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[Test] Cuphead : Cartoon (presque) plein

Présenté par Microsoft lors de l’E3 2014, Cuphead, qui affichait déjà quatre années de développement au compteur, aura mis trois ans supplémentaires avant d’atterrir sur Xbox One et PC. Trois ans durant lesquels le jeu à l’esthétique cartoon du studio MDHR, fondé par les frères Jared et Chad Moldenhauer, aura connu moult maniements et remaniements. Désormais disponible, Cuphead doit encore prouver que l’attente en valait la peine.

Alors qu’ils vivaient paisiblement dans le monde d’Inkwell avec l’Ainé Bouilloire, Cuphead et Mugman décidèrent un jour de partir à l’aventure et se retrouvèrent à jouer dans le casino du Diable. Évidemment, les dés étaient pipés et les deux frères devinrent rapidement débiteurs de Lucifer. Cependant, le maître des Enfers consent à leur laisser la vie sauve, à condition que nos héros récupèrent les âmes qu’on lui doit. Âmes détenues par les pires créatures qui soient. Mus par l’instinct de survie, Cuphead et Mugman prirent leur courage à une main, armèrent l’autre (ils peuvent tirer avec l’index) et partir remplir leur mission à travers les trois îles du monde féerique d’Inkwell.

Le Diable est dans les détails

La première chose qui saute aux yeux avec Cuphead est sa superbe direction artistique. Le jeu est beau à se damner la rétine. L’esthétique renvoie parfaitement aux Merry Melodies, aux premières productions de Walt Disney ainsi qu’aux autres dessins animés des années 30. Les décors sont somptueux et fourmillent de détails. Les éléments avec lesquels le joueur peut interagir sont détourés et colorés différemment, comme pour les cartoons de l’époque (les objets qui s’apprêtaient à bouger n’étaient pas dessinés de la même manière que le reste du décor).

Qui plus est, chaque niveau possède son carton d’introduction qui laisse croire que le joueur s’apprête à regarder un nouvel épisode d’un cartoon de Max Fleisher. Histoire de donner une couche rétro supplémentaire, les développeurs ont également ajouté un filtre mimant l’usure des vieilles pellicules.

Côté animation, le studio MDHR a là aussi fait preuve d’un travail acharné. Si le jeu n’était pas d’une difficulté particulièrement élevée (on y reviendra), on s’arrêterait volontiers pour toutes les admirer, tant elles sont détaillées. Mais c’est au niveau du character design que Cuphead se démarque vraiment.

Sans vous divulgâcher la liste complète des boss, dont la découverte constitue l’un des principaux intérêts de Cuphead, préparez-vous à affronter des ennemis burlesques et bigarrés, allant du duo de grenouilles boxeuses au pirate bedonnant capable de commander les créatures marines, en passant par un enf*iré de dragon qui m’a coûté 1h30 de mon temps. Tous les affrontements sont constitués de plusieurs phases, qui sont autant de transformations pour les boss et donc de nouvelles idées de mise en scène.

Et comme si nous flatter la vue ne suffisait pas, Cuphead nous câline tout aussi bien les tympans. Avec ses effets sonores qui renvoient à ceux utilisés dans les dessins animés des années 30. Mais surtout via son incroyable bande originale. Cette dernière, composée par Kristofer Maddigan, offre près de trois heures de jazz endiablé, de swing, de ragtime et se paye même le luxe de glisser un petit hommage à l’illustre Cab Calloway, dont les chansons ont souvent été reprises dans Betty Boop.

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La vaisselle de grand-mère

Cuphead ne regarde pas vers le passé qu’à travers sa direction artistique. Le jeu des frères Moldenhauer pioche aussi dans les grandes heures du jeu vidéo pour son gameplay. Conçu à l’origine comme un simple boss rush, Cuphead mêle désormais du run & gun (Contra, Metal Slug), du shoot’em up aérien (Lightening Force) et des phases de plateformes.

Pour choisir son niveau, le joueur parcourt une carte du monde en vue aérienne. Les combats de boss, qui représentent l’essentiel du jeu, se déroulent en vue de côté sur écran souvent fixe. Pour les combattre, Cuphead et Mugman peuvent faire appel à plusieurs compétences. Déjà, les héros peuvent tirer dans 8 directions. En plus de leur attaque primaire, Cuphead et Mugman disposent également d’une super attaque qui se charge au fur et à mesure des coups portés à l’adversaire. Le joueur peut faire monter cette jauge plus rapidement grâce au parry, attaque qui consiste à rebondir sur des projectiles ou ennemis roses.

Afin de varier les plaisirs, le joueur peut acquérir des armes supplémentaires et des power-up, comme un boost de vie qui en contrepartie réduit les dégâts, auprès d’un commerçant porcin un rien patibulaire.

Mais plus que la puissance de feu pure, c’est votre adresse qui vous permettra de venir à bout des différents malandrins. Car Cuphead est un jeu sacrément difficile, mais toujours juste. Tel un die & retry vicelard, Cuphead punira toutes vos erreurs, vous forçant à apprendre par coeur les attaques des boss et la manière de les éviter. D’autant que vous n’avez que trois misérables points de vie, qui ont vite fait de disparaître, tant les combats peuvent rapidement tourner au bullet hell. Mais après tout, quoi de plus gratifiant qu’une victoire après trois minutes d’un combat acharné contre un adversaire qui nécessite un placement à la frame parfaite ?

S’il existe un mode de difficulté plus simple, qui réduit la barre de vie des monstres et annule certaines attaques, vous devrez obligatoirement battre les boss en difficulté “normale” pour récupérer les précieux contrats et ainsi accéder à la fin du jeu. Quant aux plus acharnés, ils pourront même s’essayer au mode expert qui promet des lendemains qui chantent (des cantiques sataniques).

Enfin, chaque île comprend deux niveaux plus classiques de run & gun, qui permettent au joueur de récupérer les pièces nécessaires pour obtenir de nouveaux power-ups. En revanche, n’allez surtout pas vous imaginer que ces niveaux constituent une promenade de santé par rapport aux combats de boss. Les ennemis reviennent à l’infini, quand certains ne sont pas tout simplement immortels.

Beau à en crever

Si la D.A. de Cuphead est particulièrement léchée, elle n’en cause pas moins un problème majeur, celui de la lisibilité. Comme on vous le disait plus tôt, les arrières-plans regorgent de détails. Ce qui parfois empêche de distinguer clairement un projectile. Pire encore, certains niveaux affichent même des décors en premier plan qui, s’ils ajoutent une touche supplémentaire à l’esthétique du jeu, cachent les balles, quand ce n’est pas un ennemi entier.

Le design des boss pose aussi quelques soucis de lecture. À travers l’animation pour commencer, qui laisse parfois planer le doute quant à l’attaque que va subir le joueur. Et dans le dessin qui là aussi ne permet pas toujours de déterminer correctement la ou les hitbox de l’adversaire. La palme revenant à un boss dans le dernier tiers du jeu qui bien qu’immense, ne possède que trois petites hitbox pas évidentes à trouver au premier coup d’oeil (alors que ce sac nous mitraille de projectiles et autres rayons).

Passons rapidement sur le mode coop’. Uniquement en local, il permet de battre les démons un brin plus facilement, le second joueur pouvant ressusciter le premier à l’aide d’un parry et vice-versa. Enfin, à condition que l’encombrement visuel additionnel ne vous dérange pas.

Autre choix des développeurs qui ne suscitera pas l’approbation de tous, l’absence de barre de vie pour les boss. Il faut en effet mourir pour connaître sa progression dans un combat.

Ajoutez à cela un recovery time un poil trop court et certaines phases de saut où les plateformes sont générées aléatoirement (c’est toi que je regarde raclure de dragon) et vous obtenez le parfait cocktail pour sentir monter en vous l’envie de pulvériser votre manette.

Dans un autre registre, Cuphead souffre de temps de chargement un brin longuet sur Xbox One. Le jeu s’est même payé une ou deux fois le luxe de ramer pendant lesdits chargements. Pour ce qui est du jeu sur PC, aucun souci de FPS, le titre ronronnant à 60 images/seconde. En revanche, plusieurs joueurs se sont plaints sur les interweb qu’à l’issue d’un alt+f4, le jeu n’avait pas sauvegardé leur progression. Prudence donc.

Cuphead, disponible sur PC et Xbox One, 19,99 euros

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Notre avis

On ne va pas y aller par quatre chemins : Cuphead est une véritable réussite. Faisant la part belle au gameplay nerveux et pointilleux, le titre du studio MDHR rend un bel hommage, à travers son esthétique, aux cartoons des années 30 sans jamais tomber dans le pastiche bête et méchant. Bien qu'élevée, notamment en raison de soucis de lisibilité, la difficulté du jeu reste juste. Bref, autant dire qu'un jeu comme ça, ça cartoon.
Note : 8  /  10
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