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Une tempête solaire surprise a frappé la Terre à plus de 2 500 000 km/h

Ce phénomène à l’intensité modérée n’était pas menaçant, mais le fait qu’il soit passé complètement inaperçu a perturbé les chercheurs.

Récemment, les amateurs d’astronomie ont pu se délecter d’un spectacle rarissime avec l’alignement de Mercure, Venus, Mars, Jupiter et Saturne qui se sont toutes mises en rang d’oignon dans leur ordre de proximité avec le Soleil — un événement qui n’était plus survenu depuis 1864. Mais dans l’hémisphère Nord, le spectacle a parfois été « photobombé » par un phénomène lui aussi magnifique, mais tout à fait inattendu à ce moment : des aurores.

Ces magnifiques lumières célestes sont relativement fréquentes ; en revanche, c’est beaucoup plus rare qu’elles surviennent sans prévenir. C’est parce qu’elles sont directement associées à un phénomène cosmologique que les astronomes surveillent avec une attention toute particulière : les éruptions solaires et les tempêtes géomagnétiques qui en résultent.

Très sommairement, une éruption solaire n’est ni plus ni moins qu’une grosse émission de lumière particulièrement intense. Elles surviennent suite à un bouleversement dans le champ magnétique du Soleil. Mais elles peuvent aussi être associées à ce qu’on appelle des éjections de masse coronale, ou CME.

Les tempêtes géomagnétiques qui provoquent les aurores proviennent habituellement des éjections de masse coronale, des bulles de plasma originaires des taches solaires. © SDO/HMI

Les astronomes veillent au grain…

Lors de ces événements, une bulle de particules chargées surchauffée (on parle de plasma) est catapultée à grande vitesse dans une direction précise. Parfois, ces éruptions peuvent filer droit vers la Terre. Les particules se heurtent alors au champ magnétique terrestre, qui nous sert de bouclier contre ces phénomènes. Ce flux de plasma solaire s’écrase alors au niveau de la haute atmosphère, ce qui peut parfois donner lieu à des aurores.

Mais les plus puissantes d’entre elles peuvent traverser ce bouclier et avoir des effets perceptibles. Non pas directement sur les humains, mais sur les installations électriques et équipements électroniques. C’est par exemple ce qui s’est passé autour du week-end de Pâques, quand des éruptions solaires modérées ont provoqué quelques black-out radio sur Terre (voir notre article).

Et c’est précisément pour cette raison que la NASA surveille assidûment la dynamique des solaires. Car dans certains cas rares, des EMC exceptionnellement intenses sont tout à fait capables de griller la moitié de l’infrastructure électronique mondiale en quelques instants, avec toutes les conséquences catastrophiques que cela implique.

Un exemple d’ éruption solaire capturé le 30 mars dernier par le Solar Dynamics Observatory de la NASA. © NASA/GSFC/SDO

…mais ils se sont tout de même laissés surprendre

L’agence avait donc anticipé les black-out du week-end de Pâques. La tempête du 26 juin dernier, en revanche, a pris tout le monde de cours. Aucun astronome n’avait anticipé son arrivée lorsqu’elle a percuté le bouclier magnétique de la Terre de plein fouet, avec un pic de vitesse ahurissant mesuré à 2,52 millions de km/h — soit près du double de la moyenne selon la NASA.

Heureusement, d’après le rapport de Spaceweather.com repéré par LiveScience, l’intensité de cette tempête géomagnétique est restée assez modérée malgré sa vitesse; en tout cas, aucun black-out ou dégât sur l’infrastructure n’a été rapporté. Pour le grand public, l’histoire s’arrête donc ici. En revanche, pour les chercheurs, c’est un événement qui fait froid dans le dos.

S’ils passent autant de temps à surveiller les taches solaires, c’est précisément pour éviter de se retrouver devant le fait accompli au dernier moment si une tempête d’intensité critique venait à frapper la Terre.

Il y a donc de quoi être à la fois soulagé de l’avoir échappé belle, mais aussi inquiet d’avoir raté cette information. Un peu comme un piéton perdu dans ses pensées qui aurait échappé in extremis à un choc frontal avec un poids lourd.

Une CME originaire d’une zone inattendue

Depuis, tout l’enjeu était donc de déterminer pourquoi et comment cette tempête a pu se faire aussi discrète. Et les astronomes estiment enfin avoir une réponse satisfaisante ; pour eux, cette tempête géomagnétique n’était tout simplement pas partie d’une tache solaire.

Ils considèrent que l’éruption est survenue dans ce qu’on appelle une région d’interaction co-rotative, ou CIR. Cela correspond à une sortie de carrefour où se croisent des vents solaires extrêmement rapides, et d’autres plus lents. Cette interaction entre particules chargées peut donner lieu à une accumulation de plasma, qui peut ensuite être éjectée comme un boulet de canon lors d’un soubresaut du champ magnétique.

Or, contrairement aux taches solaires, les astronomes ne surveillent pas systématiquement ces CIR, ce qui explique pourquoi elle a pris tout le monde par surprise. Cette histoire renforce donc l’idée qu’il est très imprudent de se contenter de surveiller les taches solaires ; il faut scruter le Soleil dans son ensemble, avec de nombreuses techniques distinctes.

Cela permettrait donc d’être prévenu le plus tôt possible si une éruption cataclysmique de type Événement de Carrington (voir notre article) survenait. Cela ne changerait pas fondamentalement la donne puisqu’en l’état, l’humanité reste largement impuissante face aux caprices de son étoile fétiche. Mais dans un contexte aussi catastrophique, la moindre minute pourrait faire la différence au moment de protéger certains systèmes vitaux pour l’humanité.

En tout cas, le message est clair : il va falloir garder les yeux grands ouverts à l’approche du prochain pic d’activité solaire, prévu entre 2023 et 2026.

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8 commentaires
  1. “une éruption solaire n’est ni plus ni moins qu’une grosse émission de lumière particulièrement intense”

    Pas du tout. Ce n’est pas de la lumière qui est projetée, mais de la matière.
    Pour rappel : la lumière n’interagit pas avec le champ magnétique.

  2. C est quand même le plasma qui engendre la lumière.
    En d autre thermes les neutrinos sont libéré au moment de la fusion nucléaire donc dire que l on se prend un halo de lumière est en quelque sorte exacte et faux.
    Il s agit d un jet de matière lumineux cela semble plus correcte

  3. L’article précisant juste après « Mais elles peuvent aussi être associées à ce qu’on appelle des éjections de masse », j’en avais déduis qu’il peut y avoir les deux phénomènes. Vrai ? Faux ?

  4. @yo : il y a les deux ! Et pour rappel, la lumiere est justement le vecteur de l’interaction eclectromagnétique donc elle a bien son rôle a jouer aussi 🙂

  5. Moi ce qui me scotche le plus c’est la vitesse de ces éjections : 2 500 000 Km/h !!!!!! (~ 700 kilomètres à la seconde !!!). Hallucinant !

  6. Cette vitesse qui dépasse l’entendement humain, on la retrouve aussi dans l’infiniment petit; certains insectes ont les ailes qui battent plusieurs milliers de fois par seconde. C’est toute ce mystère de la nature qui nous échappe. Et dont nous faisons partie, et que nous devrions protéger autant que possible. Nous sommes impuissants et tout petits face à certains phénomènes, restons humbles, et en tout cas cela reste une source d’émerveillement.

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