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Après Agatha Christie et Roald Dahl, la France veut faire interdire les “réécritures idéologiques”

Une nouvelle proposition de loi visant à protéger les réécritures idéologiques vient d’être déposée par un député républicain. Objectif : sauver Agatha Christie, Ian Fleming et Roald Dahl du wokisme.

La réécriture des textes classiques pourrait être légalement interdite en France. Ce 10 mars 2023, le député républicain Jean-Louis Thiériot a déposé une proposition de loi visant à “protéger l’intégrité des œuvres des réécritures idéologiques“. Derrière ce texte repéré par le journaliste Marc Rees, l’élu dénonce “la pression du mouvement wokiste et de la cancel culture“, et la transformation de plusieurs textes anglophones pour les délester de certaines références racistes, sexistes ou homophobes.

Agatha Christie et Roald Dahl sont-ils des victimes du wokisme ?

Depuis déjà quelques années, la réécriture des textes classiques fait débat. En France, le sujet s’est d’abord cristallisé en 2020 autour du roman d’Agatha Christie Ils étaient dix, anciennement connu sous le nom Les dix petits nègres. Début 2023, c’est au tour de Roald Dahl et de Ian Fleming — l’auteur de James Bond — d’annoncer la modification de leurs textes originaux. Une évolution naturelle et logique pour certains, glissante pour d’autres, qui dénonce la victoire de la cancel culture.

Il faut dire que le sujet suscite de nombreuses tensions. D’un côté, les maisons d’édition et les ayants droit des textes concernés — quand il ne s’agit pas des auteurs eux-mêmes — valident ces changements, pour supprimer certains passages jugés offensants. De l’autre, les détracteurs de cette réécriture craignent l’effacement pur et simple de textes jugés non conformes à nos mœurs contemporaines.

La France n’aime pas réécrire les histoires

En France, cette réécriture idéologique ne passe pas. Le titre francophone du roman d’Agatha Christie compte parmi les derniers à avoir été modifié, et les universitaires s’insurgent déjà contre la réécriture possible des traductions de James Bond et des romans jeunesse de Roald Dahl. Pour lutter contre cet “effacement des contrariétés“, le texte de loi propose ainsi d’inscrire dans le code de la propriété intellectuelle que “le droit de repentir et de retrait ne se transmet pas aux héritiers du droit moral de l’auteur“.

Concrètement, le projet de loi républicain entend mettre fin à la transmission d’une partie des droits de propriété intellectuelle entre l’auteur et ses ayants droit, afin de garantir “la conservation du lien inhérent et exclusif entre l’auteur et son œuvre et que jamais un juge ne puisse dans l’avenir accepter que des héritiers du droit moral d’un auteur s’arrogent le droit de modifier l’œuvre de son auteur selon leurs propres opinions influencées par l’air du temps“.

Reste que si l’on prend l’exemple de Roald Dahl, bon nombre de modifications ont été réalisées du vivant de l’auteur. L’auteur de Charlie et la Chocolaterie avait notamment accepté en 1970 de transformer les Oompa Loompa originaux — esclaves et noirs — en personnages blancs et employés.

Pour le moment, la proposition de loi a simplement été déposée à la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Cette dernière jugera ensuite de sa recevabilité, puis pourra être inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée, en vue de sa potentielle adoption.

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24 commentaires
  1. Le wokisme n’est rien d’autre que du fascisme 2.0: interdire, réécrire, effacer et imposer leur vision totalitaire et gare à celui qui s’y oppose il sera châtié sur la place publique 2.0 (aka online).

  2. Personnellement je suis contre les réécritures. De quelques sortent quelle soit.
    Qu’on aime ou pas œuvres qu’on les trouve ou pas offensantes avec nos standard actuelle. Il reste quelle sont un témoins de leur époque.

    A mon sens la meilleur solution serais de simplement mettre un trigger warning au début, détaillant à quel époque l’œuvre à été réaliser et quel sujet potentiellement offensant s’y trouve.
    On peut de ce fait conserver l’œuvre original tout en prenant en considération les sensibilités de chacun.

  3. La publication de “Mein kampf”, pamphlet au combien problématique, a été autorisé sans réécriture, mais les éditeurs ont jugé bon de remettre le contexte dans une préface. Je trouve que c’est un bon moyen de prévenir le lecture que les époques, les mentalités, les environnements ont changé et que la lecture d’un ouvrage doit se faire en connaissance de cause et non adapté à l’époque dans laquelle on vit.
    Si un jour, on fait la connaissance d’extra-terrestre, est ce qu’il faudra réécrire ET ? la Guerre des Etoiles ? Mars Attck ? juste pour ne pas froisser Alien ?

  4. Tout à fait d’accord sur le fait que le principe de la réécriture des œuvres selon les critères d’un groupe d’influence est une forme de fascisme, ou totalitarisme contemporain.
    Et c’est dangereux car insidieux. On clive la société entre les progressistes pour qui il n’y a pas d’animaux sauvages dangereux, de couples hétéro majoritairement heureux etc.. et les arrièristes dégénérés se complaisant dans le racisme et la haine de l’autre.
    Et ce sont les prémices de la guerre.

  5. Perso, je suis autant contre le fait d’interdire les textes originaux, que contre interdire leur réécriture. Chacun lit ce qu’il veut. Tant que toutes les versions restent disponibles, que le livre affiche clairement “texte original” ou “texte révisé” et que les auteurs ou ayant droit ont autorisé leur réécriture. Cette nouvelle loi semble être bien fondée, elle ne touche pas au droit moral de l’auteur, qui peut encore retirer ou modifier son œuvre s’il est mal à l’aise avec elle, elle ne retire pas à ses ayants droits le pouvoir d’autoriser une réécriture, et elle leur retire juste le droit de retirer la première version au profit exclusif de la deuxième. Tout le monde est gagnant. Sauf ceux qui auraient une approche totalitarisante de leurs opinions, et veulent les imposer à la manière fasciste.

  6. Bravo pour cette proposition de loi ! Il est temps de lutter contre le totalitarisme woke sous tous ses aspects (le fascisme n’est pas là où les braillards de rue et les militants pavloviens le disent).
    Sinon, il faudra bientôt censurer aussi les tableaux des musées, comme lorsque les puritains de jadis rajoutaient des feuilles de vigne pour voiler les nudités.
    No pasaran !!!

  7. Enfin une proposition de loi intelligente qui ne cède pas aux fascistes 2.0 !

    Pour les schtroumpfs ça a déjà été fait, les schtroumpfs noirs on été changés en violet parce que c’était “offensant”

  8. Ces modifications n’ont rien d’idéologiques. Elles sont purement financières, et n’ont pour but que la conservation des droits à l’échéance du passage dans le domaine public.
    Alors arrêtez vos arguments débiles ” C’eSt LeS mÉcHaNtS wOKeS oN pEuT pLuS rIeN dIrE”
    Le ” wokisme” dont vous parlez à tout va, ce n’est qu’une invention de l’extrême droite, un épouvantail qu’ils brandissent pour vous manipuler

  9. Je suis parfaitement d’accord avec Rebel o conner, enfin un message intelligent et qui ose rappeler des choses factuels !

  10. J ai la même haine pour les wokes que pour tous les autres terroristes, à classer dans le même panier

  11. Loi éthique essentielle protégeant les oeuvres et la mémoire de leurs auteurs. Des notes contextualisantes suffisent. Va t on réécrire toutes les oeuvres de la littérature susceptibles d’ “offenser” les femmes ??? Il y en a tant !!! Suffit de lire Maupassant ! Moi en tant que femme, ses nouvelles me font pourtant marrer ! Faut se détendre, les woke.

  12. Merci à votre “journaliste” de bien vouloir éviter d’utiliser des termes comme “wokisme” si il ne les comprend pas. Woke n’est pas un gros mot et ce terme est très mal utilisé alors que c’est un mot positif propre à la justice sociale et face aux inégalités.
    La presse et sur l’ED se le sont appropriés sans le comprendre pour parader sur les RS avec un nouveau gros mot.
    Là ce qu’il se passe est de l’ordre de la cancel culture et du révisionisme, rien à voir avec le wokisme.

  13. Au cas où, j’ai racheté quelques exemplaires des “10 petits nègres”, en français et en anglais.

    Pour ceux qui connaissent : a quand un changement de titre de “Rue Case-Nègres” ? 🤣🤣. On n’est plus à une kon**rie près.

  14. Quand le remède est pire que le “mal”, vouloir faire croire à un passé semblable au présent et empêcher la prise de conscience de l’évolution des mentalités n’est-il pas un sale mensonge?

  15. Distribution de points Godwin…
    Utiliser le terme woke serait un signe d’aimer la petite moustache brune…
    Justement, nous les petits fachos qui ne sommes pas en accord avec vos idées de cancel culture, de traiter systématiquement de fachos toutes pensées différentes à votre vision khmers ou maoïste de la société, n’en pouvons plus de vos discours.
    Vos idées semblent être les seules acceptables, et il n’y a pas d’autres alternatives…
    Ce qui le fait le plus tire, c’est que vous suivrez le même chemin que vos ancêtres, et deviendrez les plus réactionnaires, l’âge avançant..

    Signé un hétéro, blanc (donc non racisé), de plus de 50 ans. La pire espèce sur terre..

  16. ridicules , C comme la supression des saints du jour dans les annonces tv des jounaux meteo etc…… je me demande si dans certains pays ils sont prêts à en faire autant………..

  17. Le plus navrant dans cette histoire, c’est de devoir légiférer pour obtenir quelque chose qui non seulement tombe sous le sens mais qui, de plus, est prévu par les textes sur le plagiat. Les pousse-étrons qui pratiquent la chose ont du fric à se faire avec, leurs bouses sont considérées comme des “œuvres” à part entière… Les éditeurs de papelard broché y trouvent leur compte aussi.

    Moi, j’entartine le paf de tous ces trouducs. Le monde littéraire est pourri, alors je n’ai aucun scrupule : ma “mule” me ramène des ebooks au format .epub. En ce moment, je me délecte en lisant “Bagatelles pour un massacre” et je défèque dans la bouche des bien-pensants parce que les auteurs que je lis sont tous morts, donc je ne fais de tort à personne.

  18. Tout à fait d’accord, protégeons ces oeuvres littéraires.
    Préparer une lois aussi pour les tableaux, ce sera bientôt à leur tour de subir des transformations.

  19. “Le Journal d’Anne Frank”, lu dans tous les collèges de France depuis des décennies, est censuré depuis toujours ! Les passages sur la sexualité, par exemple, ont été sucrés. Bref, aucun élève n’a jamais pu lire la vraie version.

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