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Un champignon mortel sème le chaos dans les hôpitaux américains

La montée en puissance préoccupante de Candida auris remet un coup de projecteur sur le gros problème de la résistance des micro-organismes aux traitements.

Lorsqu’on se rend à l’hôpital, c’est généralement pour faire soigner une maladie grave ou une blessure sévère. On s’attend donc à en repartir en meilleure santé qu’à l’arrivée. Mais même les établissements de santé peuvent être pris d’assaut par des micro-organismes dangereux.

Aux États-Unis, l’un de ces pathogènes commence d’ailleurs à semer la zizanie dans les centres de soin, à tel point que les autorités ont été forcées de réagir. Dans un communiqué de sensibilisation repéré par Futura, le Center for Disease Control and Prevention (CDC) a tiré la sonnette d’alarme auprès des professionnels de santé.

L’objet de cette publication, c’est Candida auris, un champignon qui colonise les hôpitaux américains à une vitesse préoccupante. En règle générale, cette souche n’est pas franchement menaçante pour les personnes en bonne santé.

En revanche, pour les personnes très affaiblies et/ou immunodéficientes, c’est une autre histoire. Dans ce cas de figure, le risque d’infection et de complications est nettement plus important. Et c’est un gros problème, sachant que le taux de mortalité devient très élevé dans ce contexte. Or, les hôpitaux sont par définition remplis de patients qui correspondent à ce profil. Ils sont donc des terrains de chasse fabuleux pour C. auris.

Un champignon très contagieux et résistant

C’est également le cas pour des tas d’autres micro-organismes qui ne posent pas forcément de problème. En général, ces infections peuvent être contenues grâce aux protocoles sanitaires en vigueur. Dans le pire des cas, il existe généralement des traitements pour s’en débarrasser… mais lorsque ce n’est pas le cas, on se retrouve alors dans une situation extrêmement compliquée. Et c’est précisément ce genre de problème que C. auris pose aux praticiens américains en ce moment.

Lorsque le champignon est apparu pour la première fois dans le pays en 2016, les médecins ont commencé à le traiter normalement. Mais il a continué de se propager, ce qui a forcé les hôpitaux à administrer de plus en plus de médicaments.

Or, le cycle de vie des micro-organismes est immensément plus court que le nôtre. Cela signifie que le brassage génétique est nettement plus important que dans notre espèce, et cela a une conséquence très importante. Puisque les individus qui ont survécu au traitement transmettent à chaque fois leur résistance à leur descendance, on se retrouve donc avec une population qui est aujourd’hui presque invulnérable aux traitements connus…

un patient sous perfusion dans un hôpital
© Olga Kononenko – Unsplash

Le nombre d’infections augmente rapidement

Candida auris continue donc sa marche en avant. Depuis 2016, près de 3300 cas d’infection en contexte hospitalier (on parle d’infections nosocomiales) ont été attribués au champignon. Il a aussi été retrouvé chez près de 7500 patients sans signe évident d’infection.

Au-delà des chiffres bruts, c’est plutôt la tendance qui inquiète le CDC. En effet, la courbe a connu une accélération foudroyante ces dernières années. Selon l’institution, le nombre de patients infectés par des souches résistantes aux antifongiques a carrément triplé en 2021.

L’institution a proposé quelques pistes pour lutter contre cette propagation incontrôlable. Elle veut notamment augmenter le nombre de laboratoires capables de réaliser les tests nécessaires et renforcer la surveillance autour du champignon. Cela permettra peut-être de réduire le nombre d’infections à Candida auris… mais ça ne permettra pas de régler le problème de fond.

Une menace existentielle souvent sous-estimée

En effet, cette souche est très, très loin d’être la seule à développer ainsi des résistances au traitement. C’est un phénomène déjà documenté depuis longtemps, et pas seulement chez les champignons. On peut par exemple citer le tristement célèbre Staphylocoque doré (Staphylococcus aureus), une bactérie qui a développé des résistances à tout un tas d’antibiotiques.

C’est en partie pour cette raison que les autorités de santé demandent aux médecins d’éviter de prescrire systématiquement des antibiotiques lorsque ce n’est pas indispensable, car cela contribue au développement des résistances chez les bactéries.

Car le vrai problème, c’est que la recherche n’arrive plus à suivre le rythme. Alors que ces résistances apparaissent de plus en plus fréquemment au fil des générations, le temps de développement de traitements augmente au même rythme au fur et à mesure que les nouvelles pistes thérapeutiques s’épuisent.

Puisque l’industrie pharmaceutique ne peut tout simplement pas sortir une nouvelle molécule de son chapeau tous les mois, il faut absolument trouver d’autres approches pour freiner l’apparition de ces résistances.

Une vue d'artiste d'une bactérie
© Center for Disease Control and Prevention

À terme, nous verrons peut-être apparaître des solutions révolutionnaires à ce problème grâce à l’ingénierie génétique. Mais en attendant, la priorité absolue, c’est d’abord de protéger le public contre les infections. Cela permet de ne pas exposer les micro-organismes au traitement afin qu’ils n’aient pas l’opportunité de développer une résistance.

Mais cette stratégie ne fonctionnera pas éternellement, même si elle est appliquée consciencieusement. Il sera donc intéressant d’observer la réaction des autorités de santé au problème posé par Candida auris. Avec un peu de chance, la montée en puissance du champignon conduira à l’apparition de nouvelles techniques susceptibles d’endiguer ce problème de santé publique majeur.

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2 commentaires
  1. Surtout une montée en puissance des dépistages et du nombre de personnes hospitalisées pendant la grosse période Covid aux USA sous la magnifique présidence éclairée de Trump (hum hum). On voit plein de gros titres qui surfent sur la vague Last of us à propos de ce Candida Auris, mais en vrai, la situation n’a pas bougé d’une spore. C’est juste que les chiffres sont plus précis. Un peu comme avec la 1ere vague de Covid en France, où on ne dépistait rien, et la deuxième où on dépistait tout le monde. Ça fait des gros chiffres qui font bien peur à ceux qui ont arrêté les math en maternelle (on me dit dans l’oreillette qu’ils seraient nombreux).

  2. La série Succession a repris ! Et si on parlait des ultra riches et de leurs sbires gouvernementaux qui les soutiennent ? Car pour l’instant le seul ruissellement c’est celui qu’on a eu à la raie.

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