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[Test] Borderlands 3 : On prend (presque) les mêmes et on recommence ?

Chez les Texans de Gearbox Software, on a de la suite dans les idées… ou pour être tout à fait honnête, des idées de suite à n’en plus finir. Pendant plusieurs années, le studio a effectivement exploité la licence Brothers in Arms pour le compte d’Ubisoft. Aujourd’hui, il nous la refait avec la franchise Borderlands, même si, pour le coup, on peut dire qu’il aura pris son temps. Dix ans après le premier opus, Gearbox commercialise donc Borderlands 3 qui – son titre est trompeur – est en réalité le quatrième épisode puisqu’il est impossible de faire complètement abstraction de Borderlands : The Pre-Sequel! malgré son manque d’inspiration évident. C’est d’ailleurs la question qui se pose au moment d’aborder le test de Borderlands 3 : aura-t-on quelque chose dans la veine du second jeu ou une redite à peine retouchée façon Pre-Sequel ?

Gearbox Software s’est inspiré des travaux réalisés sur les précédents opus, des nouvelles idées de ses équipes et des remarques des joueurs pour ce nouveau jeu. Si vous sortez d’une grotte et que le « concept Borderlands » ne vous évoque rien, un bref rappel s’impose. Borderlands est un jeu d’action en vue subjective, un bon vieux FPS. Le rythme des combats est intense et la campagne assure une longue durée de vie, mais ce qui distingue le jeu de Gearbox Software, c’est l’arsenal insensé dont dispose le joueur. Un système de loot particulièrement généreux rapproche Borderlands des hack & slash à la sauce Diablo. Même le plus faible des ennemis ne tombe pas sans laisser échapper un ou deux gadgets, mais c’est en éliminant les créatures les plus imposantes et les plus dangereuses que l’on déniche les équipements les plus intéressants, par dizaines cette fois.

La seconde caractéristique essentielle d’un Borderlands est son style graphique faisant la part belle à la technique du cell-shading qui donne à l’ensemble un côté cartoon que l’on reconnaît entre mille. Enfin, Borderlands se distingue par son atmosphère générale faite de personnages complètement barrés et d’humour « pipi-caca » ou très largement sous la ceinture. Un humour souvent au ras des pâquerettes, mais qui marque indiscutablement le joueur. Ces trois composantes essentielles sont évidemment présentes sur Borderlands 3, peut-être de manière un peu forcée parfois car le problème de ce nouvel opus, c’est qu’il donne souvent l’impression de n’être qu’une suite de Borderlands 2 quand celui-ci parvenait de manière plus notable à se démarquer, à innover par rapport à l’épisode fondateur de la franchise.

Que se passe-t-il donc dans Borderlands 3 ? Logiquement, il n’est plus question du Beau Jack qui cède la place à de nouveaux super-méchants, les Jumeaux Calypso. Ces derniers sont parvenus à réunir sous leur coupe tous les bandits de Pandore et ils menacent évidemment l’univers. Dans leur attitude, Tyreen et Troy Calypso ont tout de la parodie du Youtubeur écervelé prêt à toutes les compromissions, à toutes les extrémités pour quelques followers de plus. Ils n’ont qu’un seul objectif en tête : découvrir autant d’arches que possible jusqu’à atteindre leur Graal, la légendaire Grande Arche qui doit – au moins sur le papier – leur permettre de décupler leur puissance. Voilà, c’est à peu près tout pour le pitch du jeu qui, hélas, fait ici nettement moins bien que Borderlands 2. La faute à deux méchants qui n’ont pas le dixième du charisme du Beau Jack.

Plus gênant, ils n’ont en réalité qu’une présence accessoire dans la campagne. Entendons-nous, ils se rappellent régulièrement à notre bon souvenir au travers de séquences qui viennent ponctuer / commenter les actions du joueur, mais ils n’ont pas d’emprise sur le scénario comme pouvait le faire le Beau Jack. Si la subtilité n’a jamais été le fort de la saga, Borderlands 3 ne convainc par ailleurs jamais vraiment dans cet exercice de parodie du Youtubeur écervelé et, à dire vrai, c’est l’ensemble du jeu qui manque de piquant par rapport à un Borderlands 2. Qu’il s’agisse des références de culture pop ou gaming, de l’écriture des personnages ou de leur évolution, c’est comme si Borderlands 3 ne parvenait pas à faire passer son « message ». Sans trop en dévoiler, le pire arrive sans doute sur la fin de la campagne où le ton change radicalement sans que l’on ne comprenne pourquoi.

Gala de loot à gogo

Dans sa structure, Borderlands 3 essaye en revanche d’être plus audacieux. Si le début de l’aventure ressemble comme deux gouttes d’eau aux précédents opus, on trouve rapidement un vaisseau – le Sanctuary – qui nous permet de quitter Pandore et de rejoindre d’autres planètes, au gré des besoins. Cinq planètes – Pandore, Eden-6, Prométhée, Athénas et une secrète – sont ainsi disponibles et autant d’environnements différents. Pandore et son décor post-apocalyptique s’oppose nettement à la jungle luxuriante d’Eden-6. Athénas est peuplée par des moines pas si paisibles que ça. Enfin, Prométhée abrite le QG de la compagnie Atlas et se trouve être envahie par la corporation Maliwan… Une cinquième planète vient en quelque sorte compléter Borderlands 3, mais afin de ménager la surprise, nous n’en parlons pas.

 

Cette variété des environnements ne change pas notre façon de jouer, n’apporte rien au gameplay. On regrettera par exemple que la conception des niveaux soit finalement très similaire d’une planète à l’autre et que les décors tiennent donc davantage de la skin qu’autre chose. Autre « prétexte » un peu gênant dont les développeurs abusent, le retour de quantités d’anciens personnages de la franchise. C’est un peu comme s’il y avait eu un cahier des charges à remplir. Pêle-mêle, on retrouve donc Tina, Brick ou Mordecai par exemple. Problème, tous ces énergumènes ne font que des apparitions et si Mordecai a trois lignes de dialogue, c’est le bout du monde ! L’aspect fan-service à l’excès est ici une évidence. Heureusement, Borderlands 3 a d’autres atouts à faire valoir et l’arrivée de nouveaux « héros » permet de compenser… au moins un petit peu.
C’est plus particulièrement vrai dans la seconde moitié de la campagne. On retrouve alors Sir Hammerlock et on découvre son compagnon, l’excellent Wainwright Jakobs du fabricant d’armes du même nom. Bien sûr, tout est question de goût, mais ses interventions nous ont fait sourire avec des répliques bien senties et une ambiance décalée sans être intégralement repompée sur les précédents opus.

Tout le contraire en somme d’un autre personnage inédit, l’exaspérant BALEX, une espèce d’intelligence artificielle que l’on trouve dans un vaisseau abandonné. Problème, ses vannes et ses réparties tournent toutes autour de son ancienne petite amie – une autre I.A. – qu’il n’arrête pas d’insulter copieusement. Des blagues répétitives et pas drôles qui tapent sur les nerfs, un peu comme celles d’Ellie par exemple, donc on se serait bien passée. Vous l’aurez compris, l’humour de Borderlands 3 ne nous a pas convaincu. C’est comme si les développeurs avaient essayé de reprendre la recette de l’épisode 2 sans en comprendre la « magie »… ou tout simplement parce que le côté redite est trop perceptible. Le fait est qu’après le singulier mix de Tales from the Borderlands, l’absence de la plus élémentaire des subtilités agace. Ça hurle dans tous les sens et le mot « cul » intervient à peu près toutes les deux répliques. Même Rhys, héros du jeu de Telltale Games, est ici moins pertinent, moins convaincant, mais encore une fois, il convient de signaler que ce ressenti est extrêmement subjectif. D’autres joueurs auront d’autres sensations. De notre point de vue, heureusement, Borderlands 3 a d’autres atouts que son humour et notamment, un renouvellement intéressant des personnages jouables et des armes.

Ouvrir la boîte de Pandore

Côté armes, Gearbox Software a bien sûr reconduit le principe du « loot à gogo » et on profite d’une quantité absolument dingue d’équipements à récupérer sur les cadavres ou dans les coffres. C’est bien simple, entre ces découvertes et les changements de niveau du héros, nous ne gardions en générale la même arme pas plus d’une heure sur la trentaine que dure la campagne. Il y a toujours le système de niveau de rareté (légendaire, rare, commun…), mais il y a surtout de multiples bonus qui font varier les effets de chaque pétoire dans de grandes proportions. Mieux, les développeurs ont imaginé un système de tir alternatif pour varier encore les choses. De fait, il est pour ainsi dire impossible de tomber deux fois sur le même flingue et on doit forcément prendre son temps pour choisir, sachant que la limite de quatre emplacements d’armes reste d’actualité.

Le studio texan se devait d’apporter du neuf côté personnages avec une nouvelle équipe de quatre héros pour se lancer dans l’aventure : Amara, FL4K, Moze et Zane. Ils permettent d’apporter des variations intéressantes par rapport aux personnages de Borderlands 2, même si les registres sont bien sûr assez proches. Amara, la Sirène, est adepte du combat au corps-à-corps auquel se mêlent des attaques de zones à effets dévastateurs. Zane peut déployer une barrière protectrice ou un drone de combat. FL4K a les moyens de se rendre invisible et peut compter sur le soutien de trois compagnons. Enfin Moze, notre chouchou, dispose de ce qu’elle nomme son Ours de fer, un énorme mécha, à la puissance de feu impressionnante. L’intérêt de ces personnages réside bien sûr dans les choix d’évolution que l’on fait à travers leurs arbres de compétences respectifs.

Hélas, cet intérêt pour les héros ne suffit pas à compenser la faiblesse des quêtes. Elles sont plus basiques que jamais et l’immense majorité se résume à se rendre sur une zone pour tuer un maximum d’ennemis et/ou récupérer un objet. Même les missions d’escorte / de défense se résument à tuer tous les ennemis car la « cible » ne peut mourir. Le rythme des quêtes est souvent bancal avec des dialogues trop longs et des phases stupides où il faut suivre un PNJ sur de longues distances. Pour ne rien arranger, les combats de boss sont trop nombreux et, de fait, les développeurs ont manqué d’idées. Certains de ces combats sont remarquables – mention spéciale pour l’Agoniseur 9000 – mais trop souvent, il s’agit de « sacs à PV » que l’on croit éliminer, mais qui reviennent pour une deuxième, voire une troisième ou une quatrième charge. Pas très exaltant.

Plus que jamais, Borderlands 3 prend tout son sens à plusieurs. Le jeu reconduit évidemment le principe du mode coopératif où quatre joueurs peuvent prendre en main un des quatre héros pour une aventure dès lors plus vivante, plus dynamique et plus rythmée. À plusieurs, l’humour lourdingue du jeu passe bien mieux et on se moque des PNJ les moins charismatiques. Le loot à gogo prend alors tout son sens et seule la complémentarité des personnages – pas forcément évidente – aurait pu être davantage travaillée. Notons pour finir que malgré un mode DirectX 12 à éviter, la réalisation technique est une réussite, au moins sur PC. Notre GTX 2080 Ti assure une fluidité parfaite en 4K détails au maximum et nous n’avons rencontré quasiment aucun bug, rien de gênant. Seule petite critique, une interface qui aurait mérité un petit rafraîchissement afin d’être plus réactive, mais rien de grave.

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Notre avis

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Borderlands 3 ne réinvente pas la roue. En même temps, la majorité des fans de la franchise ne s’attendaient pas à ce que Gearbox Software bouleverse sa franchise et c’est à ce niveau que notre test peut vous sembler dur : il faut effectivement prendre toutes les remarques comme des comparaisons avec ce qui avait été fait sur Borderlands 2 et se souvenir que ce dernier frôlait l’excellence (8/10). En reprenant le concept qui a fait le succès des précédents opus, le studio texan offre à ses fans exactement ce qu’ils souhaitent. Plus de zones à explorer, plus de boss à dessouder et plus de flingues à ramasser. C’est simple, presque bas de plafond, mais efficace… à condition donc d’adhérer pleinement au principe et au style. Singulière, la direction artistique est là encore à l’image des précédents épisodes de la série, elle alterne les moments remarquables avec d’autres plus quelconques, mais ne déçoit jamais vraiment. Côté humour en revanche, c’est plus délicat. On reste dans « l’esprit » Borderlands, mais le lourdingue atteint souvent ses limites… en tout cas pour les oreilles de votre obligé. Et c’est un peu le même problème côté gameplay : c’est efficace et prenant, mais le manque de nouveautés donne l’impression que Gearbox Software s’enlise. En d’autres termes, un net cran en-dessous de son prédécesseur, Borderlands 3 souligne pour Gearbox Software l’importance de passer à autre chose, au risque de devenir une caricature de lui-même.
Note : 7  /  10

Les plus

  • Immenses aires de jeu, peu de chargements
  • Loot et armement en quantités industrielles
  • Mode coopératif toujours aussi efficace
  • Campagne bien plus longue que de coutume
  • Humour lourdingue au menu…
  • Intégralement traduit / doublé en français

Les moins

  • Plusieurs combats de boss pas au niveau
  • Quêtes secondaires parfois un peu expédiées
  • De gros bugs en mode DirectX 12 (PC)
  • Interface pas toujours très pratique
  • … mais alors lourdingue de chez lourdingue
3 commentaires
  1. Plusieurs paragraphes complet sur l’histoire pour dire qu’elle n’est pas terrible, ce qui n’est pas forcément faux (d’ailleurs indiquer le nombre de planètes et les personnages qui reviennent, c’est déjà un  bon gros spoiler).
    Mais pas un mot sur les diverses petites améliorations de gameplay et d’interface qui rendent le jeu bien plus fluide, notamment au niveau de la mobilité et de ma gestion de l’inventaire ?

  2. Même note que pour NBA 2K20 alors que ce dernier est bourré de micro transactions qui viennent pourrir le jeu ????

    Hum…faut revoir votre système de notation si vous voulez rester cohérent.

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