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La Chine dévoile de nouvelles missions spatiales très ambitieuses

Le pays de Xi Jinping est en train de s’imposer comme un acteur majeur de l’espace, et elle va chercher à consolider cette position avec de nouvelles missions très enthousiasmantes.

L’Académie chinoise des sciences et le Centre national des sciences spatiales sont en train de décider des futures priorités du programme spatial chinois. Ils dévoileront bientôt la troisième édition du Programme stratégique prioritaire sur les sciences spatiales (SPP), un texte qui définit les principales missions que la Chine compte réaliser sur une période donnée (en l’occurrence, entre 2025 et 2030).

Treize missions toutes plus intéressantes les unes que les autres sont proposées par les deux institutions. Elles concernent des sujets variés comme le Soleil, le Système solaire, ou encore les exoplanètes ou l’astrophysique fondamentale. Au terme du processus de sélection, elles devront en conserver cinq à sept, soit une petite moitié.

Des travaux de fond sur la dynamique de l’univers

Les premiers points que les chercheurs chinois veulent explorer concernent tous le comportement de la matière dans des conditions extrêmes. Lors d’une expérience baptisée eXTP, ils comptent explorer « l’équation d’état de la matière ultra-dense et froide, les effets des champs gravitationnels forts, et ceux des champs magnétiques les plus puissants de la nature ». Si cette mission voit le jour, elle passera par une exploration poussée de certaines étoiles à neutrons — des vestiges ultra-denses d’étoiles autrefois supergéantes.

Les chercheurs chinois comptent aussi offrir un successeur à l’expérience DAMPE, qui traquait le rayonnement cosmique. Un nouvel appareil, baptisé DAMPE-2, a été proposé pour rechercher des objets encore plus exotiques, à savoir des particules de matière noire ou des neutrinos à haute énergie.

Enfin, une troisième proposition de mission envisage d’observer la Voie lactée à des fréquences extrêmement basses (moins de 30 MHz) grâce à une constellation de microsatellites. Les chercheurs qui ont proposé ce projet espèrent ainsi pouvoir trouver des traces de l’univers très précoce, un peu à la façon du James Webb Space Telescope qui livrera sa première image scientifique demain (voir notre article).

Une simulation de la distribution de la matière noire dans l’Univers. © Springel et al. via CERN

La chasse aux “Terres alternatives” continue

Deux missions remarquables en rapport avec des exoplanètes ont également été proposées. La première, baptisée Closeby Habitable Exoplanet Survey (CHES), a un double objectif. Elle permettra dans un premier temps d’identifier des planètes comparables à la Terre situées dans la zone habitable de leur étoile. Cela sera aussi l’occasion de cartographier les autres systèmes planétaires à proximité.

La seconde, Earth 2.0, chercherait à mesurer pour la première fois les chances d’apparition et la distribution des planètes « terrestres ». À terme, son objectif sera de déterminer la probabilité et les conditions nécessaires pour qu’un corps céleste comme la Terre apparaisse dans la zone habitable d’une étoile comme le Soleil.

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© NASA

Une surveillance étroite du Soleil

D’ailleurs, ce dernier sera aussi de la partie. C’est même l’une des parties les plus denses de ce programme, avec quatre propositions de missions majeures.

La première, baptisée Solar Ring Mission (SOR), consiste à répartir trois sondes sur la même orbite du Soleil pour pouvoir l’observer sous toutes les coutures en permanence. L’objectif sera de déterminer l’origine du cycle solaire. Par extension, cela permettra d’en apprendre davantage sur les mécanismes responsables des éruptions solaires qui causent bien du tracas aux ingénieurs en ce moment (voir notre article).

Une autre mission baptisée Solar Polar-orbit Observatory (SPO) va faire sensiblement la même chose, mais à partir d’une orbite très différente. L’engin sera en effet parqué sur une orbite inclinée à 80°, une première pour une sonde solaire. Il pourra ainsi participer à percer les secrets du champ magnétique solaire pour affiner les modélisations de l’héliosphère, ce qui permettrait de mieux anticiper les éruptions solaires et les tempêtes géomagnétiques associées (voir notre article).

L’éruption solaire du 30 mars dernier, capturée par le Solar Dynamics Observatory de la NASA. © NASA/GSFC/SDO

Une autre mission baptisée Earth-occulted Solar Eclipse Observatory (ESEO) poursuivra là encore le même objectif, mais avec une méthode très différente. L’idée serait de placer un télescope au point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil, ce qui signifie que l’étoile serait toujours partiellement cachée par notre planète. Les chercheurs pourraient alors observer la couronne interne de l’astre, et donc identifier des éruptions solaires à un stade très précoce (voir notre article).

Enfin, un dernier projet propose de parquer une sonde à bonne distance du Soleil pour analyser la composition des gaz et des poussières qui s’en échappent.

Vénus, des astéroïdes et la Terre

Le contingent chinois compte aussi s’intéresser aux autres planètes, et en particulier à Vénus qui fera l’objet d’une mission dédiée. Des chercheurs ont proposé d’y parquer une sonde à environ 350 km d’altitude pour en étudier l’évolution géologique, les processus thermochimiques à l’origine de sa température infernale ou encore la présence de vie dans son atmosphère azotée.

Une autre mission prévoit aussi de partir sur un petit astéroïde de 600 m de diamètre pour effectuer quelques prélèvements qui seraient rapatriés quatre ans plus tard. Enfin, les astronomes chinois ont aussi proposé un grand nombre de nouvelles missions d’étude de la Terre. Deux d’entre elles ont été retenues dans cette présélection.

Vénus pourrait devenir l’une des priorités des planétologues chinois. © NASA/JPL-Caltech

La première, baptisée Ocean Surface Current multiscale Observation Mission (OSCOM), permettrait d’étudier la dynamique de l’océan à très grande échelle, notamment en ce qui concerne les cycles biogéochimiques et les échanges d’énergie associés. La seconde, appelée Climate and Atmospheric ComponentsExploring Satellites (CACES), surveillerait la dynamique de l’atmosphère.

Dans les deux cas, l’objectif de ces missions serait d’améliorer les modèles climatiques actuels afin d’aborder plus sereinement les grands changements qui attendent l’humanité au tournant.

Les responsables chinois n’ont pas encore annoncé leur verdict ; la liste des missions retenues devrait tomber d’ici quelques mois. Mais dans tous les cas, il s’agit de missions pour la plupart assez ambitieuses et très intéressantes qui devraient produire des résultats particulièrement intéressants. Il conviendra donc de suivre de près l’avancée de ce programme… et aussi de guetter la réponse du contingent américain, qui ne voit pas cette montée en puissance d’un très bon œil.

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Source : SpaceNews

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