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Les États-Unis commencent à former les futurs chirurgiens de l’espace

L’espace se démocratise à grand pas, et l’Université d’Arizona, en partenariat avec SpaceX et la Banner Health Foundation, va commencer à poser les bases de la médecine et de la chirurgie spatiale.

L’espace est un milieu impitoyable où la moindre tâche basique est soumise à des contraintes importantes. Il faut déjà mettre en place une infrastructure conséquente pour réaliser des actions de routine comme respirer, faire ses besoins ou se sustenter. Mais dans le contexte actuel où cette industrie progresse de plus en plus rapidement, des projets de plus ambitieux commencent à prendre forme ; du côté des États-Unis, on commence même à parler très sérieusement de médecine clinique et surtout de chirurgie spatiale.

En effet, ce thème va bientôt faire l’objet d’un partenariat entre l’Université d’Arizona, SpaceX et l’organisation à but non lucratif Banner Health. L’objectif : mettre en place un cursus universitaire d’un nouveau genre, centré sur la médecine et surtout la chirurgie aérospatiale.

Une task-force de stars académiques aux CVs en béton armé

Cette formation, baptisée APEX Aerospace Surgery Fellowship, est en fait un cursus de spécialisation qui s’adresse en premier lieu à des chirurgiens et autres praticiens experts et reconnus dans leur domaine. Les heureux élus seront bien évidemment triés sur le volet à travers une présélection draconienne.

Et pour cause : en substance, l’objectif est d’en faire des médecins et chirurgiens astronautes, rien que ça ! Un poste qui pourrait bien faire partie des plus exigeants au monde ; après tout, il se situe pile à l’intersection de deux disciplines infiniment denses dont la pratique nécessite de longues années d’efforts physiques et intellectuels rien que pour atteindre le niveau de connaissance et de maîtrise technique requis.

Il s’agit donc d’une double casquette particulièrement rare qui nécessite d’avoir un CV aussi épais qu’un annuaire téléphonique ; actuellement, seule une poignée d’humains, comme l’astronaute et docteur en médecine Jonny Kim, peuvent se targuer d’un tel pedigree académique. Mais APEX espère bien remédier à cette situation.

La chirurgie est déjà une discipline extrêmement complexe en temps normal… mais c’est encore une autre paire de manches lorsque les fluides se promènent à leur guise à cause de la microgravité. © Olga Kononenko – Unsplash

Des acteurs incontournables de l’aérospatiale de demain

Ce cursus “préparera des praticiens à travailler dans la branche médicale de l’aérospatiale commerciale. Ils travailleront spécifiquement sur des thématiques ultraspécialisées ; comme la médecine hyperbare, la physiologie en conditions de microgravité, ou encore la production et l’administration de traitements dans ce contexte extrêmement contraignant en termes logistiques.

Ils devront aussi se former aux particularités de cet environnement, et notamment le fait que les fluides et organes internes flottent en toute liberté en absence de microgravité. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il reste des tas de problèmes logistiques encore rédhibitoires auxquels cette équipe de choc tentera de résoudre.

À terme, l’objectif est de créer une équipe de choc de médecins de bord. Ils seront dispatchés sur les différentes missions, comme c’est déjà le cas dans la marine. Il existe d’ailleurs un parallèle assez évident entre les deux ; il s’agit d’environnements par définition hostiles, où les ressources sont très limitées et où l’équipage est livré à lui-même. Dans ce contexte de relative isolation, le personnel médical joue donc un rôle encore plus indispensable qu’à l’accoutumée. Ils fourniront un support médical et chirurgical critique dans ces environnements extrêmes”, explique le communiqué de l’institution.

Le cursus APEX et consistera en une année de formation intensive sur le campus de l’Université d’Arizona. Ils pourront aussi passer six mois à travailler sur cette thématique directement avec SpaceX. L’objectif : faire le lien entre ces bases théoriques et la réalité du terrain.

A terme, ces médecins astronautes embarqueront feront partie intégrante des équipages comme ceux de SpaceX, qui envisage déjà des missions sur Mars. © Shane Kimbrough, Megan McArthur, Thomas Pesquet,  Akihiko Hoshide / SpaceX

Top départ en 2023

La formation débutera en juillet 2023. À terme, tous les diplômés seront capables de prendre en charge un équipage entier lors d’une mission spatiale prolongée. Ils réaliseront notamment les certificats d’aptitude au vol de l’équipage et les tests de routine. Ils devront aussi être capables de réagir dans une situation d’urgence vitale. Par contre, la majorité d’entre eux ne prendra pas forcément part à une mission dans l’immédiat.

La raison est simple : ils auront déjà fort à faire sur Terre. Les diplômés joueront un rôle central dans le développement des technologies indispensables à la pratique de la médecine extraterrestre. “APEX représente notre construction collective du futur médical de l’humanité dans l’espace”, explique le Dr. Eric Petersen, initiateur du projet et figure illustre de la médecine appliquée à l’espace.

D’ici dix ans, je m’attends à ce que l’un de ces diplômés pratique la toute première chirurgie dans l’espace”, renchérit son collègue Anil Menon avant d’ajouter, rêveur : “et avec un peu de chance, ça sera sur Mars !”  L’avenir nous dira si ce dernier aura un jour l’occasion de poser un pied sur la planète rouge.

Mais quoi qu’il en soit, il aura déjà l’immense privilège de jouer les pionniers d’ici quelques années. En effet, cet ex-directeur de la recherche médicale chez SpaceX a déjà été débauché par la NASA; il se prépare désormais en prévision de la mission Artemis, qui doit ramener l’humain sur la lune à l’horizon 2026. Il ne fait aucun doute que l’équipage de cette mission historique sera ravie d’avoir un spécialiste à ses côtés, mais les enjeux sont encore plus importants : en plus de toutes ses autres promesses, cette mission pourrait bien marquer le début d’une médecine de l’espace en bonne et due forme.

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