La semaine dernière, lors d’une interview pour Le Parisien, la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak estimait à propos de Frenchie Shore “On est à la limite de la pornographie“. Il faut dire que depuis son lancement il y a trois semaines, la télé-réalité la plus trash du PAF français cristallise les tensions. Avec son casting déjanté, ses scènes de sexe presque explicites et ses propos particulièrement crus, la nouvelle télé-réalité inspirée de l’émission américaine culte Jersey Shore fascine autant qu’elle inquiète.
Au point que la ministre entend désormais demander à l’Arcom, organisme résultant de la fusion du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) et Hadopi de prendre la main sur l’affaire, en régulant l’émission de télé-réalité. En réalité, l’Arcom n’a aucun pouvoir décisionnaire sur la diffusion de Frenchie Shore. De plus, si la question de la régulation mérite effectivement d’être posée, elle ne concerne en aucun cas l’existence même du programme diffusé sur MTV et Paramount+.
Découvrir Frenchie Shore sur Paramount+
Déconseillé aux moins de 16 ans
Le programme Frenchie Shore est diffusé sur deux canaux officiels : d’une part sur la chaîne MTV, connue pour avoir popularisé bon nombre de programmes de télé-réalité, et notamment la célèbre série des Shore (américains, britanniques ou encore brésiliens). De l’autre, l’émission est accessible sur la plateforme de SVOD Paramount+.
Concernant la diffusion du programme sur MTV, l’Arcom a bien un rôle à jouer en matière de régulation. Encore faudrait-il que le programme ne respecte pas les règles imposées par l’organisme. Frenchie Shore est déconseillé aux moins de 16 ans, et s’offre une diffusion en seconde partie de soirée, après 23 heures. Une décision conforme à la législation française donc, puisque celle-ci interdit la diffusion de programmes déconseillés aux moins de 16 ans avant 22h30.
Concernant Paramount+ enfin, l’Arcom a confirmé dans une interview pour Franceinfo qu’elle n’avait “pas compétence pour réguler l’émission ou empêcher sa diffusion“. Les plateformes de streaming échappent encore au joug de l’autorité médiatique, et bien que le programme soit diffusé en France, Paramount+ est établi à l’étranger.
Et sur les réseaux sociaux ?
Derrière la régulation de Frenchie Shore, il est surtout question de protéger les mineurs, qui n’ont pas échappé aux aventures sexuelles d’Ouryel, Kara et Tristan sur les réseaux sociaux. Les frasques des candidats de télé-réalité sont devenues populaires, notamment via TikTok, ou le hashtag #frenchieshore cumule plus de 250 millions de vues.
Face à la nouvelle pieuvre médiatique que sont les réseaux sociaux, et contrairement aux propos de la ministre, l’Arcom n’a toujours pas de rôle à jouer. L’autorité de régulation souligne aussi qu’elle n’a “pas non plus compétence pour réguler la diffusion de contenus sexuels sur les réseaux sociaux“. Sur Internet, son seul champ d’application se limite pour le moment à “s’assurer que les éditeurs de sites pour adultes veillent à rendre l’accès à leurs services impossibles pour les mineurs“, conformément au projet de loi SREN récemment adopté.
Frenchie Shore n’est pas le problème
Le 22 novembre dernier, le président de l’Arcom Roch-Olivier Maistre a annoncé l’envoi d’un courrier à ses homologues tchèque et allemand (pays où est hébergé Paramount+), en leur demandant l’ouverture d’une enquête sur Frenchie Shore, notamment au regard du droit applicable dans leurs pays en matière de “respect et de protection de la dignité humaine” et de “protection des mineurs“, garantis par une directive européenne sur les médias audiovisuels datant de 2010.
En réalité, Frenchie Shore n’est pas le problème. L’émission respecte ses obligations légales en matière de diffusion, et le fait qu’elle flirte avec la pornographie n’y change rien. Ce qui est problématique en revanche, c’est la manière dont le programme, pourtant interdit aux moins de 16 ans, se retrouve à la vue de très jeunes internautes sur les réseaux sociaux, sans aucun contrôle. De la même manière que la pornographie en tant que telle n’est pas le problème lorsqu’il est question de protection des mineurs, c’est l’accès de contenus interdits aux plus jeunes sur des réseaux sociaux à des enfants qui doit inquiéter. L’idée d’une majorité numérique fixée à 15 ans est une solution envisageable, mais elle est pour le moment “suspendue à une appréciation de la Commission européenne“.
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Chaque jour on découvre la débilité humaine et elle est très vaste, donc il en faut pour tout les gouts, les teubés y compris puisqu’ils sont légions…