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Palworld a marqué l’industrie en un week-end : mais que vaut-il vraiment ?

Sous ses airs de Pokémon-like façon survie, le petit dernier de Pocketpair soulève bien des questions auprès des joueurs et des développeurs.

Depuis ce vendredi 19 janvier, les petits monstres de poche de Gamefreak se sont fait détrôner par de nouvelles bestioles venues tout droit du Japon. Trois ans après un trailer d’annonce initial qui n’avait pas manqué de faire parler de lui, Palworld s’invite enfin sur PC et Xbox et rencontre un succès digne de sa hype. En quelques jours seulement, le titre du studio japonais Pocketpair s’est écoulé à plus de 6 millions d’exemplaires. Ce véritable exploit – surtout pour un titre en early access rappelons le – s’accompagne également du troisième plus gros pic de joueurs de l’histoire de Steam.

Fatalement, ces statistiques ahurissantes ne sont donc pas passées inaperçues auprès des joueurs et des acteurs de l’industrie. Comment justifier un tel engouement pour l’ébauche d’un titre s’inspirant librement et fortement du succès d’autres licences ? Le studio Pocketpair marque un tournant qui pourrait bien affecter l’industrie vidéoludique pour les années à venir. Entre condensé de fun et accusations de plagiat, voici ce qu’il faut retenir du lancement et de l’avenir de Palworld.

Une réponse directe aux attentes des joueurs

Si le jeu sandbox de Pocketpair s’est aussi bien vendu le temps d’un week-end, c’est tout simplement parce que celui-ci est véritablement amusant. Difficile pour Palworld de faire autrement en puisant son gameplay chez ses concurrents les plus populaires. Une solide base façon Pokémon, agrémentée d’un squelette à la Ark : Survival Evolved et d’une direction artistique qui n’est pas sans rappeler Breath of the Wild et Genshin impact. Tels sont les ingrédients de la recette dopée aux bonnes idées de Palworld. Si l’individualité du titre est largement remise en question, la communauté de joueurs s’accorde à dire qu’il s’agit là d’une belle pépite en devenir. Loin d’être parfaite, l’expérience de jeu reste largement maîtrisée pour une première version en accès anticipé. Avec un soutien correct de la part de son studio, Palworld est en passe de s’imposer comme un incontournable.

Tandis que la recette Pokémon peine à se renouveler ou à offrir des performances techniques dignes de ce nom, Palworld fait des rêves des joueurs une réalité. Cette aventure en monde ouvert offre de vastes options d’interaction avec les créatures, renforçant au passage l’aspect chasse et collection des habituels “monster-catchers”. Les types de Pals permettent de mettre les éléments à profit dans les phases de survie. Alimenter un feu, arroser des plantations ou encore crafter des objets devient un jeu d’enfant avec l’aide des monstres. Ce “méga-jeu” est une chimère que le studio assume pleinement. Via leur serveur Discord officiel, les développeurs révèlent avoir forgé les moindres aspects du titre avec les attentes des joueurs en tête. La décision de fournir fusils et autres armes à feu aux Pals avait notamment pour but de convaincre les joueurs américains, de peur que “le jeu ne rencontre pas de succès autrement” car “les américains aiment tirer sur tout ce qui bouge“.

Toutefois, le grand n’importe quoi qu’est Palworld est loin de faire l’unanimité auprès des joueurs et des développeurs. Pour certains, le succès fulgurant de ce condensé de concepts existants met en péril l’avenir créatif de l’industrie vidéoludique.

Des millions de ventes pour un jeu développé par IA ?

Alors que la montée en puissance de l’IA ne cesse d’affecter les différentes industries du divertissement, le lancement de Palworld est rapidement devenu source de débat. Il n’aura fallu que quelques heures pour que les premiers Tweets et autres articles de presse révélant les similitudes entre designs de Pals et Pokémon ne fassent leur apparition. Assurer que les créatures “imaginées” par Pocketpair sont entièrement originales relèverait de la mauvaise foi. Certaines ressemblances sont pour le moins frappantes. Après de nombreuses générations de Pokémon, Digimon, Yokai et autres monstres de jeux similaires, l’inspiration devient presque inévitable. Mais cela n’a pas empêché des titres comme Tem Tem et Cassette Beasts de s’éloigner suffisamment de ces grandes licences.

Avec Palworld, la limite entre inspiration et plagiat s’avère plutôt complexe. Mélanger le gameplay et le design de nombreux titres génère indéniablement une expérience inédite, mais peut-elle être jugée comme propre au studio Pocketpair ? Après le développement et l’abandon de Craftopia, étrange clone de Breath of the Wild, le studio japonais est loin de jouir d’une bonne réputation. Suivant de nombreux commentaires du PDG de l’entreprise concernant IA et NFT, les détracteurs de Palworld en sont venus à questionner l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le développement du titre. Pour l’heure, le studio se défend d’avoir eu recours à cet outil et le parcours du titre semble confirmer cette théorie. L’utilisation en masse de l’IA est un concept encore très récent, alors que le premier trailer de Palworld remonte à presque trois ans désormais. L’essentiel du développement a eu lieu en amont de l’avènement global de cette technologie, et nombre de Pals avaient déjà été révélés.

Même sans IA toutefois, l’inspiration libre et assumée des concepts concurrents ne laisse présager rien de bon pour l’avenir de l’industrie. Le succès du titre et le soutien des joueurs pourraient motiver d’autres studios à abandonner tout processus créatif pour ne créer que de simples fusions des titres les plus populaires. En absence de plus de régulations, la consommation de masse de productions du genre pourrait mener à une métamorphose de l’industrie vidéoludique, où les jeux seraient réduits à l’état de trends, épuisées aussi rapidement que sur TikTok. Et si l’essor des jeux à service a bien prouvé une chose, c’est que ce changement peut survenir plus rapidement que les joueurs ne l’attendent.

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