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Les early access : risque ou aubaine pour les joueurs ?

Acheter des jeux en cours de développement est un pari risqué qui peut rapporter gros, aux joueurs comme aux développeurs.

Avec l’avènement des jeux dématérialisés et du développement indépendant, l’industrie vidéoludique a donné naissance à un nouveau mode de commercialisation anticipé, le fameux “early access”. Cette méthode d’apparence positive – permettant aux joueurs de découvrir le titre plus rapidement et aux développeurs de garantir des fonds supplémentaires en cours de développement – jouit plutôt d’une très mauvaise réputation. Les échecs de projets sont multiples, et certains exemples notoires dissuadent bon nombre de consommateurs d’acheter ce genre de jeux avant leur sortie.

Bien qu’il existe des mesures permettant d’éviter les pièges tendus par certains titres en early access, les risques existent toujours. Par nature, les campagnes d’accès anticipés sont de véritables paris. Historiquement, les joueurs ont été témoins de grandes réussites ou de catastrophes terribles. Ce week-end par exemple, Palworld s’est vendu a plus de 4 millions d’exemplaires en seulement trois jours. Malgré ce lancement fulgurant et les louanges des joueurs, rien ne peut garantir l’avenir du titre. D’autant plus que le précédent projet du même studio, Craftopia, est aujourd’hui à l’abandon. En dépit de ces incertitudes, il convient d’admettre que l’early access est un modèle important, dépassant la simple dualité “réussite ou échec”.

Un modèle révélateur de catastrophes ?

Les joueurs ont tendance à voir le verre à moitié plein, et ils ont raison. Les quelques trahisons de certains studios les ont marqués, si bien que les exemples d’échecs sont les premiers à leur venir en tête. Récemment, The Day Before s’est rapidement imposé comme un cas d’école. Un manque flagrant de communication et d’honnêteté ainsi qu’une flopée de trailers mensongers ont fini par guider des hordes de joueurs droit dans le panneau. Parfois, tous les “red flags” du monde ne suffisent à apaiser la hype des gamers. À grand scandale, grands moyens, et l’ensemble des acheteurs ont pu profiter d’un remboursement intégral. Malheureusement, ces faveurs ne sont accordées que dans des cas aussi extrêmes.

En règle générale, les joueurs doivent respecter certaines conditions pour espérer recevoir le remboursement d’un jeu. Sur Steam par exemple, il est question de ne pas dépasser deux heures de jeu et d’effectuer la demande dans les 14 jours suivant l’achat. Il est néanmoins possible de consommer un early access sans trop de risques, à condition de connaître ces règles de remboursement. En traitant un titre early access comme une courte démo, les deux heures de jeu suffiront bien souvent à flairer les projets qui sentent la catastrophe à plein nez. La fuite est le mot d’ordre, quitte à retenter l’expérience quelques mises à jour plus tard. Bien qu’il soit certain que ce modèle n’est pas adapté à tous, ses avantages ne sont pas à négliger : les joueurs les plus curieux découvrent le titre au plus vite, tandis que les plus motivés peuvent participer activement au développement du titre grâce à leurs précieux retours.

Un développement en collaboration avec la communauté

Il convient en effet de rappeler que la méthode d’early access n’a pas été conçue comme un piège à joueurs crédules. Il s’agit en premier lieu d’un moyen idéal pour intégrer la communauté au processus de développement d’un jeu. À l’image des alpha, bêta et autres tests de jeux en ligne, l’accès anticipé permet de découvrir un titre à différentes étapes de son développement. Seulement, cet “essai” n’est pas gratuit, et vient généralement au prix fort que le jeu affichera une fois terminé. C’est cette même dimension économique qui est source de risques et de critiques. Mais quand un early access se déroule correctement et dans le respect, il s’agit d’une véritable aubaine, pour les joueurs comme pour les développeurs.

Ces titres qui arrivent au bout de leur accès anticipé sont généralement plébiscités par les communautés, puis rapidement considérés comme des “pépites”. Et il y a une bonne raison à cela. Un jeu quittant son early access a profité de plusieurs mois ou années de développement au cours desquels les joueurs ont pu offrir des suggestions. Ainsi, un tel produit est plus à même de cocher toutes les attentes des joueurs les plus exigeants. Ces derniers mois, de belles surprises telles que Baldur’s Gate III, Lethal Company ou Coral Island ont assurément prouvé que l’early access peut porter ses fruits, plutôt deux fois qu’une. Si l’ère des jeux dématérialisés n’a pas que du bon, l’early access est un outil dont il serait dommage de se priver. En renforçant les liens entre les développeurs et la communauté, les jeux deviennent d’autant plus intéressants à consommer en tant que produit culturel interactif.

Une façon de révolutionner le jeu vidéo

Outre sa capacité à offrir des titres d’une qualité incomparable en cas de réussite, l’early access est également une petite révolution pour l’industrie vidéoludique. Il est important de rappeler que ce modèle est une porte d’entrée pour de nombreux développeurs indépendants, alors capables de financer leur projet grâce au soutien des joueurs. Il s’agit notamment d’un complément efficace suite à une campagne de financement participative, qu’elle ai été fructueuse ou non. Attribuer l’explosion des jeux indépendants à la démocratisation de l’early access est loin d’être une idée farfelue. Entre de bonnes mains, cette méthode permet à un plus grand nombre de se lancer dans l’aventure et d’offrir une meilleure égalité des chances au sein de l’industrie.

Malheureusement, cette même nature est à l’origine des nombreux abus de développeurs mal intentionnés et déterminés à profiter du système au détriment des joueurs. Toujours est-il que si l’early access impose une vigilance permanente, il apparaît sans aucun doute comme une évolution positive de l’industrie et de son fonctionnement. Ce n’est pas parce que ce modèle est parfois source d’échec qu’il faut à tout prix l’abroger. Les mauvais jeux ne sortent pas uniquement de ce modèle : les quelques scandales marquants ne font que renforcer ce stéréotype.

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3 commentaires
  1. Le early access est un risque, il faut accepter le risque que le jeux ne soit pas terminé pour beaucoup de raisons. Après ça donne la chance à certains studio de jeux vidéo d’expérimenter.

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