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Le Japon a déclaré la “guerre” aux disquettes, et il était temps

Un nouveau ministre nippon veut purger son administration des techniques obsolètes qui y occupent encore une place prépondérante.

Imaginez une seconde que votre préfecture vous demande de lui fournir les informations nécessaires au renouvellement de votre carte d’identité sur une bonne vieille disquette. Ce scénario inconcevable en France, c’est pourtant le quotidien de nombreux japonais.

Intuitivement, on pourrait s’attendre à ce que le gouvernement de ce haut lieu du numérique et de l’électronique ait informatisé ses systèmes depuis belle lurette. Pourtant, tout un pan de l’administration se repose encore sur des techniques quasiment obsolètes; un nouveau ministre veut désormais en finir avec cette incongruité.

Une place forte technologique à l’administration archaïque

Taro Kono, récemment nommé au Ministère des Affaires Numériques, a dressé un état des lieux surprenant de la situation sur Twitter. L’intéressé explique qu’environ 1900 procédures officielles de routine nécessitent encore de passer par des supports obscurs et dépassés comme le CD-Rom, le Minidisk, ou même la disquette – un support inventé il y a plus de 50 ans et capable de stocker… 1,44 MB de données.

Il est aussi de notoriété publique que les fonctionnaires japonais utilisent toujours le fax au quotidien, car de nombreux services ne se sont toujours pas dotés d’une boîte mail ou d’une base de données informatisée. Un autre exemple encore plus représentatif est celui des hanko, ces sceaux gouvernementaux uniques taillés à la main qui restent nécessaires pour signer certains documents, comme un contrat de mariage…

Un anachronisme de plus en plus problématique

Cette situation génère d’innombrables problèmes au niveau de la transmission et de l’archivage des informations. Cela a aussi tendance à allonger considérablement les procédures, sans parler des problèmes logistiques liés à la gestion de ces supports physiques. ArsTechnica rappelle par exemple qu’en décembre 2021, la police de Tokyo a malencontreusement égaré deux disquettes contenant des informations confidentielles sur 38 demandeurs de logement.

En partant de ces constats, il a lancé une grande croisade de modernisation. D’après Bloomberg, l’objectif est de purger l’appareil administratif de ces vieilleries une fois pour toutes. “Nous allons bientôt revoir toutes ces pratiques”, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse mardi 30 août. “Où est-ce qu’on peut encore acheter une disquette aujourd’hui, de toute façon ?”, s’interroge-t-il.

Vu la taille du chantier, l’administration japonaise ne se convertira probablement pas au cloud d’un jour à l’autre. Elle va devoir se battre pour faire évoluer les mœurs, mais aussi pour contourner certains obstacles législatifs anachroniques qui freinent encore cette transition.

Il sera donc intéressant d’observer comment Taro Kono compte sortir son pays de ce bourbier administratif qui pourrait aussi concerner d’autres pays en pleine éclosion numérique.

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Source : Bloomberg

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