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Test ROG Zephyrus M16 : la RTX 4090 de la discorde

Un monstre de PC portable avec un écran fabuleux et une fiche technique très (trop ?) impressionnante.

Nous nous attaquons aujourd’hui à une bête pas comme les autres, puisqu’il s’agit de notre premier ordinateur portable équipé de la toute dernière GeForce RTX 4090 – en version portable, certes, mais tout de même. Dites bonjour au ROG Zephyrus M16, un monstre à la fiche technique assez hallucinante. Saura-t-il justifier son prix démentiel ? Voici notre avis.

À la sortie de la boîte, on découvre une très belle machine qui reprend les codes traditionnels de la gamme Zephyrus avec son châssis en alliage aluminium-magnésium rigide et quasiment invulnérable aux traces de doigts. Sobre, élégant et sans fioritures, le design conviendra aussi aux professionnels à la recherche d’une machine pas trop tape-à-l’œil.

Mais la firme a aussi fait un effort pour contenter pour les gamers revendiqués qui ne jurent que par les LEDs. On retrouve la fameuse matrice AniMe que nos avons découvert sur le Zephyrus G14 de l’année dernière. La face extérieure de l’écran est bardée de petites LED qui peuvent afficher une image personnalisée, ou même une animation si le cœur vous en dit. Toujours un gadget, assurément, mais très amusant à l’usage.

Avec 2,3 kilogrammes sur la balance et 20mmd’épaisseur, il est un peu plus dodu que son prédécesseur, même s’il reste vraiment fin pour un engin de ce calibre. Une fois ouvert, l’agencement de la charnière permet de faire basculer légèrement la machine pour laisser plus de marge de manœuvre au système de ventilation – pas du luxe vu le hardware qui se cache à l’intérieur.

Écran

L’une des principales évolutions par rapport au modèle précédent se trouve au niveau de l’écran. Comme chez la maison-mère Asus, ROG offre régulièrement de superbes surfaces d’affichage sur ce segment, et c’est particulièrement vrai pour ce M16 qui est très bien loti à ce niveau. Son écran Nebula HDR mini-LED 16:10 est une petite merveille.

Il propose une résolution QHD (2560×1600) à 240 Hz, ce qui représente une montée en gamme significative par rapport à la dalle 165Hz du modèle précédent. Les performances colorimétriques restent du même calibre, avec une excellente couverture des 3 gamuts les plus communs (100% sRGB, 91% AdobeRGB et 99% DCI-P3).

À noter que ces chiffres ont été collectés avec le système de local dimming désactivé. Une fois activé, il faut s’attendre à une légère baisse des performances colorimétriques. Mais cette perte est largement compensée par la luminosité maximale très généreuse (1200 nits) et le contraste particulièrement flatteur (20000:1) que propose la technologie mini-LED. De plus, cette dalle est aussi certifiée Pantone et TÜV.

On se retrouve donc avec une dalle globalement assez exceptionnelle. Elle répondra sans le moindre problème aux attentes des créateurs de contenu, et les amateurs du 7e art pourront savourer leurs films et séries dans d’excellentes conditions. Même la grande majorité des joueurs n’y trouveront rien à redire, puisque le passage à 240 Hz signifie qu’on peut désormais jouer dans d’excellentes conditions aux jeux compétitifs les plus exigeants. Cerise sur le gâteau, le revêtement antireflet est aussi bien plus performant que sur les modèles OLED du groupe Asus. Un carton plein, en résumé.

Clavier

On retrouve la disposition classique de la gamme, avec les quelques modifications subtiles, mais bienvenues qui ont été inaugurées l’année dernière sur l’excellent Zephyrus G14. À l’usage, les sensations sont exactement les mêmes. La course des touches est parfaitement dosée, assez généreuse sans être trop longue – à part peut-être pour les adeptes des frappes ultra-courtes de type MacBook. Même constat pour la dureté de la membrane, juste assez tendre pour rester confortable sur la durée, mais suffisamment dure pour proposer un bon retour tactile.

C’est donc un excellent intermédiaire auquel il est assez difficile de trouver un vrai défaut, aussi bien en jeu qu’en écriture. Ajoutez-y l’excellente réactivité du trackpad, avec sa surface toujours aussi agréable au toucher, et vous obtenez une superbe expérience de navigation.

Connectique

Ce M16 fait un peu plus que le minimum syndical en termes de connectique; mais rien de transcendant pour autant. Il a droit à deux prises USB-A 3.2 Gen 1, une prise USB-C 3.2 Gen 2, et une autre USB-C avec prise en charge du Thunderbolt 4. À côté, on retrouve un port HDMI 2.1 pleine taille, un lecteur de carte micro-SD ainsi qu’un jack 3.5mm.

Cela suffira pour la majorité des utilisateurs, mais on regrette vraiment la perte de la prise Ethernet RJ45. Un choix décidément curieux pour une machine destinée aux gamers, sachant que le Wi-Fi ne fait pas bon ménage avec le jeu compétitif… la tuile !

Hardware

Nous en arrivons désormais au cœur de la bête, à savoir son couple CPU-GPU absolument diabolique. Ce M16 n’ a pas volé son nom : il s’agit d’une vraie arme de guerre qui n’est pas là pour faire dans la dentelle. Il a droit à un Intel Core i9-13900H et à une GeForce RTX 4090 version Portable épaulés par 32 GB de RAM DDR5 2 TB de stockage SSD.

Autant dire que la bête est fin prête pour dévorer n’importe quel jeu tout cru; inutile de détailler les performances précises dans différents jeux, les benchmarks parlent d’eux-mêmes.

Par exemple, il atteint un score global de 14249 points sur le Time Spy de 3DMark (en mode Performance, soit le niveau intermédiaire entre Silencieux et Turbo). C’est le score le plus élevé que nous ayons mesuré sur un portable au JdG, et avec une avance significative. Et lorsqu’on passe en mode Turbo, la bête se met à cavaler à une allure tout simplement démente pour franchir la barre des… 16000 points. Le ton est donné.

Les adeptes de la création pourront aussi s’en donner à cœur joie. Du montage des fichiers vidéo en très haute définition à l’animation de modèles 3D à plusieurs millions de polygones.

Ce constat étant posé, il est l’heure d’avoir une discussion inconfortable sur la pertinence de cet arsenal. Premier constat problématique : même s’il s’agit d’une version portable moins puissante que la version desktop, il est tout simplement impossible d’exploiter pleinement le potentiel de cette RTX 4090.

Elle est conçue pour tourner à 150 W (175W avec Dynamic Boost), mais il est virtuellement impossible d’y parvenir dans un chassis aussi fin. Même en mode Turbo, elle reste bridée à un maximum de 120W. Et lorsqu’on passe en mode Performance ou Silencieux, elle tombe immédiatement à moins de 90W, puis sous les 60W… on comprend désormais pourquoi le système de refroidissement est capable de tenir le choc. C’est un gros problème, car cela signifie qu’une portion considérable des performances théoriques – et par extension du rapport performances/prix – passe à la trappe.

© Journal du Geek

Certes, en pratique, vous pourrez profiter de l’archi-majorité des titres AAA en 4K Ultra à plus de 60 images par seconde. Techniquement, la promesse est tenue. Mais cela en vaut-il bien la peine, sachant que ce modèle précis ne peut de toute façon pas afficher cette résolution ? Cela dépendra de vos habitudes; ceux qui comptent l’utiliser en complément d’un moniteur 4K à part y trouveront peut-être leur compte. Pour le reste, c’est beaucoup moins évident.

Car dans tous les cas, d’autres modèles plus raisonnables proposent des rapports prix/performances nettement plus intéressants. En outre, de nombreux PC dotés d’une 4080 proposeront des performances brutes quasiment équivalentes en pratique, encore une fois à cause du bridage imposé à la RTX 4090 portable.

Au bout du compte, ces choix nous laissent un brin sceptiques. Nous avons beau réfléchir, nous n’avons pas réussi à trouver le moindre argument qui permettrait de justifier l’intégration de cette carte graphique surpuissante dans ce châssis relativement fin. Ce M16 est décidément une machine grisante, mais pas franchement raisonnable !

Refroidissement

Forcément, refroidir un engin pareil ne s’improvise pas. L’intégrateur a procédé à une mise à jour significative de son système de refroidissement. On retrouve une interface thermique en métal liquide, et le nombre de caloducs a été revu à la hausse.

Au bout de la chaîne, on trouve non pas deux, mais trois ventilateurs internes qui ne manqueront pas se faire entendre. Cette machine est un vrai avion de chasse, et on le ressent aussi au niveau du bruit. À plein régime et en mode Turbo, c’est sans doute l’un des portables les plus bruyants à être passés sur notre banc d’essai.

Mais ce système de refroidissement a au moins le mérite de faire son travail correctement. A l’usage, alors qu’on s’attendait à des résultats tout juste passables en termes de température, nous avons eu la bonne surprise de constater que ce M16 s’en sort raisonnablement bien. Même avec un stress test complet dans les pattes, ce M16 a réussi à faire tourner des titres comme Elden Ring ou Red Dead Redemption 2 avec une stabilité remarquable.

© Journal du Geek

Prenez tout de même gare à ne pas trop tirer sur la corde. Lorsqu’on cherche activement à mettre ce système de refroidissement sous pression, la charge thermique devient tellement importante que cela donne lieu à quelques mauvaises surprises. Un exemple avec nos benchmarks en mode Turbo : à chaque fois que le GPU et le CPU ont été fortement sollicités en même temps, le premier a systématiquement été vampirisé par la première, avec une baisse des performances CPU à la clé. Dans les cas extrêmes comme Fire Strike, le score de l’i9-13900H a chuté de plus de 25% en passant du mode Performance au mode Turbo…

Morale de l’histoire : malgré les beaux efforts d’ingénierie consentis par la firme au niveau du refroidissement, il est malheureusement impossible de faire des miracles avec des composants pareils dans un chassis aussi fin.

Autonomie

Pas de surprise ici : comme tous les modèles gaming de 16 pouces, l’autonomie de la batterie est exactement là où on l’attendait – c’est-à-dire au fond du trou. Malgré sa capacité de 90W, elle fond à une vitesse dramatique dès que la bête est privée de son cordon; même avec une utilisation multimédia moyenne, nous n’avons pas réussi à dépasser les 4h40 en mode Performance. Vous l’aurez compris, interdiction formelle d’oublier le chargeur à la maison.

Prix & disponibilité

De M16 ne s’adresse évidemment pas au gamer lambda; c’est une machine d’exception destinée aux geeks intransigeants et fortunés. En substance, le problème est le même qu’avec l’impressionnant Strix Scar 17 SE de l’année dernière (voir notre test); si la machine en elle-même et la fiche technique ont plus que fière allure dans l’absolu, ce modèle précis a du mal à justifier pleinement son tarif de 4999,99€.

Quitte à investir des milliers d’euros pour privilégier la puissance brute quoiqu’il en coûte, il sera certainement plus intéressant de se tourner vers un modèle moins svelte et élégant, mais plus apte à pousser ses composants d’élite dans leurs retranchements.

Nous avons donc décidé d’accorder un 8 à ce modèle qui reste excellent dans l’ensemble. Mais cette version en particulier avec le couple i9-13900H / RTX 4090 nous a semblé exagérée. Elle mériterait plutôt un 7, voire un 6 en fonction de vos priorités. Si cette machine vous fait de l’œil, nous vous déconseillons de céder à la tentation avec cette configuration.

En optant pour un GPU plus raisonnable, nous aurions sans doute obtenu un rapport prix-performances bien plus intéressant. Par exemple, le modèle RTX 4080 démarre à 3899€, ce qui reste très cher mais déjà beaucoup plus cohérent avec les performances réelles, d’autant plus que cela ne représentera pas vraiment un sacrifice en termes d’expérience de jeu ou de création.

Découvrir le ROG Zephyrus M16

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Notre avis

Ce Zephyrus M16 est une machine très séduisante à bien des égards, notamment grâce à son écran fabuleux, sa qualité de construction globalement remarquable et ses performances CPU de premier plan. Mais le modèle que nous avons testé souffre grandement de la présence d'une RTX 4090. Ce monstre de GPU fait exploser le prix d'un engin déjà très cher alors qu'il ne peut tout simplement pas être exploité à fond. Et du point de vue de l'usager, c'est assez difficile à justifier. Optez donc pour une version légèrement moins puissante et plus pertinente ; vous obtiendrez alors un appareil qui répondra sans problème aux attentes des geeks les plus exigeants quel que soit l'usage.
Note : 8  /  10

Les plus

  • Ecran à tomber par terre
  • Très bon clavier
  • Qualité de construction remarquable
  • De la puissance brute à ne plus savoir quoi en faire

Les moins

  • La RTX 4090, aberration totale dans ce châssis
  • Tarif à faire transpirer Crésus
  • Autonomie typique d'un portable gaming
1 commentaire
  1. Au vu des tarifs nous ne sommes pas prêts d’en acheter un…………. . ……. ils ont fumé 4090 ou pas

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