nucléaire, il produit évidemment de l’énergie en continu, contrairement à des panneaux solaires par exemple. Et ce indépendamment de son emplacement, des conditions météorologiques, de l’éclairement… Un détail très important, car sur une autre planète, la consommation d’énergie ne baissera pas autant que sur Terre pendant la nuit. En effet, il faudra alimenter tous les systèmes de support qui permettront de subvenir aux besoins des astronautes 24 heures sur 24; on peut difficilement leur demander d’arrêter de respirer pendant la nuit dans le cas où des panneaux solaires ou des batteries flancheraient. En cas de besoin, leur petite taille permet même de les monter directement sur un rover pour une mission d’exploration ou de maintenance. Cette caractéristique les rend aussi interchangeables, ce qui permet de les intégrer à un réseau électrique modulaire à l’échelle de la planète. C’est donc une solution très pratique à bien des égards.

Dernier avantage, et pas des moindres : des réacteurs de ce type pourraient faire leur office en autonomie quasi-totale. C’est tout sauf négligeable, car une fois sur une autre planète, le nombre d’humains aux alentours passera de presque huit milliards à une poignée d’individus. Dans un tel contexte, la moindre paire de bras représente donc une ressource inestimable et constituera probablement le facteur limitant; il serait dommage de gaspiller trop de leur temps précieux dans des tâches comme l’entretien de panneaux solaires.

Tout reste à inventer

C’est pour toutes ces raisons que la NASA va commencer par développer, puis envoyer un réacteur de test sur la Lune. Pour cela, l’agence a lancé un appel d’offres pour identifier les pistes les plus intéressantes. La plus prometteuse sera sélectionnée en février 2022, puis développée pendant environ un an. Mais il ne s’agira que de la partie théorique. La machine elle-même devrait arriver beaucoup plus tard, car tout reste à inventer dans ce domaine.

Ils devront produire un système d’une fiabilité et d’une durabilité exemplaire, car la moindre défaillance pourrait finir par coûter des milliards de dollars. Et surtout, la survie des futures missions et colonies dépendra directement du bon fonctionnement de ces engins. Cela implique de le protéger des rayonnements solaires et cosmiques, des chutes d’astéroïdes, des écarts de température… Il ne faut donc pas compter sur la NASA pour se précipiter; l’agence n’a d’ailleurs communiqué aucun calendrier précis. Il faudra donc patienter de longues années avant de voir ces bijoux de technologie rallier la Lune ou Mars; la NASA s’est donnée dix ans pour y parvenir. Le premier rendez-vous est fixé à  février prochain, quand l’agence aura sélectionné son futur partenaire.

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6 commentaires
  1. 10 KW d’énergie , ce n’est de loin pas suffisant et des panneaux solaires seraient moins chers et moins compliqués …

  2. L’uranium a toujours eu une visée militaire car il produit du plutonium et d’autres déchets.
    Le Thorium produit 100 fois moins de déchets et avec des durée de vie de 300 ans. C’était la base du nucléaire civil dans les réflexions des années 50/60, le besoin irréfléchi de plutonium à tout gâché.
    Coloniser de nouveaux espaces et amener du danger, c’est un peu vilain…

  3. Merci pour le rappel du thorium, le rédacteur de ce commentaire a du comme moi connaître les affres des combats du nucléaire civil face aux besoins militaires. Dommage que nous n’ayons pu avoir réellement une vrai réalisation opérative. L’espace 70 ans après offrira peut être a cette solution française une solution moins gourmande en radioéléments délicats a retraiter…. .

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