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Le MIT veut creuser le trou le plus profond du monde pour produire de l’énergie

De nouvelles technologies de forage pourraient ouvrir de nouvelles portes à la géothermie et bouleverser toute l’industrie de l’énergie.

La géothermie fait déjà partie de ces technologies qui permettent de fournir de grandes quantités d’énergie sans brûler la moindre ressource fossile, et sans la moindre émission de gaz à effet de serre. Mais ses applications sont malheureusement limitées à des zones géographiques bien précises pour l’instant.

Les spécialistes estiment que cette technologie peut encore faire des progrès considérables, mais cela implique de creuser des puits géothermiques très profonds, bien au-delà des quelques dizaines de mètres des canaux actuels. Or à partir d’une certaine profondeur, la dureté de la roche et la température deviennent difficilement tolérables pour les foreuses.

Pour faire passer la géothermie à la vitesse supérieure, il faut donc trouver un moyen efficace de percer la croûte, voire le manteau terrestre bien plus profondément. Le défi d’ingénierie est énorme, mais le jeu en vaut la chandelle ; avec cette approche, il serait possible d’exploiter une quantité d’énergie géothermique phénoménale susceptible de révolutionner toute l’industrie de l’énergie.

Un micro-ondes high tech pour vaporiser la roche

Et c’est là qu’intervient Quaise, une entreprise satellite du prestigieux MIT. Sur la base des travaux de l’ingénieur Paul Woskov, elle a développé un concept basé sur un gyrotron. C’est un appareil déjà utilisé dans de nombreuses filières industrielles pour chauffer des matériaux à distance, notamment dans le cas d’expériences sur la fusion nucléaire.

Très vulgairement, il fonctionne un peu comme un gros laser; l’objectif est de focaliser une onde électromagnétique pour en concentrer toute la puissance dans un petit espace. La différence, c’est que le gyrotron fonctionne à une gamme de fréquences différente; il émet des micro-ondes au lieu de la lumière visible.

L’idée est très simple sur le papier : elle consiste à utiliser des gyrotrons très puissants pour chauffer la roche jusqu’à ce qu’elle soit vaporisée sur place. Cette technique pourrait permettre de creuser des puits géothermiques extrêmement profonds — l’entreprise parle même des trous les plus profonds jamais forés !

Pour l’instant, il ne s’agit encore que d’un concept. Même si la technologie sur laquelle il repose semble déjà mature, c’est une autre histoire de l’implémenter en conditions réelles. Et c’est précisément ce que Quaise va tenter de faire grâce à une subvention du Département de l’Énergie américain.

D’ici la fin de l’année, elle va tester son premier prototype. L’objectif sera de creuser un trou « dix fois plus profond » que Woskov lors de ses travaux en solitaire (ce chiffre n’a pas été dévoilé). Elle passera ensuite à un second puits, cette fois 100 fois plus profond que l’original.

Cette étape n’est pas attendue avant 2024 puisqu’elle nécessitera de gros efforts de modélisation. Mais si Quaise passe ce cap, la firme aura alors toutes les armes en main pour aborder la dernière ligne droite.

À terme, l’entreprise veut réinvestir des centrales désaffectées. Elle pourra ainsi réutiliser l’infrastructure déjà existant; de quoi donner une seconde vie à ces bâtiments. À ce stade, il suffirait de convertir le reste des équipements, puis de creuser jusqu’à une profondeur de 20 km environ — là où la température atteint systématiquement plusieurs centaines de degrés.

Un concept balbutiant mais vraiment prometteur

Il serait alors possible de faire sauter les limites géographiques de la géothermie. « Nous croyons qu’en forant jusqu’à 20 km, nous pourrons accéder à ces températures extrêmes à partir de 90 % de la planète », affirme le communiqué du MIT.

Et il ne s’agit pas seulement de disponibilité. Le fait d’avoir accès à des températures pareilles en permanence permettrait de produire une quantité d’énergie très importante qui pourrait même rivaliser avec les centrales traditionnelles.

« À ces températures, nous produisons une vapeur dont la température est très proche, voire supérieure à celle que l’on trouve dans des centrales à charbon ou à gaz », explique le communiqué.

Selon les chercheurs, il s’agit aussi d’une approche pérenne. Une fois qu’elle sera mature, elle pourrait remplacer la quasi-totalité du charbon à l’échelle mondiale et satisfaire les besoins en énergie des humains pendant « des millions d’années ».

Cette fois, c’est la bonne ?

Évidemment, nous en sommes encore loin. Pour l’instant, la technologie de forage en elle-même n’est même pas encore totalement au point. Une fois qu’elle le sera, il faudra aussi déterminer son impact environnemental. Il faudra ensuite développer de nouveaux équipements pour exploiter ces puits à la profondeur exceptionnelle, ce qui sera tout sauf simple.

Malgré tout, le MIT se montre optimiste et estime que les premiers résultats pourraient arriver très rapidement. Les bases technologiques sont déjà bien en place et il ne reste plus qu’à tout intégrer dans un même système performant et fiable. « Si nous arrivons à résoudre ces problèmes d’ingénierie, je pense que nous aurons une centrale opérationnelle d’ici cinq ou six ans », affirme le père du concept.

Cela rend cette technologie particulièrement intéressante dans le contexte actuel. « Nous avons fait des progrès incroyables sur les énergies renouvelables ces dernières années, mais dans l’ensemble, nous n’allons toujours largement pas assez vite pour remplir les objectifs qui permettront de limiter l’impact du réchauffement climatique » expliquent les chercheurs. L’arrivée d’une telle technologie serait assurément un grand pas dans cette direction.

Il convient toutefois de prendre toutes ces promesses avec des pincettes. Comme toujours dès qu’une institution dévoile une source d’énergie révolutionnaire. Après tout, ce n’est pas un hasard si les travaux de Woskov ont longtemps fait du surplace; le défi technique est énorme. Mais cette approche dispose d’un potentiel si important qu’elle mérite dans tous les cas d’être explorée. Nous vous donnons donc rendez-vous d’ici quelques années pour voir si ces recherches seront passées du concept à la réalité.

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9 commentaires
  1. Toute cette énergie sous terre qui n’attendait que ça :
    Servir enfin à quelque chose !!
    C’est sûr qu’on va pouvoir règler tous les pb énergétiques sans créer le moindre déséquilibre.
    Exactement comme l’eau sous terre qui est bien plus utile à la surface.
    Science sans conscience n’est que ruine [de l’humanité]

  2. C’est pas compliqué, il faut utiliser un fluide caloporteur genre sodium par expl circulant dans une boucle.

  3. Il faut se poser la question, pourquoi la terre conserve cette chaleur si profondément et si un changement de température en perçant le sol a 20km n’aurais pas de conséquences sur le climat actuel ? Avant de ramener quoi que ce soit enfermé depuis des millions d’années il faut aussi étudier si d’autres agents ou virus ne remonterai pas…
    Alors je sais d’avance que l’objectif est de gagner beaucoup d’argent, sans que l’utilisateur ne perçoive quoi que ce soit en terme d’économie. A bon entendeur salut.
    Un projet qui va coûter la bagatelle de quelques milliards comme ceux de l’espace et qui n’aura jamais de bien pour l’humanité, avec l’argent bien entendu du contribuable…
    L’exemple type du nucléaire en France géré par EDF un gouffre économique qui devait nous faire faire des économies ! Va comprendre Pauvre contribuable qui a tout payer sans compter mais qui va plus pouvoir se chauffer en hiver ni recharger sa belle voiture électrique….

  4. Ça marchera pas, comme d’hab.
    Rien ne peux remplacer le nucléaire, fission actuellement, fusion dans quelques dizaines d’années.

  5. Il faut abandonner tout ce qui est sous le sol, l’expérience avec le pétrole laisse à désirer ” un cartel de l’OPEP qui fait chanter le monde entier” et toutes les conséquences écologiques que l’on sait.
    Cette énergie profonde de la croûte terrestre fera jaillir des gaz toxiques et riche en souffre qui vont réduire à néant la vie sur terre. Notre planète sera comme la planète Mars.
    Il faut oublier tout ce qui est en profondeur et se tourner vers le vent, le soleil en terre en mers, hydrogène vert. La technologie des eoliennes géantes en of shorts permet de générer des quantités énormes suffisantes pour produire de l’électricité et H2 vert et démocratiser l’accès aux énergies renouvelables

  6. Pas besoin de forer à 20km pour trouver une énergie intéressante pour nos besoins.
    Avec 35 à 40°C / 1000m de gradient de température du sous-sol, on peut se limiter à 10km de profondeur pour trouver 350 à 400°C.
    C’est déjà une limite technique très haute pour l’ensemble des équipements tubulaires et fluides de forage nécessaires en construction et architecture de puits.
    Et il n’est pas nécessaire dans ce cas de produire les fluides du sous-sol, càd rechercher des souces hydrothermales qui sont susceptibles de contenir de la vapeur qui serait alors probablement chargée en CO2 et H2S. Au contraire, l’objectif ici est d’exploiter les seules thermies du sous-sol, par boucles fermées (avec un fluide caloporteur en circulation), et dans ce cas il y a très peu de risques technologiques, càd rien de comparable avec les risques du Nucléaire ou de la production (et du transport) de gaz de méthane à haute pression haute temperature sur gisements par grande profondeur (3500 à 5500m).
    Cette énergie géothermique est disponible partout sous terre, et son développement serait un facteur de stabilité politique indéniable, chaque nation devenant souveraine pour ses besoins énergétiques.
    Pour toutes ces raisons ce projet très ambitieux pour 20km, semble cependantt attaignable pour 10km à l’horizon de 10 – 15 ans je dirais. Il faut l’encourager.

  7. la science parfois va trop loin a mon avis. il y a des pas a ne pas franchir , je ne suis aucunement mais cette histoire ne sent pas bon. Je comprend le besoin d’innover et de trouver de nouvelles sources d’énergie mais de la a percer les entrailles de notre planète qui est déja si mal en point je ne suis pas d’accord.

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