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Critique Glass Onion : Daniel Craig Ă  pleurer de rire sur Netflix ? 🧅

Après À Couteaux Tirés, Rian Johnson fait revenir Benoît Blanc pour une nouvelle enquête qui en tient une couche. Critique.

BenoĂ®t Blanc et Hercule Poirot, mĂŞme combat. En 2019, Rian Johnson a dĂ©poussiĂ©rĂ© le genre avec Ă€ Couteaux TirĂ©s. Dans la pure tradition du “whodunit” – qui l’a fait ? en français – le rĂ©alisateur jouait une bien belle partition qui oscillait entre mystère insoutenable et humour noir. PortĂ© par un formidable casting, ce Cluedo nerveux avait largement convaincu la critique et le public. Il avait aussi offert Ă  Daniel Craig une opportunitĂ© de se rĂ©inventer loin de l’agent 007 et du MI6.

Trois ans plus tard, l’enquĂŞte reprend pour le cĂ©lèbre dĂ©tective. Cette fois-ci, il n’explore plus les couloirs sombres et poussiĂ©reux d’un manoir, mais les plages idylliques et les Ă©tendues azurĂ©es de la Grèce. Glass Onion en remet une couche sur Netflix. Le nouveau film de Rian Johnson nous a-t-il convaincu ?

Alors qu’il s’ennuie ferme chez lui, en plein confinement, le dĂ©tective BenoĂ®t Blanc reçoit une Ă©trange invitation. L’homme auquel aucune enquĂŞte ne rĂ©siste est conviĂ© Ă  une murder party chez un excentrique milliardaire. Le temps d’un week-end, il doit trouver l’assassin de son convive : un riche milliardaire accro aux jeux mortels. Mais cette escapade ludique va prendre un tournant inattendu.

Un très bon cuistot

Comme on le disait plus haut, À Couteaux Tirés a été une jolie surprise dans les salles obscures. Rendant hommage au genre tout en lui insufflant une tonalité inédite, le métrage porté par Daniel Craig nous avait largement convaincus. De son casting à son récit en passant par une mise en scène soignée et efficace, tout dans cette petite histoire de meurtre sonnait comme une lettre d’amour au policier. Quand une suite a été annoncée, on était évidemment très curieux de voir comment la recette pouvait se réinventer.

Rian Johnson s’est ainsi rapidement mis derrière les fourneaux avec la ferme intention de changer la saveur de son univers, tout en gardant ce qui faisait le sel du précédent film. On retrouve ainsi Daniel Craig dans un nouveau décor et avec une nouvelle mission.

Tous les ingrédients d’un bon huis clos sont là. Des personnages hauts en couleur, une île isolée, un meurtre et une impressionnante galerie de suspects. Rian Johnson revisite les fondamentaux avec beaucoup de malice. Il s’amuse à égarer le spectateur dans les labyrinthes de son enquête, et va même jusqu’à nous offrir un retournement de situation d’anthologie dès la première moitié du film. Malin, le scénario de Glass Onion multiplie les fulgurances jusqu’à un final complètement barré. Cette nouvelle histoire À Couteaux Tirés nous met la lame à l’œil.

Le casting d'À Couteaux Tirés 2
Un casting pas fait de seconds couteaux (CrĂ©dits : Netflix)

Pourtant, on pouvait craindre que sans son atmosphère froide et nébuleuse, au cœur d’un manoir digne de celui d’un Cluedo, cette suite peine à faire émerger une ambiance digne d’un polar. C’est finalement grâce à l’aspect paradisiaque de l’île qui lui sert de décor que le métrage trouve sa dynamique. Le “whodunit” se réinvente à l’ère des réseaux sociaux et du progrès technologique pour faire émerger une critique acerbe de l’Amérique post Donald Trump. Difficile par exemple de ne pas voir des références à d’autres personnalités controversées, à l’image du personnage d’Edward Norton qui est une caricature à peine déguisée d’Elon Musk.

Johnson dissèque ces personnages archétypaux sans jamais se prendre au sérieux. Cette approche lui permet d’embrasser toute la dimension comique de son récit, tout en invitant le spectateur à s’adonner au même exercice. À nous de glaner ici et là des indices. Ne vous fiez pas aux apparences, tout le monde cache plutôt bien son jeu.

On y croise par exemple un streamer bas de plafond à la gâchette facile, une politicienne prête à tout pour réussir ou encore un associé qui joue les garde-fous pour un milliardaire excentrique. L’humour noir est omniprésent, sans doute encore plus qu’avec le premier. Glass Onion est une cuisine délicate qui parvient à doser toute ses inspirations et tonalités, pour faire éclore un divertissement raffiné et qui ne manque pas de saveurs. Rian Johnson fait recette et on prend son pied à fomenter des théories sur l’issue.

Un casting aux petits oignons

Dans Glass Onion, on retrouve toutes les mécaniques chères au réalisateur. La narration prend le parti d’un personnage, le moins idiot de la bande, pour le confronter aux réflexions de partenaires de jeux plus dégénérés les uns que les autres. C’est cette approche qu’il avait eu pour le protagoniste d’Ana de Armas dans À Couteaux Tirés. Elle est encore plus efficace dans ce nouveau volet.

Là encore, chacun des acteurs maîtrise sa partition à la perfection. Kathryn Hahn, Janelle Monae ou encore Kate Hudson, aucune fausse note pour la petite troupe menée d’une main de maître par Rian Johnson. On saluera aussi la performance de Dave Bautista dont le potentiel comique semble illimité. Il faut dire que les dialogues sont d’une efficacité rare et permettent à toute la troupe de donner vie à cette pièce à mi-chemin entre un Vaudeville et une aventure de Sherlock Holmes.

Glass Onion
BenoĂ®t Blanc fashion victime (CrĂ©dits : Netflix)

Mais cette alchimie ne parviendrait sans doute pas à prendre vie sans l’impeccable prestation de Daniel Craig. Loin du ton très solennel de son James Bond, l’acteur britannique s’amuse à parodier les figures iconiques du genre, d’Hercule Poirot à Sherlock Holmes. Sans tomber dans la caricature, il déploie tout un panel de gimmicks et d’expressions comiques qui font toujours leur effet. Benoît Blanc est en train de se muer peu à peu en un protagoniste immanquable pour qui aime les Cluedo géant.

Derrière la caméra, aussi, l’équipe de Johnson est d’une efficacité redoutable. C’est particulièrement vrai pour la musique originale encore une fois composée par Nathan Johnson. Après avoir ponctué le premier film avec ses partitions, le musicien remet le couvert. C’est encore un succès. On n’hésitera pas à ajouter l’album à nos playlists dédiées à la lecture de polar ou de thriller.

Il nous tarde dĂ©jĂ  de dĂ©couvrir ce que nous rĂ©serve BenoĂ®t Blanc pour sa troisième enquĂŞte. L’aventure est loin d’être terminĂ©e pour notre hĂ©ros, Johnson a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  plancher sur la suite. On pourrait d’ailleurs en apprendre un peu plus sur la vie personnelle du dĂ©tective. Il faudra nĂ©anmoins encore une fois se contenter d’une sortie sur le petit Ă©cran. On aurait aimĂ© pouvoir en profiter au cinĂ©ma, surtout Ă  l’approche des fĂŞtes de fin d’annĂ©e.

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Notre avis

Rian Johnson nous a concocté un nouveau Cluedo savoureux. Le réalisateur réinvente sa recette avec brio et parvient à donner naissance à un divertissement encore plus nerveux et efficace que le précédent. Nos compliments au chef !

L'avis du Journal du Geek :

Note : 9 / 10
2 commentaires
  1. EnquĂŞte sans intĂ©rĂŞt avec un scĂ©nario tirĂ© par les cheveux et sans logique. DĂ©tective qui compte tout du long sur un personnage secondaire. ScĂ©nario en deux partie, un molassonne de prĂ©sentation des protagonistes en une heure puis l’heure suivante ou on revient a la première heure mais en en sachant un peu plus. Bref c’est mou et dans intĂ©rĂŞt

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