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Espace : les astronautes peuvent-ils s’envoyer en l’air ?

Aujourd’hui, parmi toutes les questions qui occupent le secteur de l’aérospatiale, la sexualité reste très en retrait; mais un rapport récemment publié cherche à briser la glace afin de lancer une discussion globale sur le sujet.

Depuis quelques années et en particulier depuis quelques mois, la nouvelle course à l’espace initiée par SpaceX et consorts fait rage. Un peu partout, les ingénieurs se démènent pour tenir la cadence dans ce secteur en plein boom technologique et commercial. Récemment, le public a salué le succès d’Inspiration4, la mission de SpaceX qui a satellisé quatre civils pendant trois jours. Mais si cette durée relève aujourd’hui de l’exploit, elle devrait devenir presque routinière dans un futur pas si lointain; une situation qui donne des idées à certains.

C’est le cas de We-Vibe, une entreprise connue pour ses produits dédiés aux plaisirs adultes. En collaboration avec Erobotics, un groupe spécialisé dans la sexologie spatiale, la firme vient de publier la première partie d’un long rapport sur le bien-être sexuel dans l’espace, qui compte bien donner un tout nouveau sens à l’expression “s’envoyer en l’air”.

Le sexe, parent pauvre de l’exploration spatiale

Cette question fait aujourd’hui partie des vilains petits canards de ce secteur. Non pas qu’elle soit nécessairement tabou, contrairement à ce qu’affirme le rapport; mais il faut bien admettre que jusqu’à présent, le bien-être sexuel des astronautes n’a jamais été au centre des préoccupations des ingénieurs. Certes, la question du sexe a évidemment été abordée, mais souvent d’un point de vue strictement fonctionnel. L’aspect intime et humain, lui, a systématiquement été sacrifié sur l’autel de la science.

La solitude a des effets délétères sur le moral, et affectera donc directement l’équipage, qu’il soit professionnel ou civil. © Monica Garniga – Unsplash

Un triage toutefois compréhensible; après tout, la priorité des astronautes reste de pouvoir accomplir leur mission en toute sécurité. De plus, il s’agit souvent de missions critiques, où les places sont chères et le temps limité. Sur place, la priorité absolue reste donc le travail et les astronautes sont gentiment priés de mettre leurs pulsions de côté.

Mais même ces professionnels surentraînés restent des humains, avec leurs besoins et leurs désirs. Plus les missions seront longues, plus cette problématique deviendra importante. Car si l’abstinence est envisageable pendant quelques mois à bord de l’ISS, la donne pourrait changer lors d’un voyage de plusieurs années. Et il ne s’agit pas seulement de céder à des pulsions primaires;  il est aujourd’hui admis que la santé mentale des astronautes sera une condition absolument indispensable au succès d’une mission de longue durée.

Sur Terre, la science a déjà établi qu’une activité sexuelle contribue à réduire le stress, l’anxiété et la dépression. Et même au-delà de l’aspect strictement physiologique, l’OMS reconnaît la santé sexuelle comme un “un aspect fondamental du bien-être”. Une fois loin de la Terre, il sera donc important de recréer certains des repères dont nous disposons. Et en plus de la nourriture ou du divertissement, l’activité sexuelle pourrait en faire partie.

Tout reste à inventer

Mais puisque cet aspect de la question n’a presque jamais été abordé, les solutions ne courent pas les rues. Notre corps et ses fonctions ont évolué dans le sens des conditions terrestres; pour s’adonner au sexe spatial, il faudra donc jongler avec quelques contraintes.

Pour commencer, il y a les obstacles liés à la microgravité. À long terme, elle peut causer une atrophie des muscles ou des changements cardiovasculaires susceptibles d’affecter le fonctionnement sexuel. La gravité ne sera pas non plus suffisante pour clouer des partenaires au lit. Et les corps ne seront pas les seuls objets affectés; sans gravité, les fluides corporels divers et variés peuvent également flotter en toute liberté ! Autant dire qu’il faudra redoubler d’efforts physiques, d’ingéniosité et de précautions.

Comme l’eau, TOUS les fluides se comportent très différemment en microgravité… © Sharon McCutcheon – Unsplash

Mais l’un des principaux obstacles à la sexualité sera surtout l’isolement. Pour cette raison, le rapport suggère de s’intéresser de près à la masturbation et au sexe à distance. Pour ce dernier, le document propose plusieurs moyens d’interaction qui s’échelonnent des sextoys standards à des systèmes complexes basés sur la réalité mixte, l’intelligence artificielle et les équipements haptiques.

Il sera intéressant d’observer si le secteur de l’aérospatiale prend note de ce rapport, alors que l’espace grand public semble vouée à se démocratiser. A quand les premières lunes de miel en orbite ?

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