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WandaVision : l’utilisation de doublures numériques inquiète les figurants

Les figurants d’Hollywood craignent que l’intelligence artificielle ne fasse à terme disparaître leurs métiers.

Depuis le 14 juillet dernier, le syndicat des acteurs hollywoodiens a décrété une grève à durée indéterminée. Comme les scénaristes, la SAG-AFTRA milite pour une revalorisation des salaires. De nombreux acteurs et actrices ne gagnent à l’heure actuelle pas assez pour pouvoir profiter d’une couverture sociale. Pour autant, ce volet n’est pas le seul que l’organisation entend aborder avec les représentants des principaux studios et plateformes. L’émergence des technologies liées à l’intelligence artificielle inquiète de nombreuses professions du septième art.

Pour les comédiens, c’est l’utilisation de doublures numériques qui est pointée du doigt. Si la démarche peut sembler futuriste, Hollywood a déjà fait appel au procédé à de nombreuses reprises. Parmi les acteurs de second plan recréé intégralement numériquement, on peut citer Carrie Fisher dans la saga Star Wars ou plus récemment Christopher Reeves dans The Flash. Mais le dispositif ne concerne pas uniquement les vedettes, il se démocratise particulièrement lorsqu’il s’agit de figurants ou d’acteurs et actrices de second plan. C’est ce que révèle NPR, le principal réseau de radiodiffusion public des États-Unis.

Quinze jours de tournage seulement

Le média a rencontré plusieurs comédiennes de la SAG-AFTRA pour évoquer avec eux l’IA et les conséquences que pourrait avoir une démocratisation de ces processus sur l’industrie. Le témoignage d’Alexandria Rubalcaba est particulièrement édifiant. L’actrice de 47 ans a été recruté pour le tournage de la série WandaVision à destination de Disney+. Après quatre semaines de tournage, elle a été invitée à se rendre dans une caravane pour s’adonner à un exercice assez peu commun.

Devant plusieurs caméras, elle a dû prendre plusieurs poses pendant une quinzaine de minutes. “Mains tendues, mains vers l’intérieur. Regarde dans cette direction, regarde de l’autre côté. Fais-nous voir ton air effrayé. Fais-nous voir ton air surpris”. Alexandria comme d’autres figurants, a été intégralement scannée pour permettre à Disney de créer à partir de son image des doublures numériques. Alors que la pandémie limitait le nombre de personnes sur les plateaux de tournage, la firme aux grandes oreilles a dû trouver de nouvelles solutions pour constituer les foules en arrière-plan de ses séquences.

Toute une profession en danger ?

La pratique, si elle n’est pas nouvelle, commence à largement inquiéter la profession. Les acteurs de second-plan craignent que ces nouveaux outils ne les écartent peu à peu du cinéma. Alexandria n’a par exemple été payée que 187 euros par jours pendant deux semaines avant que son double numérique ne soit utilisé pour le reste du tournage. L’actrice affirme n’avoir vu aucune mention sur son contrat de la manière dont son image pourrait être exploitée à l’avenir. Elle ajoute même n’avoir jamais donné son autorisation. “Et si je ne veux pas être sur MarioVision ou SarahVision ? Je crains que l’IA finisse par éliminer les acteurs d’arrière-plan. Nous n’aurons plus aucune utilité pour eux”.

Disney n’a de son côté pas répondu aux sollicitations de NPR. Alexandria précise en revanche qu’elle ne devrait pas percevoir d’argent supplémentaire si son double est réutilisé pour une autre production. Les studios avancent néanmoins que cet usage est réservé aux séries ou films pour lesquels la création d’un double-numérique a été actée. Concrètement, Alexandria ne devrait logiquement pas retrouver sa doublure dans une autre production Marvel.

Ce sentiment est partagé par d’autres sources interrogées par le média NPR. Ainsi, la SAG-AFTRA, comme la Writers Guild of America, demande qu’un cadre légal soit défini pour prévenir toute dérive. Dans une lettre adressée aux différents studios, le syndicat réclame que le droit de reproduire numériquement la voix ou le physique d’un artiste soit obligatoirement négocié avec la personne principale intéressée. “Vous ne pouvez pas nous imposer unilatéralement des conditions dans des contrats individuels qui prétendent accorder ces droits. Nous sommes en droit de négocier la rémunération et les conditions dans lesquelles ces droits sont accordés et utilisés”.

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