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SpaceX écope d’une amende pour non-respect des règles de lancement

La firme d’Elon Musk s’en sort avec une tape sur les doigts après avoir sciemment ignoré un point très important de la procédure de lancement.

Elon Musk est un fonceur, ce n’est un secret pour personne. Et cela conduit parfois SpaceX à prendre des libertés avec la réglementation en vigueur. Reuters a révélé récemment qu’en août 2022, l’entreprise a violé une règle très importante de la Federal Aviation Administration (FAA), l’agence gouvernementale qui gère le trafic aérien aux États-Unis.

Avant chaque lancement, les opérateurs tels que SpaceX doivent s’astreindre à un protocole réglementaire assez contraignant. En plus d’obtenir les autorisations de vol, ils doivent aussi fournir une analyse détaillée de la trajectoire à la FAA au moins une semaine à l’avance.

L’objectif est de vérifier qu’il n’existe aucun risque significatif de collision entre le véhicule et les nombreux objets déjà présents dans l’atmosphère et l’orbite terrestre. Pour avoir le droit de décoller, l’opérateur doit être en mesure de prouver que la probabilité d’un impact est inférieure à 1 / 100000 (ou 1/1000000 dans le cas des vols habités),

C’est donc une précaution déjà fondamentale en temps normal qui devient de plus en plus importante à une époque où le trafic aérien et orbital augmente à une vitesse vertigineuse. Mais certains se sentent apparemment plus concernés que d’autres.

SpaceX n’a pas fourni son analyse de collision à la FAA

Reuters explique qu’en août 2022, la firme a procédé au lancement d’un Falcon 9 qui a déployé une nouvelle fournée de satellites Starlink. Et elle a tout simplement omis de rendre cette analyse à la FAA avant de le faire.

Cela ne veut pas dire que SpaceX a complètement ignoré les analyses de trajectoire nécessaires. Chaque lancement représente un investissement conséquent, et il serait très étonnant que l’entreprise n’ait pas assuré ses arrières. Il n’y avait donc probablement pas de véritable risque de collision.

Mais avec cette auto-dispense arbitraire, elle établit tout de même un précédent assez inquiétant. En substance, SpaceX clame haut et fort qu’elle n’a aucun scrupule à faire une entorse au règlement lorsqu’il est incompatible avec sa feuille de route. Et la réaction des autorités ne va probablement pas y changer grand-chose.

En effet, la FAA a proposé une amende de… 175 000 $. À titre de comparaison, d’après une analyse de PayloadSpace, l’entreprise a généré 2,27 milliards de dollars de revenus en 2022 rien qu’avec ses lanceurs. La constellation Starlink, de son côté, aurait rapporté 980 millions. Dans l’absolu, cette amende n’est donc qu’une simple tape sur les doigts que SpaceX peut parfaitement se permettre d’ignorer – voire même de budgéter.

Une amende négligeable pour SpaceX

Et c’est un gros problème. Certes, on peut faire confiance aux calculs des ingénieurs très compétents de SpaceX. Mais les régulateurs comme la FAA ne sont pas là pour décorer. Il est très important d’avoir un second organe de contrôle et de respecter les procédures. Autrement, il deviendra très difficile de coordonner les lancements des différents acteurs industriels.

Si tous les opérateurs se mettaient à contourner la FAA de cette façon, on pourrait arriver à une situation complètement anarchique. Et le risque de collision augmenterait donc de façon significative. Or, un événement de ce genre pourrait avoir des conséquences désastreuses. Non seulement pour SpaceX, mais aussi pour tout le reste de l’industrie.

Dans l’espace, les débris issus d’une collision voyagent à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres par heure. Ils représentent donc une menace très concrète pour les autres véhicules et satellites. Si ces derniers sont touchés, même par un minuscule fragment, ils peuvent facilement être pulvérisés sur le coup. Cela produit alors un nouveau nuage de débris… et ainsi de suite.

Plus il y a d’objets en orbite, plus le risque de réaction en chaîne devient important. Et avec l’augmentation actuelle du nombre de satellites, on voit même apparaître le spectre du syndrome de Kessler. Il s’agit d’un scénario catastrophe où une vaste réaction en chaîne produirait une immense quantité de débris, jusqu’à priver l’humanité de son accès à l’espace.

Fort heureusement, nous n’en sommes pas encore là. Mais le fait que la firme d’Elon Musk prenne ce genre de libertés n’incite pas à l’optimisme; on attend aussi du leader incontesté du secteur qu’il montre l’exemple. Il faut donc espérer SpaceX saura prendre ses responsabilités à l’avenir. Et tant pis si cela implique de prendre un peu de retard sur ses objectifs.

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2 commentaires
  1. Space x devrait, construire dans la zone 51 , il n’aurait plus de compte a rendre au rond de cuir de la FAA

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