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Facebook autorise des parents à accéder au compte de leur fille décédée en 2012

Huit ans après la mort suspecte d’une adolescente de 15 ans en Allemagne, la Cour fédérale allemande a finalement ordonné au géant Facebook d’autoriser l’accès de son compte à ses parents. 

Crédits : @geralt via Pixabay

Les faits remontent à 2012, lorsqu’une jeune Allemande de 15 ans est morte percutée par une rame de métro à Berlin. À l’époque, les parents de la victime décident de contacter Facebook afin de pouvoir accéder au compte de leur fille, et ainsi comprendre si le décès de l’adolescente est bien accidentel, ou s’il s’agit d’un geste volontaire de sa part. Problème, le réseau social de Mark Zuckerberg s’oppose catégoriquement à cette demande, arguant que l’accès à ces données est susceptible de violer la vie privée des autres utilisateurs avec qui la jeune fille correspondait avant sa mort. 

Une question de justice

En 2018, après une première action, la Cour fédérale de justice allemande donne une première fois raison aux parents de la victime. Facebook se contente alors de leur transmettre une clé USB contenant près de 14 000 pages de données au format PDF. Un héritage difficilement exploitable en l’état, et loin d’être suffisant pour les plaignants, qui décident de saisir la justice une nouvelle fois. Après deux ans secoués par un nouvel imbroglio judiciaire, la famille est enfin parvenue à faire plier le géant du web. Une situation que l’avocat des parents, Christlieb Klages, n’a pas hésité à saluer sur Twitter, en expliquant ci-dessous : “Les héritiers doivent pouvoir accéder au compte de la même manière que le titulaire lui-même”.

Jusqu’à présent, il était impossible pour les héritiers ou parents d’une personne décédée d’accéder à son compte Facebook sans en posséder le mot de passe. Le réseau social, qui comptera bientôt plus de morts que de vivants, autorisait simplement la transformation d’un compte en mausolée virtuel, afin de permettre aux proches de laisser des messages d’hommage en souvenir de la personne disparue. Avec cette affaire, la question de l’héritage numérique est encore une fois au cœur du débat. En 2016 rappelle BFMTV, Apple avait refusé de déverrouiller l’iPhone d’un des deux auteurs de l’attentat de San Bernardino en Californie, et ce malgré les demandes du FBI. La même année, la marque à la pomme avait cependant accepté de déverrouiller le téléphone d’un jeune enfant mort du cancer afin que son père puisse récupérer photos et souvenirs. Autant d’affaires qui pourraient faire office de jurisprudence à l’avenir.

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9 commentaires
  1. C’est tout de même une question très délicate.
    Nous partageons BEAUCOUP plus d’informations personnelles qu’auparavant, nos conversations personnelles désormais écrites sont archivées, comme nos photos, comme nos simples envies.
    Est-ce que la famille du défunt doit pouvoir avoir accès aux conversations privées, aux photos envoyées/reçues, aux localisations précises du défunt après sa mort… ? Pas sûr.
    C’est comme un journal intime, pour beaucoup, il est impensable de lire le journal intime de quelqu’un même décédé. Ce n’est pas le but du journal et ce n’est pas le but des données privées mentionnées dans l’article.
    Si je prends un exemple plus personnel, il a peut-être dû m’arriver de dire certaines choses concernant les membres de ma famille, choses auxquelles je ne pense même plus à l’heure actuelle, choses que je serais peut-être moi-même surpris de lire !
    Est-ce que je veux que ces choses que j’ai dites à une personne à une époque avec le ressenti de l’époque soit posé sur papier après ma mort pour être lu par ma famille, en dehors du contexte de l’époque ? Bien sûr que non !
    Est-ce que je veux que ma compagne avec qui j’aurai vécu 50 ans avant de mourir en 2070 tombe sur les messages salaces que j’envoyais quand j’avais 19 ans à ma copine de l’époque ? Je suis pas sûr non plus.
    Est-ce que certaines choses (données) ne sont pas tellement personnelles qu’il faudrait qu’elles s’éteignent avec la personne ?

  2. Bien qu’également très partisan du droit à l’oubli, à la protection de la vie privée, et à l’interdiction d’accès aux comptes d’une personne décédée, je crois que la situation est légèrement différente dans le cas particulier de cette jeune fille, pour les 2 raisons suivantes:
    * elle est légalement mineure (aussi bien aux USA où Facebook a son siège, qu’en Allemagne où elle résidait);
    * la mort est “suspecte” (sans qu’on sache bien ce que ça veut dire).

    En ce qui me concerne, je pense que si la mort est réellement suspecte (et pas juste une lubie d’une famille qui refuse de faire son deuil), ça pourrait être à la police d’ouvrir une enquête.
    La police pourrait alors servir de proxy vis-à-vis de la famille pour leur relayer des informations bénignes (photos, messages “tu es ma meilleure amie”, etc.) si celles-ci ne sont pas accessibles par le “mode mausolée” de Facebook.

  3. Je comprends ta position mais je n’y adhère pas entièrement.

    Le coup de la clé USB fournie par FB suite à une décision de justice tenait du foutage de gueule.

    Là où je ne suis pas d’accord avec toi, c’est que tu mélanges parole orale et parole écrite. Mettrais-tu sur papier ce que tu mets dans FB (même en conversation privée) ? Si non, je reconsidérerais si j’étais toi.

    Au temps jadis (il y a 15 ans quoi…) les gens s’envoyaient ce qu’on appelle des lettres par la poste (oui je sais ça relève du steampunk ce que je décris). Bon bin un proche meurt, on fait le tri de ses affaires, on trouve tout son courrier. Si la mort était suspecte, on va lire le courrier pour confirmer ou infirmer les soupçons, au risque de se faire mal au passage, ça a toujours été normal, et c’était à la discrétion des gens de choisir si oui ou non ils allaient lire ces documents.

    Egalement, bravo pour ta récente mise en couple, si j’en crois les dates que tu nous donne ! 😬

  4. Déjà merci, j’ai pris les dates rondes par flemme, cela fait maintenant quelques années… Bref.

    Je suis assez d’accord avec toi sur le fait qu’il peut être, ou qu’il pouvait être normal d’avoir à regarder dans le courrier quitte à se faire mal lorsque la mort était suspecte. Mais il s’agissait alors de courrier. On réfléchissais alors à ce que l’on écrivait (en tout cas, beaucoup plus que maintenant) justement parce que l’on connaissait le caractère intemporel de la chose.

    Aujourd’hui, on s’écrit pour tout et rien (moi le premier), y compris des ressentis temporaires que l’on aurait pas couché sur papier à l’époque.
    On sexte et on s’envoi des nudes… Même si certains le faisaient avec le courrier, c’était envoyé à un(e) destinataire bien particulier. Et à notre mort, toute notre famille n’allait pas tomber sur tous nos nudes ou toutes nos conversations coquines, nos ressentis d’instants précis, de laisser-allers colériques sporadiques dans un énorme gloubi-boulga de 14 To de données déstinés à la base à 300 destinataires et non à 1 personne.

    Après je peux comprendre dans le cas d’un suicide d’une jeune fille de 15 ans que les parents veuillent à tout prix en savoir plus, et ne serait-ce que savoir “pourquoi”.

  5. A ce compte là, ce qui n’est pas normal c’est que la police ne puisse pas avoir accès à ces données en effet.
    Dans ce cas là oui cela me dérange beaucoup moins.

  6. C’est tout de même un cas très particulier dans un contexte historique très particulier… Pour ce cas, il était historiquement important de le publier, toute règle a son exception…

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