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Ce trou sur Mars permettra-t-il de conquérir la Planète Rouge ?

Selon la NASA, il pourrait s’agir d’une ouverture sur un tunnel de lave susceptible de servir d’abri aux futurs explorateurs.

Une des caméras de Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), une sonde de la NASA qui observe la planète rouge en permanence, a fait une découverte surprenante : un gros trou, ouvert comme une plaie béante au milieu du paysage poussiéreuses de la Planète Rouge. De quoi susciter beaucoup d’enthousiasme chez les chercheurs.

Si cet orifice est aussi intéressant, c’est en partie à cause de sa localisation géographique. En effet, il est situé dans la région du Tharsis, un vaste plateau volcanique qui regorge d’indices sur l’histoire géologique de Mars. Plus spécifiquement, il se trouve tout près du gigantesque Arsia Mons, le deuxième plus grand édifice volcanique de la planète derrière le célèbre Olympus Mons.

Tharsis Mars
Le plateau du Tharsis, en rouge sur cette carte produite par la sonde MRO. Parmi les trois méga-volcans au centre, Arsia Mons est le plus au sud. Plus au nord-ouest, on voit Olympus Mons, le plus grand volcan martien. © NASA / JPL-Caltech / Arizona State University

Un tunnel de lave martien ?

Il existe donc une possibilité que le trou repéré par MRO soit une ouverture sur un gigantesque tunnel de lave. Ce terme désigne des structures qui existent également sur Terre. Comme leur nom l’indique, il s’agit d’édifices laissés par des coulés volcaniques, généralement basaltiques, dont la surface a refroidi jusqu’à former une croûte solide.

En revanche, l’intérieur peut rester bien plus chaud pendant un certain temps. Dans ce cas, la lave continue de s’écouler comme un liquide dans une énorme paille, parfois jusqu’à ce qu’elle se vide entièrement. Le cas échéant, on obtient alors une galerie qui peut atteindre plusieurs mètres de diamètre et plusieurs kilomètres de long. Sur notre planète, ces vestiges géologiques sont parfois transformés en attractions touristiques ; il en existe quelques beaux exemples à la Réunion. Mais sur Mars, ils pourraient jouer un rôle encore nettement plus important.

Lava Tube Pavonis Mons
Un autre tunnel de lave potentiel identifié près de Pavonis Mons, le volcan central du Tharsis (voir la carte ci-dessus). © NASA / Jet Propulsion Laboratory / University of Arizona

En effet, puisque notre voisine est beaucoup moins active que la Terre d’un point de vue géologique, elle ne dispose pas d’un champ magnétique aussi intense. Par conséquent, sa surface est constamment balayée par de violents flux de radiations qui ne font pas bon ménage avec le matériel biologique, comme les cellules humaines. De plus, son atmosphère est environ 100 fois moins dense que celle de la Terre. Cela l’expose à des variations de température rapides et extrêmement brutales, de 20 °C au Soleil à -150 °C dans l’obscurité. Ajoutez encore de puissantes tempêtes de poussière abrasive à l’équation, et on comprend aisément pourquoi la conception des rovers de la NASA et de ses homologues nécessite autant d’efforts d’ingénierie.

Des refuges potentiels pour les astronautes

Mais si tout se déroule comme prévu, ces engins ne seront plus bientôt les seules entités terrestres à fouler cette poussière cramoisie. Plusieurs institutions et entreprises, à commencer par SpaceX, sont déjà en train d’échafauder des plans pour envoyer des humains en chair et en os à la conquête de cet environnement ô combien hostile. Pour que des astronautes puissent y survivre, que ce soit pendant quelques jours ou sur le long terme, il faudra tout mettre en œuvre pour les protéger.

Pour y parvenir, la piste la plus évidente consiste à construire des abris à partir des ressources disponibles sur place. Une idée conceptuellement assez simple ; mais en pratique, il s’agit d’un énorme défi d’ingénierie, sans parler de toutes les contraintes logistiques associées à un tel projet. Les spécialistes espèrent donc pouvoir se reposer en partie sur des abris naturels, au moins dans un premier temps. Et c’est là que ces tunnels de lave deviennent intéressants.

En effet, ce ventre de ces structures a tendance à être remarquablement stable au niveau thermique. Par le passé, des relevés de température ont déjà montré que des tunnels similaires sur la Lune avaient tendance à se fixer autour des 17 °C, avec très peu de variations. De plus, la couche de matériel accumulée au-dessus est très efficace pour bloquer les dangereux rayons solaires et cosmiques bruts. En d’autres termes, il pourrait s’agir de formidables abris naturels qui pourraient aussi simplifier le facteur logistique de l’équation. Au lieu d’envoyer de la machinerie lourde et complexe sur Mars pour extraire et exploiter le matériel local, il suffirait de renforcer et d’aménager un tunnel de lave, par exemple avec une simple structure gonflable, pour créer une base opérationnelle. Un projet certes ambitieux, mais beaucoup plus raisonnable que de construire de nombreux abris à partir de rien.

une vue d'artiste d'un Starship sur Mars
La construction de colonies martiennes risque d’être excessivement difficile; le faire dans ces tubes de lave pourrait simplifier (un peu) l’équation. © SpaceX

L’autre bonne nouvelle, c’est qu’une telle base pourrait prendre des proportions énormes sans trop d’effort. En effet, grâce à sa gravité bien plus faible que celle de la Terre, Mars peut héberger des tunnels de lave aux proportions inimaginables sur Terre. La NASA a déjà trouvé des structures effondrées qui suggèrent la présence de cavités mesurant des centaines de mètres de large et plus de 100 m de haut, le tout sur plusieurs kilomètres de longueur.

Toute la question sera désormais de savoir si ce trou donne effectivement sur un tunnel de lave ou une autre sorte de grotte. Il pourrait aussi s’agir d’une fosse étroite, verticale et beaucoup plus profonde, provoquée par l’effondrement d’une autre structure bien plus loin sous la surface.

Malheureusement, Mars Reconnaissance Orbiter ne sera jamais capable de répondre à cette question tout seul. Il faudra attendre qu’une agence spatiale comme la NASA décide d’envoyer un nouveau rover directement sur place afin d’explorer ces trous, en espérant qu’ils débouchent sur des cavernes ou de vastes tunnels de lave.

 

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Source : Phys.org

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