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Sur les réseaux sociaux, 125 députés veulent mettre fin à l’anonymat

Une coalition portée par le groupe Renaissance veut pouvoir identifier les internautes grâce à la mise en place d’une identité numérique légale.

Le projet est de plus en plus pressant, mais aussi de plus en plus inquiétant sur la question de la vie privée. Dimanche 24 mars, 125 députés de la majorité présidentielle ont partagé une proposition de texte publié dans La Tribune, visant à mettre fin à l’anonymat sur Internet. Porté par Paul Midy, le sujet fait déjà débat.

Une identité numérique pour lever l’anonymat en ligne

La proposition de Renaissance n’est pas inédite. Au Royaume-Uni, la Online Safety Bill débattue l’année dernière a été plusieurs fois accusée de mettre en danger la liberté d’anonymat sur Internet, par exemple en interdisant le chiffrement de certaines plateformes de messageries en ligne comme WhatsApp et Telegram, sur fond de sécurité renforcée et de meilleure gestion des données personnelle. À l’époque, les plateformes elles-mêmes s’étaient élevées contre la mesure, en rappelant le caractère liberticide et dangereux de la suppression du chiffrement.

La France entend pourtant suivre le même chemin. Pour justifier son projet de loi, Renaissance mise sur la nécessaire protection des internautes : “Le niveau de violence, de racisme, de sexisme, de harcèlement est bien supérieur sur les réseaux sociaux à ce qu’il est dans la vie physique. On s’y insulte à tout-va et cela finit trop souvent en drame“, indique Paul Midy dans son texte, tout en rappelant qu’un jeune internaute “se suicide tous les quinze jours dans notre pays, à la suite de harcèlement scolaire et de cyberharcèlement“.

L’objectif du texte est simple : lever l’anonymat en ligne et le sentiment d’impunité qui en découle, notamment sur les réseaux sociaux. Sans surprise, cela passe par l’application des mêmes sanctions en ligne que dans la vraie vie. Pour y parvenir, la loi française doit obligatoirement passer par des mesures drastiques. Ainsi, si le pseudonymat restera possible sur les plateformes en ligne, il pourra être levé sur simple demande des forces de l’ordre, dans le cas d’un crime ou d’un délit. Concrètement, chaque internaute devra au préalable relier son compte à sa véritable identité. En cas de propos racistes, sexistes ou haineux, une simple demande de la justice permettra d’accéder à ses noms, prénoms et contacts directs.

Un danger pour la vie privée, et pour la presse

Dans sa tribune, Paul Midy se veut ambivalent : s’il a reconnu que l’anonymat en ligne pouvait être une protection nécessaire pour certains cas particuliers, comme les journalistes et les lanceurs d’alerte par exemple, cela n’est pas suffisant pour justifier la protection de l’anonymat sur Internet. Le député estime que “les potentiels cyberharceleurs ou cyberarnaqueurs (…) doivent savoir qu’ils seront retrouvés en un clic“.

“Chaque compte devrait être lié a une identité numérique vérifiée, certes inaccessible par le réseau social mais accessible par les autorités en cas de délit ou de crime” – Paul Midy

Le problème, c’est que dans certains cas, un lanceur d’alerte est dans l’illégalité. Ce n’est qu’après une longue procédure judiciaire que ce dernier pourra être reconnu comme tel par la justice, et protéger a posteriori. Dans le cas où le texte est amené à être adopté, les lanceurs d’alerte comme les journalistes ne seront plus protégés par leur anonymat en ligne.

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Source : La Tribune

8 commentaires
  1. Accessible par quelle autorité ?
    Parce que bon, aucun de ces réseaux sociaux n’est français (dans les plus communs en tous cas). Sous quel critère ils pourraient imposer un lien vers une identité numérique ? Si le compte est créé en France ? Toutes les personnes en france ne sont pas français en plus donc… ça me parait difficilement applicable sans l’aval de tout le monde de toutes façons.

    Indépendamment des soucis techniques ou de législation, le souci c’est de pouvoir trouver facilement des mines d’informations sur les gens. A partir du moment où les autorités peuvent les avoir facilement, les hackers aussi. Et après ces mêmes politiques vont s’indigner à la moindre fuite de données.

    Quand tu te balades dans la rue, tu gueules pas ton numéro de sécu avant de parler. Pourquoi tu devrais faire l’équivalent sur le net ?

    1. Pour ma part je suis pour à 100% ! Il y a tellement de dérive que je ne comprends pas que cela ne soit pas obligatoire : il y a tellement de gens qui se croient intouchables et qui se permettent des choses impensables qu’il ne devrait même pas y avoir d ‘hésitation.

      “Quand tu te balades dans la rue, tu gueules pas ton numéro de sécu avant de parler.” Ouais mais quand tu te balades t’es censé avoir tes papiers sur toi en cas de contrôles, non? Pareil quand tu roules, ton véhicule à une plaque et/ou un permis qui va avec?!?! Pourquoi le Net serait le seul endroit où rien n’est régulé?

      1. “Ouais mais quand tu te balades t’es censé avoir tes papiers sur toi en cas de contrôles, non?”
        Oui en effet, par contre tu peux être contrôlé à l’instant T. Là avec la proposition, c’est plutôt comme si tu donnais une référence vers ton identité à toute les personnes que tu croises avant de leur parler pour qu’un contrôle puisse retracer tout ton historique d’un coup sur la dernière année. C’est quand même pas pareil.

        Mais bon, indépendamment de ça, plus tu donnes de facilités pour fliquer les gens, plus tu facilites la dérive vers un état totalitaire, que ce soit pour ce gouvernement ou pour un prochain. Parce que malheureusement, des nouvelles dispositions, il en fleurit régulièrement, mais ensuite elles ne sont plus jamais remises en question.

  2. Plus ou moins la même idée que la preuve de majorité pour les sites porno et le tout relié une fois mise en place par on ne sait quel moyen intrusif car il le sera forcément.
    Surtout qu’on est pas anonyme sur internet on est dissimulé par l’intermédiaire d’une IP, après on peut plus ou moins augmenter le jeu de piste…

  3. En retour il divulgeront leurs activités, votes, remunérations, avantages, cumuls, déplacements, lobbys, etc ?

  4. A un problème social il faut une solution sociale, la technologie ne résout pas tout. Elle crée en général plus de problème qu’elle n’en résout surtout quand ça concerne les relations humaines.

    Pour éviter que des personnes harcèle d’autres sur un Internet, réduire le racisme, les tentions confessionnelle, y’a qu’un solution : l’éducation.
    Et ça fait des années qu’on connait la solution : plus de budget dans l’école !

    1. Nous avons déjà un des plus gros budget europeen pour l’éducation, la question est “ou va l’argent ?”. A chaque probleme la reponse est toujours “manque de moyens”. Un jour il va falloir apprendre a faire avec ce que l’on a et ne pas toujours demander à la classe moyenne de l’argent en plus.

  5. Ah si seulement cette loi pouvait passer… 80% du contenu des réseaux sociaux n’existera plus, un grand nettoyage de cette crasse absurde. Et la valorisation boursière de Meta, X et compagnies qui sera divisée par 10. C’est uniquement pour ça qu’ils freinent des 4 fers. Et pour les lanceurs d’alerte et les journalistes, je fais confiance à la justice pour garantir leurs droits. Ils y aura quelques couacs, oui, c’est certains, mais moins de suicides chez les jeunes aussi.
    Vivement, vivement, vivement.

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