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Ukraine : Elon Musk nie avoir vendu des terminaux Starlink à la Russie

L’état-major ukrainien affirme que les troupes russes ont de plus en plus tendance à utiliser la constellation Starlink, et s’interroge sur la façon dont ses opposants se sont procurés ces terminaux qui leur procuraient jusque là un avantage décisif.

Starlink, le système d’Internet par satellite de SpaceX, se retrouve encore une fois au cœur d’une polémique par rapport à son rôle dans la guerre qui fait rage en Ukraine. D’après le haut commandement de Kiev, les forces russes ont été surprises en train d’utiliser des récepteurs Starlink dans les régions occupées du pays. Une situation problématique pour les troupes ukrainiennes et inconfortables pour Elon Musk.

Selon le Guardian, le GUR — le service de renseignement militaire ukrainien — a observé à plusieurs reprises que l’armée russe avait recours à ces appareils dans plusieurs régions, notamment au niveau du point chaud situé à l’est de Donetsk. L’organisation affirme aussi que ces cas deviennent de plus en plus courants. « Les cas d’occupants russes qui utilisent ces systèmes ont déjà été enregistrés. Mais le problème est en train de devenir systémique », explique Andriy Yusov, porte-parole du GUR.

Starlink, un pilier de la logistique ukrainienne

Si cette tendance est avérée, il peut effectivement s’agir d’un problème tout à fait significatif. Pour rappel, ces appareils avaient initialement été fournis par un Elon Musk ravi d’enfiler sa cape de super-héros pour aider l’Ukraine à se défendre contre « l’opération spéciale de trois jours » lancée par Vladimir Poutine.

Depuis, ils jouent un rôle crucial dans la coordination des efforts de défense, et c’est en partie grâce à cette constellation de satellites capables de délivrer une connexion Internet à peu près n’importe où que le contingent ukrainien est encore debout.

Cette infrastructure est notamment essentielle au fonctionnement des drones de combat auxquels l’Ukraine a régulièrement recours pour monter des contre-offensives. Par conséquent, la disponibilité des Starlinks est devenue une question sensible. On se souvient par exemple que SpaceX, mal à l’aise avec le fait que sa technologie soit utilisée à des fins offensives, avait choisi de brider les terminaux en question. Une décision mal accueillie par le camp de Volodymyr Zelensky.

La suite des événements montre que ces blocages ont fini par être levés. Mais si l’on se fie à cette nouvelle vague d’informations, cela a aussi permis à la Russie de bénéficier de cet outil précieux.

Contrebande ou pillage ?

Toute la question, c’est de savoir comment les envahisseurs ont obtenu ces terminaux. Le pays de Vladimir Poutine est en effet placé sur la liste noire de SpaceX; officiellement, les terminaux ne peuvent pas être vendus en Russie. Selon Reuters, Yusov affirme qu’elle serait passée par des pays tiers pour se procurer ce matériel. Mais Elon Musk, de son côté, affirme en tout cas que son entreprise n’a rien à voir là-dedans.

« De nombreuses informations rapportent que SpaceX fournit des terminaux à la Russie. C’est catégoriquement faux. Pour autant que l’on sache, aucun Starlink n’a été vendu directement ou indirectement à la Russie », a martelé le dirigeant sur X.

L’autre piste, c’est que les troupes russes aient subtilisé ces terminaux dans des zones où ils ont repris le contrôle. Le cas échéant, reste toutefois à déterminer comment ils réussissent à les utiliser. Les terminaux sont censés faire l’objet d’un blocage géographique qui les empêche de fonctionner les certaines zones non autorisées. À l’heure actuelle, aucune information vérifiable ne permet de déterminer si l’armée russe a trouvé un moyen de trafiquer le matériel contourner ces géoblocages, ou s’ils profitent simplement du fait que les terminaux soient débloqués dans des bastions ukrainiens qui ont été perdus par la suite.

En tout cas, l’entreprise a promis de prendre ses responsabilités en cas de défaut de procédure. « Si SpaceX obtient des informations sur l’utilisation d’un terminal par un tiers sanctionné ou non autorisé, nous menons une enquête pour désactiver le terminal si ces accusations sont confirmées », ont ajouté les représentants de Starlink sur la même plateforme.

Le rôle géopolitique central des nouvelles technologies

Quoi qu’il en soit, ce nouvel imbroglio montre une nouvelle fois à quel point l’impact des nouveaux géants de la tech peut être important, bien au-delà des prérogatives qui leur sont généralement attribuées. Les terminaux Starlink étaient censés permettre à des personnes situées en zone blanche d’obtenir une connexion web rapide pour lire leurs e-mails ou regarder leurs séries, et avant l’invasion, peu de monde s’attendait à ce qu’ils deviennent des organes vitaux d’une nation qui lutte pour sa survie.

D’un jour à l’autre, cette entreprise de service s’est donc retrouvée propulsée au rang de prestataire militaire. Cela implique de prendre des décisions politiques et stratégiques délicates auxquelles elle n’était pas forcément préparée. SpaceX doit donc apprendre sur le tas à assumer ces nouvelles responsabilités — un exercice de funambulisme ô combien périlleux, connaissant les nombreuses retombées potentielles de ses actions.

Or, ce constat s’applique aussi à de nombreuses autres vedettes de la tech. Même si la situation est évidemment moins critique que sur les champs de bataille ukrainiens, on pense par exemple aux leaders de l’intelligence artificielle générative. C’est une niche technologique qui progresse à une vitesse affolante, à tel point que les décideurs politiques et le public peinent parfois à suivre le rythme. Ses chefs de file, comme OpenAI avec son incontournable ChatGPT, se retrouvent donc malgré eux au cœur de ce que certains qualifient déjà de « guerre de l’information » – un peu comme Starlink avec la guerre en Ukraine.

Certes, les enjeux ne sont pas comparables à l’heure actuelle. Mais la donne pourrait changer au fil du temps, dans la mesure où plusieurs grandes puissances sont en train de se livrer une grande course à l’IA dont les retombées politiques pourraient être tout à fait considérables.

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