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Si Palworld est nul, pourquoi on l’aime autant ?

Palworld attise autant la haine que l’enthousiasme dans le monde du jeu vidéo. Décryptage de la tendance du pardon facile.

Nous n’avons plus besoin de vous présenter Palworld. Ce jeu de survie compacte en un seul titre plusieurs inspirations flagrantes, dont une plus que les autres. Souvent affublé du nom “Pokémon-like”, Palworld est peuplé de créatures à la fois mignonnes et agressives, dont le design nous rappelle celles de Game Freaks. Bien qu’une enquête ait été ouverte au sujet d’un possible plagiat, ce n’est pas la seule thématique qui se trouve au cœur des discussions entre joueurs.

Sur les réseaux, les gamers sont en réalité partagés en deux camps : ceux qui adorent le jeu, en sont à plus de 50 heures en seulement deux semaines, et ceux qui le méprisent pour son gameplay simpliste et ses reprises de nombreuses franchises, en plus de sa jouabilité parfois terrible en multijoueur. Avec quelques heures de jeu à notre compteur, on doit avouer se situer dans les deux catégories. Il faut avouer que Palworld est décevant, mais il est addictif.

Une recette qui a bien changé

Pour qu’un jeu soit bon, il lui faut plusieurs ingrédients. Lors de leur création, seules la qualité des mécaniques et l’innovation pouvaient faire une différence tant les artifices n’étaient pas permis. Mais avec l’avènement de la technologie et la complexification du développement, les jeux vidéo sont désormais des produits qui empruntent à plusieurs formes d’art (musique, cinéma, littérature, peinture, etc) tout en devenant des vitrines technologiques de plus en plus pointues.

Palworld ne fait pas exception à ces nouveaux critères, et se place étonnement mal sur tous les plans. Le gameplay n’a rien d’innovant, l’esthétique du jeu est tout juste correcte, d’autant plus que les joueurs Xbox disposent d’une version déplorable comparée à celle des utilisateurs sur Steam. En multijoueur, les bugs sont innombrables, le jeu arrive à crasher toutes les 20 minutes et les donjons sont tout simplement injouables.

Beaucoup critiquent sa morale douteuse concernant l’exploitation des animaux, l’esclavagisme ou encore la zoophilie. Sur la page Steam du jeu, on constate que l’humour noir est bien présent. S’il ne nous reste plus qu’à espérer que les partis pris du studio relèvent plus du second degré et de la satire, on doit tout de même admettre qu’un jeu vidéo se veut rarement le reflet d’une société idéale.

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“Ne vous en faites pas ; le droit du travail ne s’applique pas à ces créatures.” © Pocketpair

Un succès indomptable… mais pourquoi ?

Malgré tous ses défauts, Palworld comptabilise presque 20 millions de joueurs au total, dont un million de joueurs actifs en simultané en moyenne. Les deux tiers d’entre eux ont acheté le jeu, tandis que le tiers restant profite de la version incluse dans le Game Pass. Ce sont des chiffres de ventes impressionnants pour un titre qui n’a que deux semaines et demie d’existence. Là où Palworld réussi à nous avoir est sur l’efficacité de sa recette, qui combine le savoir-faire de plusieurs autres jeux au point de créer une expérience unique.

Lier les Pokémon à un jeu de survie, il fallait y penser. Ce n’est certainement pas Nintendo, Game Freaks ou The Pokémon Company qui en ont eu l’idée. Le gameplay de leur propre franchise n’a presque pas bougé depuis des années, bien que l’environnement ait lui évolué, au même titre que les générations de créatures. Le génie du studio réside donc dans cette balance entre le gameplay des licences Pokémon, Ark ou encore Breath of the Wild.

Évidemment, une esthétique avec des monstres mignons dont on peut faire la collection augmente les chances d’attirer des joueurs, et surtout d’aller chercher dans l’immense base de fans de Pokémon. Mais il faut avouer que la perspective de les utiliser, de les chouchouter ou même de leur construire un petit nid douillet est un argument de vente presque imbattable, surtout pour les joueurs occasionnels. Ajoutez à cela que les bons jeux multijoueur cross-platform se font assez rares, et vous obtenez un succès automatique. Pourtant, des jeux bien mieux réalisés et avec des idées novatrices ont été condamnés pour des défauts bien moins importants au cours de ces dernières années.

Palworld (4)
© Pocketpair

Quelle suite pour le studio ?

En 2024, le jeu vidéo n’a donc visiblement plus besoin d’être innovant pour être populaire. Il n’a même pas besoin d’être abouti en vérité. La recherche de l’originalité passe aussi par des collages intelligents de choses qui existent déjà car, en 40 ans d’existence, qu’est-ce qui n’a pas déjà été fait ? Cela ne nous assure pas qu’il sera bon, mais tant que les joueurs s’amusent, se rassemblent et que le studio fait du chiffre, il semble que les cases importantes soient cochées. Entre la qualité et la popularité, Pocketpair a fait son choix.

Le même succès ne frappera en revanche peut-être pas le prochain titre du studio. Never Grave : The Witch and The Curse s’annonce déjà comme un Hollow Knight multijoueur, aux environnements et monstres visuellement similaires au jeu original. C’est une chose de s’attaquer à une franchise vieillissante qui ne manque pas de frustrer ses joueurs depuis des années, c’en est une autre de vouloir cloner un des jeux indépendants les plus populaires et récompensés de l’industrie.

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