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Blue Origin veut produire de l’énergie solaire illimitée sur la Lune

La firme de Jeff Bezos a imaginé une technique qui permettrait de produire des panneaux solaires en utilisant seulement le régolithe lunaire et l’énergie du soleil. Une petite révolution.

Même si Blue Origin ne peut rivaliser avec SpaceX sur le terrain des lanceurs, elle ambitionne toujours de jouer un rôle central dans la conquête de l’espace et des planètes avoisinantes. La firme de Jeff Bezos vient peut-être de faire un pas significatif dans cette direction avec une innovation qui pourrait révolutionner la production d’énergie loin de la Terre.

Dans un communiqué, la firme décrit un nouveau système baptisé Blue Alchemist. Son objectif : utiliser les ressources brutes de la Lune pour produire des panneaux solaires directement sur place, sans le moindre matériel rapporté depuis la Terre. Une approche qui, selon ses concepteurs, permettrait « d’éliminer les contraintes d’énergie partout sur la Lune », rien que ça.

L’idée, c’est de partir du régolithe lunaire — la couche de poussière et de roche qui recouvre les zones géologiques plus profondes. Blue Origin a développé un nouveau type de réacteur qui permet de faire fondre ce matériel afin d’en extraire les éléments intéressants pour la fabrication. Cela permettrait notamment de construire de grandes quantités de panneaux solaires performants.

Comment ça marche ?

En effet, le régolithe lunaire est disponible en abondance et regorge de ressources intéressantes. Son exploitation est donc un enjeu majeur de la colonisation lunaire. Le problème, c’est qu’on ne peut pas s’en servir directement; dans la poussière de lune,   les métaux sont généralement liés à des atomes d’oxygène. On parle de formes oxydées, et malheureusement, elles ne peuvent pas servir à la fabrication. Tout l’enjeu, c’est donc d’arracher ces atomes d’oxygène pour arriver à des ressources utilisables.

Pour y parvenir, ils ont misé sur l’électrolyse. C’est un processus qui consiste à utiliser un courant électrique pour forcer des réactions chimiques qui n’auraient pas lieu spontanément. Dans certains cas, cela permet de briser des molécules pour en récupérer les différents constituants. Elle est par exemple très utilisée en métallurgie pour l’extraction et la purification des minerais bruts.

une photo du prototype de réacteur Blue Alchemist en fonctionnement
Le réacteur Blue Alchemist commence par faire fondre du régolithe lunaire. © Blue Origin

C’est exactement ce que cherche à faire Blue Origin sur la Lune avec son Blue Alchemist. Le réacteur commence par chauffer le régolithe à une température d’environ 1600 °C, soit environ 60 °C au-dessus du point de fusion du fer. Cette mixture est ensuite soumise à une électrolyse qui permet de scinder les métaux oxydés.

On récupère ainsi plusieurs produits intéressants, notamment du fer, du silicium et de l’aluminium. L’un des avantages de cette méthode, c’est que les matériaux ainsi produits affichent un haut degré de pureté. Blue Origin affirme par exemple qu’on peut récupérer du silicium pur à plus de 99,999 % à la sortie du réacteur.

Quels sont les avantages ?

Un score plutôt impressionnant. Car sur Terre, les processus industriels qui permettent d’atteindre ce degré de pureté impliquent des tas de réactifs extrêmement dangereux comme l’acide sulfurique ou le sulfure d’hydrogène. De plus, il faudrait aussi transporter ce matériel depuis la Terre puisqu’il n’est pas disponible sur la Lune. Une contrainte carrément rédhibitoire.

Le réacteur de Blue Origin ne peut pas rivaliser avec les processus industriels modernes en termes de rentabilité pure. Par contre, il peut se passer entièrement de ces réactifs. Sur le papier, le seul prérequis, c’est d’avoir accès à une grande quantité d’énergie qui peut être tirée directement du soleil. Un avantage énorme pour la conquête de notre satellite.

Ces métaux produits directement à partir du régolithe serviront ensuite à fabriquer des panneaux solaires. Le silicium est  utilisé pour produire des cellules photovoltaïques. L’aluminium, de son côté, sert à la structure et au câblage. Sur le long terme, cela permettrait ainsi de produire une quantité d’énergie virtuellement « illimitée » qui pourra alimenter les bases lunaires de demain pendant de longues années.

Les bulles d'oxygènes produites par la réaction dans le réacteur Blue Alchemist
Sur cette image, on distingue les bulles d’oxygène produites lors de la réaction. © Blue Origin

Ce procédé présente aussi un autre avantage majeur dans ce contexte. Car en plus des métaux, il est aussi possible de récupérer l’oxygène qui a été arraché aux oxydes métalliques. Il peut ainsi être réutilisé directement. De quoi permettre aux futurs colons de respirer, ou d’alimenter divers systèmes de propulsion.

Une petite révolution

Blue Origin n’a pas encore communiqué sur le rendements de ces panneaux. La firme reste d’ailleurs très discrète sur les caractéristiques techniques du processus. Mais elle affirme tout de même en avoir validé toutes les étapes. À partir d’un simili-régolithe lunaire reconstitué artificiellement (pas question de sacrifier la précieuse poussière de Lune ramenée par les astronautes pour tester un réacteur), ils ont réussi à séparer les différents constituants, puis à produire des cellules photovoltaïques et des câbles sans utiliser aucun matériel supplémentaire.

Et même si l’annonce était étonnamment discrète, il s’agit d’un grand succès aux implications profondes. Le fait de produire un moyen de production d’énergie en n’utilisant rien d’autre que de la poussière de Lune et de l’énergie solaire est un grand pas en avant, et Blue Alchemist pourrait jouer un rôle déterminant dans les futures colonies lunaires.

On peut s’attendre à ce qu’un prototype de ce réacteur hérite d’une place à bord d’une future mission à destination de la Lune, certainement dans le cadre du programme Artemis. S’il se comporte comme prévu, il s’agira d’un atout majeur dans la conquête de notre voisine.

Le dernier point intéressant, c’est que cette technique affiche même un potentiel non négligeable pour les terriens. Elle n’est pas encore exploitable en tant que telle, car l’électrolyse nécessite une quantité d’énergie trop importante pour être compatible avec les besoins de l’industrie. Mais l’idée méritera tout de même d’être explorée.

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1 commentaire
  1. Il y’a tellement de “plot holes” dans cette “technologie” que je ne sais même pas par quoi commencer… je laisse donc tomber.

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