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Netflix, Amazon Prime Video, Disney+ : êtes-vous accro aux séries ?

Des chercheurs polonais se sont intéressés aux mécanismes du binge-watching et à ses répercussions sociales, professionnelles et sanitaires.

En 2013, le terme “binge-watching” est en compétition pour remporter le titre de mot de l’année de l’Oxford English Dictonnary. Si c’est finalement “selfie” qui raflera la mise, le terme qui désigne littéralement “visionnage frénétique” est rapidement entré dans notre langage et dans nos habitudes de consommation.

Il faut dire que les plateformes SVOD favorisent largement ce phénomène, qui consiste à regarder plusieurs épisodes d’une série d’une seule traite. Si la diffusion linéaire avait plutôt tendance à canaliser l’appétit vorace des amateurs de productions télévisuelles, la mise à disposition d’une saison entière, comme c’est le cas sur Netflix, participe largement à la consommation frénétique de contenus. Mais ce phénomène est-il dangereux ? C’est ce qu’ont tenté de déterminer des chercheurs polonais.

Ils ont interrogé 645 jeunes adultes sur leurs habitudes de consommation, parmi un panel de spectateurs qui ont déjà regardé au moins deux épisodes à la suite. Le but était de déterminer certains facteurs sous-jacents à cette consommation excessive de contenus. Ces sujets ont dû répondre à plusieurs questions, comme “A quelle fréquence négligez-vous vos devoirs pour regarder des séries ?” ou encore “À quelle fréquence vous sentez-vous triste ou irrité lorsque vous ne pouvez pas regarder une série ?”.

La déprime et la solitude favorisent le binge-watching

Pendant les différents confinements, les utilisateurs se sont largement tournés vers les plateformes pour se divertir et surmonter la solitude. Chacun et chacune d’entre nous a écumé les catalogues des plateformes SVOD à la recherche d’une série ou d’un film à regarder.

Les chercheurs ont découvert que les difficultés de contrôle des impulsions sont le plus souvent liées à une envie d’échapper et d’oublier ses problèmes, à une envie de se sentir moins seul et aussi à un certain manque de préméditation ; comprenez la difficulté à planifier et évaluer les conséquences d’un comportement, comme l’impact que peuvent avoir des heures de binge-watching sur la vie professionnelle ou sociale.

Une addiction au même titre que les jeux vidéo ?

Dans sa conclusion, l’étude fait un lien avec l’addiction aux jeux vidéo. “Le binge-watching est une activité très courante chez les jeunes adultes. Ce comportement n’est pas seulement utilisé à des fins de divertissement, mais partage également plusieurs symptômes de certaines dépendances comportementales telles que l’addiction au jeu ou aux jeux en ligne”.

Les conséquences de ce comportement sont – selon les chercheurs – nombreuses. Elles peuvent être professionnelles, sociales, et même de l’ordre de la santé. C’est particulièrement le manque de sommeil qui est mentionné dans l’étude. Passer des heures à regarder la nouvelle saison de La Casa de Papel au détriment d’une bonne nuit de sommeil, n’est sans doute pas la meilleure idée qui soit.

Doit-on vraiment s’inquiéter de ce phénomène ? Les chercheurs restent prudents. Ils précisent que si leur étude montre principalement que l’envie de s’évader est l’un des facteurs principaux du binge-watching problématique, d’autres études ont démontré que la pratique est aussi souvent utilisée par les spectateurs pour “atténuer des émotions négatives”.

L’étude mentionne d’ailleurs que ce binge-watching n’a pas que des effets négatifs. C’est aussi une manière pour les spectateurs de s’informer différemment et d’accumuler des connaissances sur divers sujets. “Nos recherches montrent que les gros binge-watchers s’engagent dans cette activité pour apprendre de nouvelles choses et pour satisfaire leurs besoins cognitifs”.

Un phénomène à surveiller

Au vu de son apparition plutôt récente, le binge-watching n’a pas encore livré tous ses secrets. Les chercheurs précisent donc qu’il est essentiel de poursuivre les investigations pour déterminer les risques d’une telle pratique. Ils indiquent également qu’il faudra à l’avenir déterminer ce qui relève du “binge-watching sain” et de l’addiction. L’étude d’autres populations est donc nécessaire pour saisir les enjeux de ces comportements.

Netflix, Disney+ et autres offres SVOD sont donc à consommer avec modération. D’ailleurs, depuis quelque temps, les différents géants du secteur ont mis en place des fonctionnalités visant à réguler le temps passé devant les écrans. C’est le cas de Netflix qui affiche un message après plusieurs heures, pour inviter l’utilisateur à interrompre son visionnage. Sur Disney+, vous pouvez aussi désactiver la lecture automatique de l’épisode suivant, histoire de vous canaliser un peu.

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