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Regarder son téléphone la nuit n’affecte pas forcément votre horloge interne

Tout le monde a déjà entendu cette rengaine au moins une fois : vérifier ses messages ou son feed Twitter en pleine nuit serait désastreux pour le rythme circadien. D’après une étude de chercheurs de l’université de Northwestern, il n’en serait rien… chez les souris, en tout cas.

C’est un fait bien documenté : de courtes expositions à une lumière intense (notamment bleue) freine l’endormissement. Mais d’après cette étude, ces expositions courtes n’affecteraient pas l’horloge biologique. En effet, les auteurs expliquent qu’il s’agirait d’un circuit nerveux différent de celui qui sous-tend le rythme circadien. Le cerveau traite donc différemment, et dans des aires cérébrales différentes, la lumière à “court terme” et l’éclairement ambiant à “long terme”. C’est ce dernier qui aurait une influence sur le rythme circadien.

Pour en arriver à cette conclusion, l’équipe s’est basée sur un fait historique incontestable : avant la démocratisation de l’électricité, notre exposition à la lumière arrivait selon des cycles bien plus prévisibles qu’aujourd’hui. Mais aujourd’hui, la lumière est partout. Chaque pièce est dotée d’au moins une ampoule, et tout le monde ou presque possède un smartphone. Même les écrans d’ordinateur et de télévision deviennent de plus en plus lumineux, pour pouvoir retranscrire les couleurs de la façon la plus précise possible. La question est donc tout à fait actuelle et pertinente.

Deux circuits nerveux bien distincts

Lorsque la lumière pénètre l’œil, elle est traduite en signal nerveux par un phénomène nommé phototransduction .Jusque là, on pensait que l’intégralité de ce signal voyageait à travers des cellules très spécialisées de la rétine, (appelées ipRGC), puis était redirigé vers une zone du cerveau (de l’hypothalamus, plus précisément) qui porte le nom barbare de “noyau suprachiasmatique” (NSC). En substance, il s’agit du siège de notre horloge interne : c’est ce “pacemaker circadien” qui synchronise les fonctions corporelles selon le cycle jour/nuit.

En temps normal, ces ipRGCs projettent vers différentes aires du cerveau. L’équipe de recherche a donc modifié génétiquement des souris, pour que tous les ipRGCs projettent vers le NSC. Elles ont ensuite été soumises à des flash lumineux en pleine nuit. En temps normal, on s’attendrait à ce que les souris s’endorment : en tant qu’animaux nocturnes, la lumière déclenche chez elles le processus d’endormissement.

Mais dans cette expérience, toutes sont restées réveillées. Leur température corporelle (intimement liée au sommeil) suggérait également que leur cycle du sommeil n’avait pas été affecté. Cela suggère que l’exposition ponctuelle à de la lumière (comme un smartphone à trois heures du matin) ne causerait pas de décalage du rythme circadien, comme l’explique Tiffany Schmidt, la responsable de l’équipe.

Si les deux effets -exposition aigüe, ou sur le long terme- étaient traitées par le même circuit nerveux, chaque exposition mineure à la lumière pourrait complètement décaler notre rythme circadien

Soyez rassurés : recevoir un message tard le soit ne va donc pas bouleverser votre horloge interne au point de ruiner votre semaine. Par contre, on peut déduire des interprétations de l’équipe de recherche que traîner devant Netflix jusqu’à deux heures du matin est une mauvaise idée : ce sont ces expositions plus prolongées qui sont à même de dérégler cette machine très sensible… Reste à voir si ces mécanismes sont effectivement transposables à l’humain, mais rien ne permet d’en douter à l’heure actuelle.

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