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[Test] Titan Souls

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J’ai passé un vrai bon moment avec Titan Souls. Ce jeu m’a montré que la frustration, la vraie, la dure, peut être un vrai élément positif…

J’ai passé un vrai bon moment avec Titan Souls. Ce jeu m’a montré que la frustration, la vraie, la dure, peut être un vrai élément positif dans un jeu.

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Quand vous êtes game designer et que vous cherchez à créer un nouveau concept de jeu, vous devez toujours surveiller la façon dont votre expérience distille la frustration, surtout après l’échec. Il est évidemment possible d’atténuer au maximum la frustration. En gratifiant le joueur d’une petite récompense en cas de mort, par exemple. La série des Dead Space le faisait avec brio en détournant l’attention du joueur à l’aide d’une palette incroyablement variée de cinématiques de morts. Toutes plus gores et saugrenues les unes que les autres, elles offrent au joueur une distraction, un petit lot de consolation pour faire oublier la frustration de l’échec.

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D’autres jeux décident de focaliser le joueur immédiatement. Super Meat Boy ou Hotline Miami décident ainsi de vous remettre immédiatement en selle. La frustration du joueur est alors concentrée dans la tentative suivante, sans temps morts, sans avoir le temps de ruminer ce qu’on vient de rater.

Enfin, certains jeux vont chercher à vous mettre dans un petit état de frustration permanent. Resident Evil 4, en bon survival horror, va ainsi jouer avec les ressources pour que vous ayez toujours l’impression de manquer de quelque chose et renforcer le sentiment de faiblesse du joueur.

Titan Souls fait également partie de ces jeux. Il ne va pas chercher à vous épargner cette frustration et va vous en infliger une petite partie, irréductible, à dessein. Comment ? Grâce à un tout petit trajet de 10 secondes. Ce boss rush qui aurait pu être ultra nerveux en vous faisant recommencer immédiatement, préfère ajouter à chaque défaite – elles arrivent très vite, vous n’avez qu’un seul point de vie – un petit temps mort et vous renvoie au dernier checkpoint. Il n’est jamais situé loin, mais il l’est suffisamment pour être agaçant, juste ce qu’il faut. C’est très dosé.

Évidemment, les réactions cumulées sur les dizaines et les dizaines de morts vont varier d’une personne à une autre, et c’est bien pour cela que ce jeu ne peut pas être conseillé à tout le monde. Cependant, le dosage est assez subtil pour que ce petit temps d’attente obligatoire soit suffisamment énervant pour chauffer le joueur et suffisamment indolore pour qu’il n’arrête pas de jouer.

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Dans n’importe quel autre jeu, j’aurais vu ce mini cock block comme un terrible défaut. Cependant, Titan Souls n’est pas n’importe quel jeu. Il base tous ses combats sur le fait que le joueur, comme le boss, n’ait qu’un seul point de vie. Tout se passe donc très vite. La défaite, évidemment énervante, mais également la victoire. Une victoire qui relâche toute la pression accumulée et qui se révèle exaltante.

Quand cette victoire arrive enfin, quand le joueur parvient à placer cette impossible flèche chirurgicale, c’est la délivrance. En une fraction de seconde, c’est l’accumulation insupportable de dizaines de tentatives infructueuses qui se relâche et la sensation de bien-être qui en résulte est incomparable. Il n’aurait certainement pas été aussi fort sans ces petits trajets, car il ne s’agit pas d’un plaisir facile. Celui-ci s’arrache avec les dents. Il est intense, car il est souvent aussi inattendu qu’espéré. C’est la raison pour laquelle chaque boss abattu dans Titan Souls est un véritable petit miracle.

Sans spoiler quoi que ce soit, il existe un boss dans le jeu qui offre la possibilité d’être immédiatement défié, sans temps mort, après chaque échec. Et, bien évidemment, il s’agit là du seul boss du jeu qui possède plusieurs points de vie. En faisant cela, les développeurs confirment le lien fort qui existe entre ces petits trajets – que beaucoup pointeront du doigt comme le principal défaut du jeu, d’ailleurs – et le fait que les combats se jouent à celui qui touchera l’autre en premier. Sans ces petits trajets frustrants, Titan Souls n’aurait alors eu aucun intérêt, car ils sont la variable d’ajustement de la frustration infligée au joueur, pierre angulaire de l’expérience proposée par le titre.

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Notre avis

Pour être apprécié, Titan Souls demande au joueur d’avoir des nerfs très solides et énormément de foi. La gestion par Acid Nerve de la frustration a le mérite d'être très intéressante et de prendre un réel parti pris. Toutefois, vous ne l’achèterez jamais au prix fort et vous aurez raison. Le contenu est vraiment trop chiche pour réellement justifier son plein tarif. Et c’est bien là le paradoxe, car le jeu offrirait une belle durée de vie à celui qui se ferait malmener par la myriade de boss présents dans cette épreuve. Cependant, ce joueur-là, risque bien de ne pas persévérer dans ce jeu qui s’adresse avant tout à ceux qui savent rester zen.

Titan Souls est disponible sur Windows, Mac, Linux, PS4 et PS Vita pour 15 euros.
Note : 7  /  10
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