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Grâce au Legion Pod, les drones de combat peuvent traquer leur cible en autonomie

Grâce à une invention des ingénieurs de Lockheed Martin, l’armée américaine espère offrir une relative autonomie à ses drones Avenger. Impressionnant, mais aussi un tantinet effrayant.

Aujourd’hui, les particuliers peuvent s’offrir un petit drone pour la photo, l’exploration ou même la course à un prix très raisonnable. Mais les plus grosses avancées sont à chercher du côté militaire. Les drones de reconnaissance et de combat font aujourd’hui partie de la technologie militaire de pointe; certaines des armées les plus technophiles au monde en ont fait une priorité. C’est par exemple le cas d’Israël, qui a récemment testé un essaim de drones militarisés. Mais les plus sophistiqués de ces appareils, comme le GA-ASI Avenger de l’armée américaine, souffrent souvent d’un défaut commun; ils dépendent largement de leur système radar, sans lequel ils se retrouvent presque aveugles.

Pour pallier cette limite très handicapante, Lockheed Martin a proposé un nouveau type d’appareil de localisation, baptisé Legion Pod. Dans ce caisson cylindrique de 2,5 mètres de long se cache un “système de détection infrarouge passif et à longue distance”, assorti d’un système de localisation dernier cri. Lors de tests préliminaires, cet appareillage a permis à un drone Avenger de localiser plusieurs aéronefs à grande vitesse, puis de collecter suffisamment de données pour les prendre en chasse de façon autonome.

Une arme potentiellement terrifiante

Pour l’armée américaine, cela constitue une addition très intéressante; de l’aveu de Dave Belvin, vice-président de la branche Capteurs chez Lockheed Martin, cet essai “démontre la capacité du capteur à permettre à des appareils comme l’Avenger d’opérer de façon autonome”, du moins en partie. De quoi changer la donne, car comme précisé sur le site de General Atomics, cet appareil conçu pour être piloté à distance pourrait désormais remplir la partie critique de sa mission en toute autonomie.

L’infographie de présentation du Legion Pod. © Lockheed Martin

Une perspective pas rassurante, quand on connaît les capacités de l’engin. En effet, l’Avenger est un drone furtif, capable d’entreprendre des missions critiques de reconnaissance et de surveillance, mais pas seulement. Il est aussi capable d’embarquer une large variété d’armements dévastateurs, dont le fameux Hellfire, un missile à guidage laser et à longue portée.

À terme, le Legion Pod pourrait aussi être adapté à d’autres engins. En effet, il a été prévu pour être aussi “plug-and-play” que possible pour du matériel militaire – toutes proportions gardées, évidemment. On pourrait donc aussi le retrouver sur des appareils avec pilote; dans ce cas, il pourrait servir de renfort lorsque le système radar de l’aéronef est indisponible. Cela pourrait sauver l’appareil et son pilote en cas de panne, ou de brouillage des signaux par les forces ennemies.

Le spectre de la prolifération

Rappelons cependant que les armes autonomes ne sont pas explicitement interdites; pour l’instant, il existe toutefois une sorte d’accord tacite (parfois ouvertement bafoué) pour en réguler l’usage. En effet, de nombreux doutes demeurent quant à la capacité des systèmes autonomes à appliquer les standards de la législation humanitaire, comme les principes de proportionnalité et de nécessité militaire.

C’est pourquoi à l’heure actuelle, un appareil autonome équipé d’un Legion Pod est tout de même censé opérer sous la supervision directe de pilotes en chair et en os; il ne pourra donc pas aller bombarder de positions civiles par erreur… ou du moins pas sans l’aval d’un humain. En tout cas, une chose est sûre : cette annonce a du mettre un coup au moral des troupes de l’organisation humanitaire Human Rights Watch, qui milite contre la prolifération des “robots tueurs”.

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