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Astra rate le lancement de sa fusée malgré un “dérapage” contrôlé

LV00006 a peut-être échoué à rallier l’orbite, mais elle a au moins a gratifié son public d’une “glissade” mémorable avant de s’écraser.

L’aérospatiale est en pleine effervescence ces derniers temps. Des institutions publiques, mais également des entreprises privées lancent toujours plus d’engins à destination de l’espace, et à un rythme qui ne cesse de croitre. Et depuis peu, l’humanité envoie même des milliardaires en chair et en os à la frontière des étoiles ! Avec tous ces succès, il serait facile d’oublier à quel point il s’agit d’une industrie complexe, avec une infinité de paramètres qui peuvent potentiellement faire défaut, même lorsque tout semble fonctionner.

Ce week-end, c’est la start-up Astra qui s’est chargée de nous le rappeler à ses dépens. Lors d’un test pour le compte de l’U.S. Space Force inaugurée lors du mandat de Donald Trump, son Launch Vehicle 0006 a échoué à prendre la route des étoiles. L’engin a été victime d’une panne d’un de ses moteurs peu après le lancement; au lieu de partir à la verticale comme prévu, les quatre moteurs restants l’ont porté sur une trajectoire quasiment horizontale; ce monstre d’acier a donc flotté une vingtaine de secondes au-dessus du pas de tir.

Le véhicule a ensuite tenté de reprendre le chemin de l’espace, mais sans succès; après environ deux minutes trente d’ascension, les ingénieurs ont perdu le contrôle et ont décidé d’abdiquer. L’engin s’est ensuite écrasé dans l’océan, une cinquantaine de kilomètres plus bas. Fort heureusement, personne n’a été blessé.

La start-up conclut en ce moment une investigation de routine avec l’administration fédérale américaine, afin de confirmer les causes attendues de l’accident. “Nous regrettons de ne pas avoir été capables d’accomplir tous nos objectifs de la mission pour l’U.S. Space Force; en revanche, nous avons capturé une quantité énorme de données”, explique Chris Kemp, PDG d’Astra dans un communiqué. “Nous allons incorporer les leçons de ce test dans nos futurs véhicules de lancement, y compris LV0007, qui est actuellement en production.”

Un échec néanmoins plein de promesses

Le point positif de ce crash, c’est que l’équipe peut se réjouir des incroyables performances de son système de guidage. En effet, une fusée est en somme une grosse coque de métal posée en équilibre sur plusieurs propulseurs; si l’un d’entre eux fait défaut, des dizaines de tonnes se retrouvent en déséquilibre, et basculent ainsi vers le sol.

Au-delà des images marquantes pour le public, le fait que le lanceur ait pu se stabiliser malgré un moteur manquant, sans basculer ni s’écraser sur le pas de tir, est donc très impressionnant en termes d’ingénierie. Il est certes plus petit que certains de ses homologues, mais rappelons tout de même qu’il s’agit d’un lanceur complet, extrêmement massif. Un objet absolument pas prévu pour ce type de déplacement !

Astra plus très loin de la cour des grands

Il y a également d’autres points qui montrent qu’Astra n’a pas à rougir de cet échec. Envoyer de tels objets dans l’espace est une entreprise infiniment complexe; les pionniers du secteur ont dû se casser les dents pendant de nombreuses années avant d’y parvenir avec régularité. La start-up est d’ailleurs assez proche d’y parvenir. En décembre dernier, elle avait bien failli rejoindre la cour des grands avec un lancement très remarqué. Avec une équipe au sol pourtant microscopique (cinq personnes à peine), ils étaient presque parvenus à atteindre l’orbite avant d’échouer à cause d’une panne sèche.

Un lancement très prometteur, car il aurait très certainement réussi s’il avait été lancé depuis une zone à basse latitude, comme le célèbre Cap Canaveral. Dans ces régions, la rotation de la Terre donne un sérieux coup de pouce aux fusées sous la forme d’énergie cinétique; elles peuvent donc quitter l’emprise de la gravitation terrestre bien plus facilement. Or, cet effet est bien moins marqué sur l’île de Kodiak, en Alaska, où Astra lance ses véhicules; il faut donc garder en tête que les véhicules de la start-up partent avec un handicap.

On peut donc avoir bon espoir qu’Astra parviendra très bientôt à atteindre l’orbite. Si tout se passe bien, ils pourraient bien rejoindre SpaceX ou Blue Origin parmi les grands noms du secteur d’ici quelques années. Lancement après lancement, la start-up se rapproche de plus en plus du Graal des start-up aérospatiales, qui lui permettra de remplir ses premiers contrats commerciaux dans l’espace.

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