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NASA : l’inspecteur Juno dévoile le passé cannibale de Jupiter

Sur le banc des accusés, une géante gazeuse accusée de s’être nourrie d’un tas de planètes infantiles.

Ces dernières années, Mars est devenue la véritable coqueluche des grands acteurs de l’aérospatiale, à commencer par SpaceX qui ambitionne d’y construire une colonie. Mais dans l’ombre de cette starlette au teint écarlate, notre système solaire regorge d’autres objets fascinants qui méritent aussi l’attention des astronomes. C’est notamment le cas de Jupiter.

Cette géante gazeuse, de loin la plus grosse planète de notre système solaire. Elle présente tout un tas de particularités uniques qui intéressent beaucoup les chercheurs. Mais malgré sa taille, elle est très compliquée à étudier, en grande partie à cause de sa distance par rapport à la Terre (environ 750 000 000 kilomètres). C’est d’autant plus vrai pour tous les phénomènes qui se déroulent en dessous de sa superbe surface.

De quoi frustrer les spécialistes, car c’est probablement là que se cachent les réponses aux questions les plus intrigantes. Il reste donc de très nombreux mystères à élucider. C’est notamment le cas des mécanismes qui lui ont permis d’atteindre une taille pareille; à l’heure actuelle, l’histoire de la formation de Jupiter reste encore constellée de zones d’ombres.

L’inspecteur Juno a l’œil perçant

C’est là qu’intervient Juno. Ce satellite de la NASA surveille la géante gazeuse sans répit depuis 2016; il mesure sa composition, l’intensité des champs magnétiques et gravitationnels à la recherche d’indice sur la composition et l’histoire de la planète. Et récemment, elle vient de toucher le gros lot. Les relevés de la sonde ont montré que les entrailles de Jupiter contiennent une belle surprise.

Grâce aux mesures du champ gravitationnel, les chercheurs ont pu voir au-delà de la surface pour collecter des tas de données sur les couches profondes de Jupiter — comme les médecins le font dans le cadre d’une IRM par exemple. Ils ont ainsi déterminé que des éléments dits « lourds » étaient présents en abondance dans entrailles de la bête.

© NASA

Un festin à base d’embryons planétaires

En analysant la composition chimique des éléments en question, la NASA a déduit qu’il s’agissait des restes d’une myriade d’embryons de planètes — on parle de planétésimaux que Jupiter a dévoré sans ménagement. Un cannibalisme infantile qui, d’après les chercheurs, a joué un rôle prépondérant dans la croissance de la géante gazeuse.

Pour résumer, ces planétésimaux sont des accumulations de roche, de poussière et de gaz qui se rassemblent continuellement sous l’effet de la gravitation. Cette structure est à l’origine d’une force gravitationnelle de plus en plus intense qui conduit à l’absorption de davantage de matériel, et ainsi de suite.

S’ils ne sont pas dérangés, ces planétésimaux finissent donc par accumuler suffisamment de matière pour former un grand corps céleste cohérent; on parle alors de planète. C’est ainsi que sont nées toutes les planètes du système solaire, y compris notre Terre. Mais s’ils n’ont pas la place de se développer, ils entrent alors en compétition; le plus lourd des deux va finir par assimiler le plus petit. Et c’est exactement ce qui s’est passé pour ces planétésimaux.

Ils sont nés un peu trop près d’un Jupiter en pleine poussée de croissance qui ne s’est pas fait prier pour les gober tous crus. La géante gazeuse aurait ainsi dévoré l’équivalent de quelques dizaines de planètes Terre, ce qui pourrait représenter des centaines de planètes infantiles.

Une vue d’artiste d’un disque protoplanétaire, un amas de matériel dont peuvent émerger des embryons de planètes. © Keck Observatory

Connaître Jupiter, c’est connaître le système solaire

Pour la petite anecdote, on peut y voir un lien ténu avec le dieu Saturne qui, selon le folklore romain, aurait dévoré tous ses enfants suite à une prophétie qui stipulait que l’un d’entre eux finirait par le remplacer.

Mais ce n’est pas cette filiation très abstraite qui rend ces travaux aussi intéressants. Ces nouvelles informations sur la structure et les entrailles de Jupiter permettront de préciser les modèles existants, notamment ceux qui s’intéressent aux premières heures de l’univers.

En effet, il n’y a pas que des planétésimaux qui ont fait les frais du passage de Jupiter. À cause de la force gravitationnelle dantesque qu’elle génère, elle a joué un rôle très important dans la mise en place de la structure de notre système solaire (voir Migration de Jupiter). Connaître les détails de sa croissance permet donc d’en apprendre davantage sur l’histoire de notre voisinage cosmique dans son ensemble… et tout ça grâce à une petite sonde qui réalise un travail de titan en solitaire depuis six ans déjà.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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