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Empêtré dans le “désastre” des moteurs Raptor, SpaceX risque la faillite

SpaceX a de nombreux projets pour 2022 et au-delà… mais il lui faudra déjà terminer son moteur Raptor sous peine de risquer la faillite.

SpaceX serait-il un colosse aux pieds d’argile ? Dans un e-mail récemment envoyé par Elon Musk aux employés de SpaceX, le milliardaire a dressé un portrait assez inquiétant de la situation sur la ligne de production de son moteur-fusée Raptor. La situation serait même si catastrophique que l’entreprise risquerait tout simplement la faillite.

Le Raptor, c’est le gigantesque moteur-fusée qui permettra de soulever le fameux Starship, le système de lancement nouvelle génération de SpaceX. Il devrait aussi servir dans le cadre de l’alunissage de la mission Artemis, prévu en 2025. Il s’agit d’un défi d’ingénierie colossal à tous les niveaux, qui a mis les ingénieurs de SpaceX sous pression depuis 2014. Mais nous voilà désormais presque en 2022, et malgré des tests préliminaires encourageants, le Starship n’a toujours pas atteint l’orbite. En dépit des efforts des troupes de Boca Chica, il faudra patienter au strict minimum jusqu’en janvier ou février prochain.

Le problème, c’est que ce Raptor est une pièce cruciale dans les plans à court, moyen, et peut-être long terme de SpaceX. La quasi-totalité de la feuille de route de l’entreprise est aujourd’hui suspendue à l’état d’avancement du moteur. C’est notamment le cas du contrat à 2,9 milliards pour l’alunisseur de la mission Artemis attribué par la NASA, au grand dam de Blue Origin.

Le Raptor, le moteur-fusée de la discorde. © Brandon De Young / SpaceX

Les plans à court terme de SpaceX dépendent tous du Raptor

Mais il n’y a pas que cette mission prestigieuse qui rend la situation critique. Dans les plans de SpaceX, le Raptor devrait permettre d’envoyer plus d’une vingtaine de Starships en orbite dès l’année prochaine. De plus, les perspectives d’avenir des satellites Starlink V2 dépendent aussi directement de l’état d’avancement de ces moteurs.

Le souci, c’est que SpaceX fonctionne à flux tendu; elle réinvestit immédiatement une large part de ses bénéfices dans la R&D, et construit ses feuilles de route sur la base de prédictions parfois ambitieuse. Et c’est bien là que le bât blesse; car en misant tout sur le développement des Raptors, Musk s’est mis dans une situation assez inconfortable. 

Désormais, l’avenir économique de la firme est intimement lié aux lancements des futurs Starships et Starlinks V2, qui dépendent eux-mêmes des Raptors. C’est d’autant plus vrai pour ces derniers. SpaceX a déjà investi une petite fortune dans cette nouvelle version qui ne lui rapporte pour l’instant pas un centime. Or, c’est bel et bien cette V2 qui présente un vrai potentiel économique à long terme, contrairement à la première version actuellement déployée. De nombreux observateurs s’attendent même à ce que Starlink V2 devienne l’une des principales sources de revenus de l’entreprise dans un futur proche.

Musk en ferait-il trop ?

Pour espérer se maintenir à flot, SpaceX va absolument devoir boucler ses moteurs dans les plus brefs délais. Dans le cas contraire, elle commencerait à perdre énormément d’argent. Potentiellement assez pour risquer la faillite si la météo économique vire à l’orage en cours de route, comme l’explique Musk dans un tweet. Cette situation soulève néanmoins plusieurs questions. En premier lieu : qu’est-ce qui a pu ralentir autant le processus de développement, alors que SpaceX était parfaitement conscient des enjeux ? Si l’on se fie aux mails, Musk semble rejeter la faute sur un ancien responsable de haut rang qui a quitté l’entreprise récemment. Il aurait laissé quelques mauvaises surprises derrière lui, qui auraient considérablement ralenti l’avancement du programme.

Mais d’un autre côté, il existe aussi une seconde lecture parallèle de ces signaux d’alarme. En effet, Musk est connu pour sa volonté d’avancer à très grande vitesse. Et peu importe s’il doit faire du chantage à la loyauté et mettre ses employés sur les rotules pour arriver à ses fins. On se souvient par exemple de la traversée du désert étonnamment similaire que Tesla a connue en 2018. Un haut responsable avait alors accouché d’une petite phrase mémorable. Il affirmait que les troupes étaient toutes coincées “dans une relation abusive avec Elon Musk”, avec un mélange d’admiration et de respect, mais aussi de crainte par rapport à ses sautes d’humeur et ses exigences parfois déraisonnables.

Dans un tweet récent, Musk a d’ailleurs précisé que la faillite était “encore improbable, mais pas impossible”. Il faut donc prendre ce catastrophisme avec des pincettes. Mais quoi qu’il en soit, il y a tout de même urgence à boucler les Raptors; il en va de la pérennité de SpaceX. Et on comprend aisément que cela génère une certaine panique, sachant que l’on parle tout de même d’un titan à plus de 100 milliards de dollars.

 

Le texte du mail de Musk est disponible ci-dessous.

Malheureusement, la crise de la production des Raptors est bien pire qu’elle n’en n’avait l’air il y a quelques semaines; en creusant dans les problèmes laissés par les managers précédents, ils se sont avérés bien plus sévères que prévu. Il n’y a aucune façon de le dire autrement.
J’étais parti pour prendre mon week-end, mon premier depuis longtemps, mais à la place, je serai sur la ligne de production des Raptors toute la nuit et ce weekend.
A moins que vous ayez des échéances familiales importantes ou que vous soyez physiquement incapables de retourner à Hawthorne, nous avons besoin de toutes les main pour nous remettre de ce qui est, très franchement, un désastre.
Si nous ne pouvons pas produire assez de Raptors fiables, cela signifie que nous ne pouvons pas faire voler le Starship, mais aussi que nous ne pouvons pas mettre en orbite les Starlink V2. (Falcon n’a ni le volume ni la masse pour mettre un V2 en orbite). De plus, le satellite V1 est financièrement faible, alors que le satellite V2 est financièrement fort.

De plus, nous prévoyons d’augmenter la production à plusieurs millions d’unités par an, ce qui consommera un capital massif, en partant ud principe que V2 sera en orbite pour gérer cette demande. Autrement, ces terminaux seront inutiles.
Nous en arrivons donc à un véritable risque de faillite si nous ne pouvons pas faire voler le Starship au moins une fois toutes les deux semaines l’année prochaine.

Merci, Elon.

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3 commentaires
  1. L’administration NASA n’aurait jamais pu mettre une pression identique sur ses salariés. Ni même Ariane.
    On comprend le succès de SpaceX 😉.

    Vêtement je pensais que la technologie était au service des humains.

  2. Elon Musk gagné de l’argent grace a la spéculation sur les marchés financiers . Il sait vendre ses actions quand celle ci sont au plus haut , faire baisser leurs cours par des messages alarmistes , et les racheter a leur plus bas …. Etc… Il a déjà fait le coup plusieurs fois , avec le BTC aussi. Bref , ce message “interne” a destination de la presse n’a aucun autre rôle que celui spéculatif sur les marchés financiers .

  3. Je pense vraiment pas Romu. Autant ve que tu dis c’est très vrai pour certaines choses, il s’est gavé en manipulant le marché des BTC par ex
    Mais pour son moteur c’est tout l’inverse il a Absolument aucun intérêt à faire un aveu de faiblesse. Il y à rien à spéculer, et les contrats dont il parle sont déjà signés donc son moteur il le vendra pas plus cher pour autant. S’il veut manipuler le cours de l’action spacex il a d’autres moyens bien plus évidents que de faire douter les investisseurs du centre de son programme

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