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Test SIFU, une ode au kung-fu dans un jeu coup de poing

On a testé SIFU, le jeu de combat particulièrement exigeant de Sloclap. Entre frustration et persévérance, que vaut la nouvelle pépite en hommage aux arts martiaux ?

Annoncé lors de l’E3 2021, SIFU a fait forte impression dès ses premiers trailers tant sa promesse de gameplay était originale. Dans ce jeu, imaginé par Sloclap, vous incarnez un jeune homme, témoin de l’assassinat de son maître de Kung-Fu lorsqu’il était enfant. Huit ans d’entrainement plus tard, et alors il qu’il entame sa vingtième année, notre personnage entreprend un voyage initiatique dont le seul but est de se venger des malfaiteurs qui ont tué Sifu.

Pour ce jeu, le studio a fait le choix, très controversé, de miser sur un gameplay de qualité mais surtout très exigeant. À l’instar des jeux à difficulté unique, SIFU se place alors dans une position délicate, entre décision créative affirmée et manque d’accessibilité pour le grand public. Qu’avons-nous pensé de ce titre aux ambitions marquées ? Réponse dans ce test de SIFU.

SIFU PS5

Tester SIFU sur PS5/comp_link]

Une promesse originale

Notre aventure dans le jeu commence de manière tout à fait classique. Notre héros, après avoir été marqué par l’assassinat organisé de son maître Sifu, s’entraîne pendant de nombreuses années afin de devenir le plus compétents des combattants et de vaincre un par un les malfrats qui ont tenté de le tuer cette nuit-là. Une quête sous le signe de la vengeance, thème commun à presque tous les films d’arts martiaux réputés.

Dans ce sens, le jeu ne manque pas de s’inspirer des plus grandes œuvres du genre. On a très souvent l’impression, par exemple, de se retrouver en plein cœur d’un Kill Bill interactif, notre héros poursuivant et éliminant ses 5 cibles, alors qu’elles maitrisent toutes un style de combat très particulier. Pour ce faire, il suit une organisation précise, qui constitue l’ordre des 5 niveaux disponibles.

test sifu niveaux boss
Crédits : Sloclap

Bien sûr, on commence toujours avec le moins challengeant, pour finir sur le boss suprême, celui qui nous donne le plus de fil à retordre. Cet ordre, impossible d’y déroger. Pour vous aider dans votre quête, le héros dispose bien évidemment d’un atout de taille : un pendentif « magique » qui le ressuscite à chaque fois qu’il est mis à terre, mais qui le fait aussi vieillir de quelques années.

Dès lors, un constat s’impose. Notre rôle en tant que joueur et de réussir à venir à bout des 5 cibles, en optimisant l’utilisation de l’atout qu’on nous confère au début du titre. Une balance beaucoup plus difficile à atteindre que ce qu’on pensait et qui a eu le don de nous frustrer la plupart du temps. Mais pour comprendre ce phénomène, revenons-en aux bases.

La difficulté à tout prix ?

Selon nous, un jeu se compose de trois aspects principaux qui définissent sa capacité à divertir : son gameplay, son histoire et son interface. Force est de constater que, si Sloclap a tout donné dans le gameplay et les mécaniques, les deux derniers aspects ont été sévèrement négligés, et ce volontairement. En effet, lors de la première heure de jeu, on sent que le désir du studio était de se focaliser sur la technique plus que sur le divertissement.

Appelons un chat un chat, SIFU est un titre extrêmement punitif à tous les égards. En regardant les trailers on s’attend à un jeu compliqué. Et c’est effectivement ce qu’on récolte même si quelques déceptions s’imposent, au niveau des ennemis et des combats en eux-mêmes par exemple. Si au début on arrive à s’en sortir sans trop de mal, la difficulté augmente drastiquement après seulement quelques adversaires et on se retrouve vite dépassés.

test sifu boss
Crédits : Sloclap

Seule méthode pour s’en sortir, observer, maîtriser les techniques et adopter le bon timing. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Pour esquiver, contrer ou attaquer, vous avez bien souvent besoin d’effectuer des combos, inhérents à tout jeu de combat. Toutefois, un bon nombre d’entre eux utilisent les joysticks, ce qui n’est sûrement pas l’idée du siècle. En effet, les mouvements doivent être précis, ce qui n’est presque jamais le cas dans le feu de l’action.

De ce fait, on aurait largement préféré devoir appuyer sur des boutons en série plutôt que de balancer le joystick gauche de bas en haut à répétition. De plus, pour l’esquive particulièrement, il arrive plutôt souvent que les mouvements soient mal pris en compte par le jeu et n’aient donc pas l’effet escompté. On ne compte plus le nombre de KO à cause de cette mécanique en particulier.

D’autant plus qu’une fois qu’un ennemi vous tient, il est très difficile de ne pas subir, surtout lorsque vous avancez dans le niveau et que vous vous retrouvez mis à terre par des adversaires en apparence classiques mais à la force de celle d’un mini boss. Dans ce cas, on regrette de ne pas pouvoir aborder les ennemis dans un style plus furtif. On se retrouve parfois très vite encerclés, par plus d’une dizaine d’adversaires alors même qu’il aurait été facile d’en éliminer discrètement quelques-uns au préalable pour nous faciliter la tâche.

Un système de jeu simple, mais si frustrant

Ne comptez pas non plus sur le système de sauvegarde des niveaux pour relâcher la pression entre deux étapes. Lorsque vous réussissez un niveau, vous enchainez sur le suivant toujours au même âge. Il va donc de soi que si vous êtes déjà à 50 ans passés, vous n’allez pas faire long feu, même en réinitialisant les morts. N’espérez pas non plus qu’une fois définitivement mort, vous allez pouvoir reprendre votre nouveau niveau avec une vingtaine d’années au compteur.

En réalité, le jeu ne peut vous faire accéder à un certain niveau qu’à l’âge minimum où vous l’avez commencé. Pour finir le jeu, il vous faudra donc traverser les 5 niveaux en une seule vie maximum, et ce en optimisant à chaque fois votre âge d’entrée dans un niveau. Autant dire qu’à force de devoir la refaire, la première étape nous paraît beaucoup plus simple… mais a aussi le don de nous faire rager.

test sifu combats
Crédits : Sloclap

Pour vous aider dans votre quête (presque) insurmontable, vous disposez de quelques atouts qui feront la différence seulement sur le long terme. Au cours de votre aventure, vous débloquez des compétences éphémères en fonction de votre âge ou encore de vos points d’expérience. Des petits ajouts pratiques lorsqu’on y a droit, mais qui n’ont de sens que si vous persévérez. Vous en ressentirez les effets après des dizaines et dizaines de parties.

Un peu comme lorsqu’il est question de se remettre au sport, la machine est longue à mettre en route pour avoir des premiers résultats probants. De plus, le système de vieillissement est selon nous encore trop subtil pour faire une différence. À chaque fois que vous prenez de l’âge, vous perdez en endurance, et donc en points de vie, mais vous êtes censés gagner en expérience, et donc faire plus de dégâts. Si on ressent très bien premier aspect, le deuxième est presque imperceptible tant les ennemis voient leur propre force augmenter beaucoup plus rapidement.

test sifu ennemis
Crédits : Sloclap

Alors oui, SIFU est un vrai dur à cuire. Dans la catégorie des jeux de combats, c’est sans doute un des plus tenaces auxquels nous ayons pu jouer jusqu’ici. Si là n’est pas le lieu pour débattre de l’utilité d’une difficulté unique, on retiendra tout de même que SIFU est un des jeux les moins accessibles de cette année. Il se destine aux plus rigoureux d’entre vous, et ne vous fera définitivement pas de cadeau. Néanmoins, une fois la technique maitrisée, encore une fois au bout de nombreuses heures d’échec, il est particulièrement jouissif d’éliminer les ennemis et arriver au terme de sa vengeance.

Une ambiance prometteuse mais qui ne va pas jusqu’au bout

Ce n’est pas vraiment l’histoire qui va rattraper notre expérience de jeu. Il nous a suffi d’une heure seulement pour comprendre que SIFU n’offrirait pas grand au chose au niveau narratif. Si ce n’est pas un mal en soi, il est difficile pour nous de pas appuyer sur ce point quand on constate que le jeu a la chance de s’inscrire dans une tradition de genre riche, et que c’est une opportunité que le studio ne se donne pas la peine de saisir complètement. On aurait aimé plus d’investissement de ce côté-là, alors que SIFU se contente d’un hommage silencieux.

Les personnages sont de manière générale « caricaturés » et emprisonnés dans des caractères qui ont peu d’incidence sur leur manière de combattre ou de s’exprimer pour certains d’entre eux. Même le personnage que l’on incarne apparait plutôt vide, seulement mû par son désir de vengeance.

Pour ce qui est de l’ambiance, on se retrouve avec un titre visuellement marqué par des graphismes « peints » qui représentent le gros point positif de ce jeu, des environnements à l’identité distincte et un sound design particulièrement agréable. Comme on pouvait s’en douter, les niveaux sont très linéaires, n’espérez donc pas retrouver une dimension explorative dans SIFU, Sloclap se contente du strict minimum avec une poignée de collectibles sans grand intérêt (par rapport au gameplay) à récolter.

Au niveau de la langue, les joueurs pourront profiter des sous-titres et d’une interface en français tandis que les voix sont elles en anglais. Mais rassurez-vous, notre personnages n’est pas non plus très loquace. Enfin, l’interface est quant à elle simple et bien pensée, tout comme le gameplay de SIFU. Dans le menu, vous retrouverez toutes les informations sur les collectibles et vos cibles, le peu de fil rouge que vous trouverez dans le jeu.

Vous pouvez aussi consulter toutes ces informations via le hub de départ, qui vous permet de choisir vos niveaux, de vous entrainer ou encore de visualiser l’arbre des compétences acquises jusqu’ici. Globalement, on ne peut s’avancer sur la durée de vie de SIFU, qui est sujette à votre niveau, votre capacité d’adaptation et surtout à votre endurance quant à la frustration du gameplay. Il risque dans tous les cas de vous durer pas mal de temps.

SIFU PS5

Tester SIFU sur PS5/comp_link]

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Notre avis

Sifu s’adresse à un type de public bien particulier. Il restreint sa propre audience volontairement en axant son gameplay autour de la technique pure arts martiaux. Entre véritable beat ‘em up pour certains, et jeu trop punitif pour d’autres, votre aventure s’annonce définitivement compliquée. Pour le meilleur ? On en n’est pas si sûr. Si un peu plus d’histoire aurait pu adoucir ce titre exclusivement combattif, Soclap se contente du minimum narratif ce qui est bien dommage pour un univers aussi riche visuellement. Un tout petit peu plus d'accessibilité au niveau du gameplay (sans parler de plusieurs difficultés) aurait définitivement pu nous convaincre que SIFU est un très bon jeu dans son genre.
Note : 7  /  10

Les plus

  • Ses graphismes peints et son ambiance visuelle
  • Ses références au films de genre
  • Son système de compétences liées à l'âge, l'XP, etc

Les moins

  • Son gameplay frustrant et trop technique
  • Son manque d'implication narrative
  • Son système de progression trop punitif
2 commentaires
  1. Il y a deux points que vous négligez sur ce test dont un totalement omis.
    Chaque niveau propose 3 totems permettant de débloquer des atouts, non pas éphémères mais bien durable pour les autres niveaux. Et en plus, chaque run ou traversé permet d’engranger des points d’expériences pour débloquer, de manière totalement permanente sur la partie, de nouvelles techniques.
    Donc même en pourtant, même en redémarrant un niveau, vous gardez ces techniques, qui sont nécessaires afin de mieux affronter chaque situation.
    Par exemple, au sol, on peut se défendre en débloquant la technique adéquat.

    Second point, la plupart des combos se font via une combinaison entre coups forts et coups faibles.
    Certains techniques via les directions sont possibles et, il est vrai que parfois, si l’input est trop lente, celle ci ne sort pas correctement. Mais elles ne sont pas majoritaires.

    Le système de progression est, je trouve, un des mieux conçu pour le genre BTU avec des mécaniques de rogue lite. On meurs oui, parfois vite oui mais à chaque échec, il est possible de débloquer une pu plusieurs techniques.
    C’est rare pour le genre.

    Il y a deux gros défaut au jeu, sa caméra, qui quand on se rapproche d’obstacles, part totalement à l’ouest et son tuto, trop succin mais terriblement bien intégré à la narration (introduction).
    Beaucoup de joueurs n’ont sûrement pas assez d’expérience pour saisir en jeu, l’importance des esquives et des parades.

  2. “Les Moins: Son gameplay frustrant et trop technique”
    En même temps c’est le but de ce jeu! Sinon autant aller sur du arcade classique!

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