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Le “Dr. Z”, grand manitou de la science à la NASA, va quitter l’agence

Thomas Zurbuchen tire sa révérence après plus de six ans de bons et loyaux services.

Dans un billet de blog, la NASA vient d’annoncer le départ imminent de Thomas Zurbuchen, l’éminent chercheur helvético-américain qui a dirigé sa division scientifique pendant presque sept ans. Réputé pour son exemplarité et son intransigeance scientifique, il tire sa révérence après avoir tenu la barre pendant l’une des périodes les plus productives de l’histoire de l’agence.

À travers ses contributions à plus de 200 articles scientifiques tous publiés dans des revues prestigieuses, « il a apporté une quantité de recherche scientifique, d’expérience en ingénierie, et de connaissances pratiques aux équipes de classe mondiale de la NASA », peut-on lire dans le communiqué.

Ces états de services remarquables, l’administrateur Bill Nelson a tenu à les souligner lors d’un hommage personnel. « Thomas laissera une marque indélébile à la NASA ; il a gardé son poste plus longtemps qu’aucun autre de ses prédécesseurs, et je suis reconnaissant de sa dévotion envers l’agence », a-t-il déclaré.

Un leader scientifique très estimé

Et il ne s’agit pas d’un euphémisme ; sous la houlette du « Docteur Z », la NASA a mené avec succès certaines de ses missions les plus ambitieuses de son histoire. Il a supervisé plus de 100 missions scientifiques de premier plan pendant lesquelles il a fait forte impression auprès de ses collègues.

« Ca a été un honneur de travailler aux côtés de Thomas Zurbuchen, en particulier durant cette période parmi les plus excitantes de l’histoire scientifique de la NASA », explique Pamela Melroy, une astronaute référencée devenue administratrice adjointe de la NASA. « Ses connaissances profondes et son leadership exemplaire ont eu un impact profond sur l’agence et pavé la voie pour que la science à la NASA continue de progresser. »

Il était par exemple aux commandes lors de l’arrivée sur Mars de l’exceptionnel rover Perseverance. Cette mission s’est illustrée lorsque son acolyte de toujours, l’hélicoptère Ingenuity, a réalisé le tout premier vol contrôlé sur Mars. En tant que directeur scientifique, il était aussi en première loge pour assister au premier « contact » d’une sonde spatiale avec le Soleil. Il a aussi été aux avant-postes pour le déploiement et l’entrée en fonction de l’incroyable James Webb Space Telescope.

Zurbuchen a aussi grandement participé à définir les futures priorités de l’agence. Il a fait partie du comité de sélection qui a donné le feu vert à 36 missions de premier plan. On pense notamment au programme Mars Return Sample, un véritable chef-d’œuvre logistique qui doit rapatrier les échantillons collectés par Perseverance. Il a aussi joué un rôle important dans la gestion du programme Artemis.

On peut également citer Dragonfly. Cette mission enverra un énorme hélicoptère explorer l’un des satellites les plus remarquables de Saturne. Il y a aussi le SPHEREx, un télescope révolutionnaire qui scrutera le ciel avec un champ d’observation exceptionnellement large.

Il a aussi joué un rôle très important d’ambassadeur auprès des autres agences, institutions et partenaires de la NASA. L’agence lui doit un grand nombre de projets collaboratifs ; tous ont participé à l’émergence de nouveaux axes de recherche et « aidé à repousser les frontières de la connaissance et de l’exploration ».

« Un bon moment pour une transition »

« J’ai eu beaucoup de mal à prendre cette décision », explique l’intéressé dans un billet de blog. « J’adore travailler avec les équipes scientifiques de la NASA. Je doute que j’aie à nouveau un travail aussi cool que celui-ci. Il n’y a aucun autre emploi qui me permettrait de travailler sur des missions plus excitantes, ou qui pourrait impacter davantage les découvertes scientifiques », détaille-t-il, visiblement ému.

Pourquoi, dans ce cas, quitter son poste ? Tout simplement, l’intéressé estime avoir déjà apporté tout ce qu’il pouvait à l’agence ; il considère qu’il est désormais l’heure de passer la main à une nouvelle génération pleine d’idées fraîches.

« J’ai eu l’occasion d’implémenter toutes mes meilleures idées. Et il y a, sans aucun doute, d’autres grands meneurs pleins d’idées incroyables qui méritent d’être explorées », explique-t-il.

C’est aussi une décision éminemment stratégique. Comme précisé plus haut, il s’agit d’un poste extrêmement important ; si un changement survenait lors d’une période délicate, les conséquences pour l’organisation des futurs programmes pourraient être dramatiques. Et puisque l’agence se porte très bien en ce moment, Zurbuchen estime qu’il s’agit du moment idéal pour procéder à un passage de relais dans d’excellentes conditions.

La NASA cherche déjà son successeur

Désormais, l’agence va devoir lui trouver un remplaçant ; elle aura jusqu’à la fin de l’année 2022, date à laquelle Thomas Zurbuchen quittera officiellement l’institution. Un délai relativement court, car trouver un remplaçant à un professionnel de ce calibre ne s’improvise pas.

En effet, la NASA va devoir commencer par trouver un successeur aux références académiques très solides. Mais pour occuper ce poste extrêmement prestigieux, être un éminent scientifique ne suffit pas. Le prochain directeur scientifique devra aussi démontrer ses capacités de leadership. Il aura la lourde tâche de mettre en place une ligne directrice pour les centaines de chercheurs, ingénieurs et techniciens que compte l’agence. Il devra aussi être un excellent communicant et un négociateur féroce.

Pour l’instant, l’agence n’a pas encore précisé quand elle annoncerait le nom de son successeur. Il conviendra donc de guetter cette information dans les communiqués de la NASA d’ici la fin de l’année. Il sera aussi intéressant de voir à quoi ressemblera la suite de l’aventure pour Zurbuchen ; connaissant son CV exceptionnel et l’aura dont il jouit après ces six années très productives, le Dr. Z pourrait facilement trouver un poste chez n’importe quel grand nom de l’aérospatiale – contrairement à son compatriote Roger Federer, qui va pour sa part profiter d’une retraite bien méritée.

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Source : NASA

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