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La première usine spatiale au monde sera signée Thales Alenia Space

L’Europe se débat avec ses lanceurs, mais elle reste à l’avant-garde sur la conception des autres véhicules spatiaux.

En aérospatiale, l’Europe est toujours à la traîne du côté des lanceurs — il n’y a qu’à regarder du côté du lancement raté de Vega-C pour s’en convaincre. Mais en ce qui concerne les charges utiles et les instruments, elle dispose d’une expertise reconnue dans le monde entier qui donne vie à de beaux projets.

C’est notamment le cas de Thales Alenia Space (TAS). C’est un titan franco-italien de l’industrie spatiale qui a joué un rôle central dans des projets particulièrement ambitieux. Il a notamment conçu près de la moitié des volumes pressurisés de la Station Spatiale Internationale.

Plus récemment, il a été le grand artisan de l’instrument principal de SWOT, la « sentinelle de l’eau » qui va révolutionner l’hydrologie depuis l’orbite (voir notre article). C’est aussi l’acteur industriel principal du futur Lunar Gateway, un élément central du grand programme Artemis.

La coentreprise veut désormais ajouter une nouvelle corde à son arc avec une startup baptisée Space Cargo Unlimited. Elle sera chargée de gérer les opérations d’un nouvel engin construit par Thales Alenia Space, baptisé REV1.

Une plateforme polyvalente entre l’usine et le laboratoire

La firme le décrit comme une « plateforme spécialisée pour l’expérimentation et la fabrication dans l’espace ». L’objectif est d’en faire une structure autonome, sans équipage, au format standardisé. Elle sera donc compatible avec n’importe quel système de lancement. Il est aussi conçu pour être réutilisable ; la coentreprise espère qu’elle pourra supporter une vingtaine de missions de deux à trois mois.

TAS explique que cette structure de la taille d’une voiture sera capable d’embarquer environ une tonne de matériel. Une fois en orbite, REV1 fonctionnera en tandem avec le Reusable Orbiting Service Module, un second engin qui lui apportera un soutien logistique précieux.

Un rendu du REV1 adossé au module de service. © Thales Alenia Space

Elle pourra alors mettre en place des conditions de salle blanche, c’est-à-dire un espace stérile où la concentration des particules est surveillée de près pour éviter la contamination d’une expérience scientifique ou d’un processus industriel.

Cela permettra de l’utiliser pour des missions variées, mais très spécialisées. Dans un premier temps, TAS explique que cela permettra de conduire des travaux de recherche en lien avec les biotechnologies, l’industrie pharmaceutique, l’agriculture, et la science des matériaux.

Une plateforme de test au service de toute l’industrie

Au-delà de cette dimension scientifique, l’opérateur veut aussi faire participer son véhicule à la logistique globale de l’orbite. Nicolas Gaume, PDG de Space Cargo Unlimited, a expliqué que REV1 pourrait aussi accueillir des bancs d’essai pour tester des moteurs-fusées directement dans l’espace.

« La première cause de défaillance des satellites, c’est leur système de propulsion », indique-t-il dans un e-mail à SpaceNews. « La plupart de ces systèmes ne sont pas testés dans l’espace, et quand c’est le cas, ils ne reviennent jamais. Cela augmente considérablement le coût et la durée de développement des nouveaux moteurs », explique-t-il. « En offrant la possibilité de les tester rapidement, puis de les rapatrier, nous permettrons à tout notre écosystème industriel d’accélérer ».

L’Europe a encore des arguments dans l’espace

La mise en service du REV1 est prévue à l’horizon 2025. Il sera donc intéressant d’observer l’évolution du projet. En effet, tous les travaux en lien avec la logistique spatiale sont en train de devenir de plus en plus importants dans ce contexte de nouvelle course à l’espace. Si Thales Alenia Space et ses partenaires réussissent à s’imposer comme les leaders de cette nouvelle niche, il s’agira d’une excellente nouvelle pour l’aérospatiale européenne qui traverse une période très difficile.

En tout cas, cela prouve une nouvelle fois qu’à défaut de construire des lanceurs de pointe comme les Américains, le Vieux continent continue de produire des ingénieurs de grand talent avec de la suite dans les idées. En plus du projet de Thales, il sera aussi intéressant de suivre les progrès des jeunes pousses françaises comme Gama, Unistellar, Stratoflight ou HyPrSpace.

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Source : Thales Group

4 commentaires
  1. Bonsoir
    Il serait intéressant de créer un module qui utilise sont environnement pour fabriquer vue que sur l’orbite des différentes modules
    Il y a de nombreux éléments de lanceur qui sont à l’abandon
    Donc il pourrait être un recycler qui crée des comtenaire spéciaux avec tous ces déchets et une grosse imprimante 3D

    Merci

  2. Ariane 5 : peut être le lanceur le plus fiable et précis du monde. L’ATV, décrit comme le plus performant de tous les cargos spatiaux, doté d’une IA sans équivalent, Rosetta : les Européens réalise un exploit mondialement salué (sauf… en France), lancement du JWST par Ariane (si c’est pas une preuve de confiance ça, se voir attribué l’appareil le plus cher et attendu du monde entier) lancement si précis que la NASA a carrément pu doubler ses prévisions de durée de vie du téléscope (ils ont félicité ArianeGroup), participation à la moitié du vaisseau Orion, le programme majeur de la NASA pour l’exploration et d’abord la Lune… ARRÊTER DE METTRE SEULEMENT EN AVANT L’échec de VegaC !! On aime toujours aussi peu la réussite en France et s’apesantir à outrance sur un raté ! Pourtant, on en a surmonté bien d’autres et toujours très vite progressé. J’ai vraiment plus de respect pour les femmes et les hommes qui travaillent sur nos projets spatiaux malgré ce déplorable état d’esprit négatif, que pour ceux qui jouent les intelligents à grand renfort de critiques. Encourager plutôt la réussite et l’avenir de notre industrie spatiale, ne serait-ce que pour les emplois qu’elle procure de plus en plus et aussi pour reconnaître qu’il n’y a pas de raison de faire des complexes. Et je le dis avec affection pour nos partenaires historiques que sont les Américains. Chacun ses points forts c’est vrai.

  3. L’europe doit absument arriver a un lanceur réutilisable qui se repose sur terre FINI LA FUSÉE QUI PLOMB L’ESPACE ELLES DOIVENT REVENIR EN BON ETAT AVEC ENCORE DU CARBURENT.

  4. Faut pas trop vite aller a des conclusions réductrices. Vega C a beau avoir foirée, le seul lanceur capable de transférer le James web était européen et Ariane espace reste un poid lourd des lanceurs commerciaux. Les américains restent à la traîne malgré le fort recul des européen.
    Artémis n’est pas un lanceur commercial (bon à préciser au cas où…)

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