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La toute première oreille imprimée en 3D a été greffée sur un humain

Cette esgourde artificielle imprimée en 3D à partir du cartilage de la patiente témoigne des avancées spectaculaires de ce pan de la médecine.

D’après le New York Times, l’ entreprise américaine 3DBio Therapeutics a annoncé avoir greffé avec succès la toute première oreille entièrement imprimée en 3D à un patient humain. Et il ne s’agit pas d’une vulgaire imitation de cartilage, mais bien d’un véritable tissu biologique construit à partir des cellules de la patiente, une jeune femme de 20 ans.

L’intéressée est atteinte de microtie, une malformation congénitale rare de l’oreille externe. Elle est née avec un pavillon atrophié; cela signifie que la structure interne de l’oreille fonctionne normalement. En revanche, la partie externe qui sert à rediriger le son vers le tympan ne s’est pas entièrement développée. Cela se traduit par un handicap auditif en bonne et due forme qui devenait lourd à porter au quotidien, sans parler de l’aspect esthétique qui est tout sauf négligeable puisqu’il peut avoir des conséquences sociales considérables, en particulier à cet âge.

Une oreille sur mesure faite à partir de ses propres cellules

Habituellement, la microtie est gérée par une opération chirurgicale. Dans la majorité des cas, elle permet de retrouver une audition correcte si l’oreille interne était intacte. Mais pour l’aspect fonctionnel et surtout esthétique, c’est une autre histoire. Ici, l’approche est très différente. Les équipes de 3DBio Therapeutics ont commencé par réaliser un moulage de son oreille saine. Ils ont ensuite prélevé des cellules cartilagineuses qui ont permis de construire une sorte d’échafaudage de collagène et d’hydrogel à partir de ce modèle.

Cette “bouture” a été implantée chirurgicalement à la place de l’oreille vestigiale. Puisqu’elle a été conçue à partir de cellules prélevées chez la patiente, le greffon est immédiatement reconnu par le système immunitaire, ce qui permet d’éviter un syndrome de rejet. Et surtout, l’équipe de recherche explique que cela permettra au cartilage de se régénérer spontanément au fil du temps. À terme, cette oreille en 3D aura donc l’apparence et la structure d’une oreille parfaitement normale.

L’oreille avant la greffe (à g.), puis 30 jours après l’opération (à d.). L’oreille devrait continuer de se développer jusqu’à ce qu’elle récupère une apparence quasiment normale. © (Microtia-Congenital Ear Institute and 3DBio Therapeutics

Un succès retentissant qui fait office de preuve de concept très enthousiasmante. D’après les chercheurs, ce n’est donc plus qu’une question de temps avant que cette technologie commence à se démocratiser. Et pour accélérer le processus, ils tentent en ce moment de répéter le protocole dans un essai clinique à plus grande échelle. À l’heure actuelle, ce programme comprend 11 patients d’après le New York Times.

Un essai clinique est en cours

Il permettra d’estimer la réplicabilité de l’opération pour vérifier qu’il ne s’agissait pas d’un simple coup de chance. Cela permettra aussi de mettre en place un suivi plus poussé pour s’assurer que la procédure ne comporte pas d’autres complications ou effets indésirables plus discrets. Avec un peu de chance, cela permettra aux enfants nés avec la même malformation de récupérer non seulement l’audition, mais aussi une bonne dose de confiance en soi.

Puisqu’il s’agit d’une entreprise qui souhaite vendre son produit, 3DBio Therapeutics s’est évidemment montré plutôt avare en termes de détails techniques dans son communiqué de presse. Malheureusement , elle n’a pas non plus publié d’article de recherche qui détaille les tenants et aboutissants de cette procédure très intéressante.

© Jafar Ahmed

La greffe d’organes sur mesure approche à grands pas

En revanche, le résultat ressemble tout de même à un succès indiscutable. Il offre un vrai espoir aux patients atteints de microtie, mais pas seulement. En théorie, cette technique pourrait aussi être utilisée pour réparer d’autres structures cartilagineuses comme le nez après un accident.

En tout cas, cette greffe témoigne des progrès fulgurants des nouvelles techniques qui permettront vraisemblablement de révolutionner la transplantation d’organes dans un futur assez proche. Par exemple, il y a quelques mois à peine, un patient a bénéficié de la toute première transplantation d’un cœur de porc à un humain; une procédure qui n’a malheureusement pas permis de lui sauver la vie, mais aura au moins eu le mérite de servir de preuve de concept.

Il va encore falloir patienter avant de voir émerger les premiers laboratoires capables de cultiver, puis de greffer des organes à la demande. Mais cette échéance se rapproche à grands pas, avec tout ce que cela implique en termes de santé publique – en particulier pour les innombrables patients en attente de greffe d’un organe vital qui sont piégés dans une liste d’attente interminable.

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