Passer au contenu

Les américains sont priés de ne plus lécher ce crapaud hallucinogène

Il n’a rien à voir avec l’Hypnotoad de Futurama; Incilius alvarius est victime d’un braconnage à grande échelle à cause des substances psychoactives qu’il sécrète.

Si l’on en croit les déclinaisons modernes de l’œuvre des frères Grimm, un simple baiser peut suffire à transformer un batracien en prince charmant. Mais au risque d’en décevoir certains, la réalité est souvent beaucoup moins glamour ; lécher un crapaud dans le monde réel est rarement une bonne idée. Et pour cause : ces animaux sécrètent parfois des substances extrêmement toxiques.

Pourtant, aux États-Unis, certaines personnes choisissent de le faire en leur âme et conscience ; et cela commence même à ressembler à une tendance, si l’on en croit ce post Facebook du National Park Service. L’agence fédérale qui gère les parcs et réserves naturelles de l’autre côté de l’Atlantique a explicitement demandé aux citoyens d’arrêter de lécher une espèce de batracien bien précise, Incilius alvarius.

« Comme pour la majorité des espèces que vous pouvez rencontrer dans un parc national, qu’il s’agisse d’un escargot, d’un champignon inconnu ou d’un gros crapaud dont les yeux brillent dans la nuit, s’il vous plaît, abstenez-vous de les lécher », peut-on lire dans un post Facebook de l’institution.

Des usines à psychotropes sur pattes

« Ces crapauds ont des glandes parotides qui sécrètent une violente toxine. Elle peut vous rendre malade si vous manipulez l’animal, ou portez le poison à votre bouche », explique l’auteur du texte. Ce qu’il s’abstient de préciser, en revanche, c’est la raison pour laquelle certaines personnes se livrent à cette drôle d’activité malgré le risque.

© Secundum naturam – Wikimedia Commons

Car la substance en question, appelée 5-methoxy-N, N-dimethyltryptamine (ou 5-MeO-DMT) n’est pas seulement un poison ; c’est aussi un psychotrope très puissant qui déclenche de violentes hallucinations. Sa forme synthétique, simplement surnommée DMT, est classée parmi les stupéfiants illégaux dans de nombreux pays, dont la France.

Cette propriété, l’humanité en est peut-être consciente depuis très longtemps. Ces crapaud sont très régulièrement représentés dans des œuvres d’art méso-américaines vieilles de plusieurs milliers d’années ; même si cette version est contestée par de nombreux spécialistes, d’autres estiment que la 5-MeO-DMT aurait été utilisée dans le cadre de cérémonies et rituels chamaniques depuis la nuit des temps (voir ce papier de recherche).

Une pratique récréative qui commence à dégénérer

Mais ce qui est certain, en revanche, c’est que cette substance a rapidement gagné en popularité auprès des amateurs d’expériences psychédéliques récréatives. Le média américain explique qu’au pays de l’Oncle Sam, elle est revenue sur le devant de la scène quand des  personnalités de premier plan (comme Mike Tyson ou Joe Rogan) ont publiquement admis avoir pris de la 5-MeO-DMT.

Résultat des courses : les services de protection des animaux doivent désormais protéger Incilius alvarius contre des hordes de particuliers qui cherchent à les lécher pour s’offrir une expérience similaire. À tel point que la situation commence à inquiéter les services de protection des animaux, alors qu’il s’agit pourtant d’une espèce assez répandue.

« Il y a une impression d’abondance, mais quand vous commencez à retirer un grand nombre d’individus d’une même espèce, leurs nombres vont s’écrouler comme un château de cartes à partir d’un certain seuil », explique Robert Vila, un herpétologiste américain interviewé par le New York Times.

Le même intervenant explique que certains individus ont même commencé à en faire un véritable trafic ; elles sont parfois capturées en masse pour fonder de véritables « fermes à DMT ». Cette situation propice à la prolifération des pathogènes augmente encore la pression sur cette espèce.

Il est donc important de protéger cet animal ; car en plus d’être un acteur central de son écosystème, il présente aussi un intérêt en neurologie clinique. Des chercheurs explorent le potentiel thérapeutique de cette substance depuis plusieurs années. Il s’agit en effet d’un agoniste des récepteurs à la sérotonine, un neurotransmetteur fondamental dans la physiologie du cerveau. Mais son action globale est encore relativement mal comprise ; et certains scientifiques estiment qu’en jouant dessus avec de la 5-MeO-DMT synthétique, il serait possible de soulager, voire guérir certains troubles psychologiques.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Source : New York Times

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *