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Volcans : le monde n’est pas du tout prêt pour la prochaine super-éruption

Des chercheurs tirent la sonnette d’alarme et rappellent que le risque d’une super-éruption catastrophique est largement sous-estimé.

Les astéroïdes ou les éruptions solaires, pour ne citer qu’eux, représentent des menaces existentielles qui pourraient changer le visage de notre civilisation en un clin d’œil; il suffit de s’intéresser au sort des dinosaures ou à l’événement de Carrington pour en avoir le cœur net.

Mais il existe encore d’autres dangers encore plus concrets, et il n’y a pas forcément besoin de scruter l’espace pour les repérer; ils peuvent se trouver juste sous notre nez, directement sur Terre. On peut évidemment mentionner les pandémies. Mais des géologues ont tenu à rappeler un autre élément que l’humanité a tendance à sous-estimer: les volcans.

Ces derniers sont tout sauf rares; la Terre en est parcourue de bout en bout, et une grande partie d’entre eux est encore active. Une éruption volcanique n’a donc rien d’inhabituel. La plupart d’entre elles ne représentent même pas une menace directe pour les populations.

Mais dans certains cas bien précis, le tableau peut être très différent; certains volcans pourraient donner lieu à des éruptions cataclysmiques, susceptibles de défigurer notre planète à tout jamais – avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer pour l’humanité.

Le Hunga Tonga, une piqûre de rappel bien méritée

Cette éventualité s’est encore rappelée à nous récemment, lors de l’éruption massive du Hunga Tonga dans l’archipel de Tonga, le 14 janvier dernier – la plus importante du 21e siècle. Les conséquences de cet événement ont été terribles pour la population locale.

Les câbles sous-marins ont été rompus, ce qui a coupé les communications de l’archipel pendant plusieurs jours. L’agriculture, la pêche et les infrastructures en général ont aussi été mises à mal par les chutes de cendres qui ont tout recouvert à des centaines de kilomètres à la ronde. Des tsunamis ont même été documentés au Japon et en Amérique.

L’éruption du Hunga Tonga, en janvier 2022, a déjà eu des conséquences catastrophiques… et la Terre a encore bien pire en réserve. © NASA Earth Observatory / Joshua Stevens / NOAA / NESDIS

Fort heureusement, l’éruption n’a duré qu’une grosse dizaine d’heures, et les scénarios les plus catastrophiques ont pu être évités. Si elle avait été plus longue, les conséquences auraient pu être bien pires, avec des répercussions à l’échelle de la planète sur les communications, les chaînes d’approvisionnement, la situation sanitaire et le climat.

Mais il serait inconscient de penser que l’humanité est désormais tirée d’affaire. Dans un commentaire paru dans le prestigieux journal Nature, des géologues ont tenu à rappeler que ce coup de semonce n’était pas un cas isolé.

Les super-éruptions, une menace trop souvent minimisée

En se basant sur des relevés effectués dans des calottes glaciaires, ils ont pu déterminer que ces événements étaient beaucoup plus fréquents qu’on ne le pensait jusqu’à présent. Ils expliquent que d’ici la fin du siècle, l’humanité a environ 1 chance sur 6 de subir une éruption de magnitude 7 sur 8 – soit 10 à 100 fois plus puissante que celle de Tonga. Cela signifie que nous avons beaucoup plus de chances de subir une super-éruption que l’impact d’un énorme astéroïde.

Or, des éruptions de ce genre ont déjà provoqué des changements radicaux du climat et conduit à la chute de civilisations tout entières. Et malgré cette réalité bien documentée, l’humanité n’a quasiment rien fait pour limiter l’impact “abrupt et immense” d’un tel événement s’il survenait aujourd’hui.

Certes, la recherche a beaucoup progressé; les volcans les plus menaçants sont aujourd’hui surveillés comme le lait sur le feu. Mais reste qu’en l’état, le constat est à peu près le même que pour les éruptions solaires les plus violentes (voir notre article); nous ne pourrions quasiment rien faire pour protéger les filières critiques comme de l’agroalimentaire, les transports, le commerce, la finance, l’énergie ou les communications… alors que les décideurs politiques ont pourtant consacré des centaines de millions à la défense contre les astéroïdes – une menace assez anecdotique en comparaison.

volcan en éruption
© Piermanuele Sberni

Mieux vaut prévenir, mais il faut aussi savoir guérir

“Cela doit changer”, martèlent les chercheurs dans leur publication. Ils expliquent qu’il va absolument falloir multiplier les efforts sur plusieurs fronts très importants. Pour commencer, ils expliquent qu’il est fondamental d’accentuer les travaux de recherche autour des volcans actifs pour améliorer notre capacité à prévoir les éruptions.

Les auteurs en profitent pour rappeler qu’il serait grand temps de déployer un satellite, voire une constellation de sondes entièrement consacrées à la surveillance exclusive des volcans. À l’heure actuelle, il n’existe encore aucun objet de ce genre, ce qui semble tout simplement aberrant à notre époque où l’aérospatiale progresse très rapidement.

Ils suggèrent également d’explorer la piste de la géo-ingénierie volcanique à grande échelle pour contrôler le comportement des volcans. Cela ressemble encore à de la science-fiction pour le moment, mais avec une menace aussi importante, tous les angles d’attaque doivent être envisagés.

De plus, au vu des conséquences potentielles, il serait très imprudent de s’arrêter à de la simple prévention; il va désormais falloir être proactif. Les auteurs veulent encourager des groupes de recherche interdisciplinaires à travailler activement sur ces questions.

Faire l’autruche ne sert à rien. Il faut absolument s’attaquer au problème frontalement, poser les questions qui dérangent, et imaginer les scénarios les plus catastrophiques pour proposer des solutions. Car si l’humanité est prise au dépourvu par un cataclysme de cette ampleur, il existe un risque non négligeable qu’elle ne s’en relève jamais.

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Source : Nature

6 commentaires
  1. Des bunkers pour tout le monde, contrainte avec la construction de chaque nouveau grand immeuble ou résidence, comme en Suisse. Et un vaste réseau de tunnels.

  2. Ces bunkers sont bien, mais ils sont faits pour s’abriter temporairement. L’éruption d’un super volcan, c’est long, et ses effets le sont encore plus. De toute façon, on ne risque pas vraiment de subir les effets directs d’une telle éruption en Europe… En revanche, le climat, l’agriculture et d’autres activités seront très fortement impactés, et ce pour des mois, années ou décennies selon l’ampleur. Pour ça, juste des bunkers n’aideront pas à moins de développer toute une infrastructure alternative.

  3. En Europe il y a le super volcan au sud de Naples, qui pourrait rayer l’Italie ou plus de la carte, comme le Yellowstone au nord-ouest des États-Unis.

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