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Avez-vous déjà vu une baleine avec une scoliose ?

Un plaisancier espagnol a repéré un majestueux rorqual à la colonne vertébrale déformée – et c’est probablement la faute de l’humanité.

La Fundación Oceanogràfic de València, un institut espagnol consacré à l’étude des écosystèmes marins, a récemment publié un post Facebook étonnant repéré par ScienceAlert. On y découvre un rorqual – le deuxième plus grand mammifère vivant après sa cousine la baleine bleue – qui semble présenter une déformation particulièrement sévère de la colonne vertébrale.

Dans un post Facebook, l’institution explique que tout est parti d’un appel d’un navigateur local. Il a remarqué que le majestueux mammifère semblait éprouver de grosses difficultés à nager. Il en a déduit qu’il était probablement empêtré dans un filet à la dérive, et a donc contacté la Guardia Civil espagnole pour qu’elle lui vienne en aide.

Mais lorsqu’une patrouille s’est rendue sur place avec un groupe de vétérinaires et de biologistes, elle n’a pas trouvé la moindre trace de matériel de pêche abandonné. Les garde-côtes ont donc suivi l’animal pour que les spécialistes puissent comprendre l’origine de ses tracas.

Un rorqual à la colonne vertébrale tordue

Et ils n’ont pas eu à patienter bien longtemps. Très rapidement, ils ont compris pourquoi ce rorqual avait tant de mal à nager : il présente une grave déviation de la colonne vertébrale. Sur les images, la pauvre bête a toutes les peines du monde à se déplacer avec sa queue tordue à 45°. Et malheureusement, il y a de fortes chances qu’elle soit aussi en grande souffrance. Un vrai crève-coeur pour les vétérinaires.

Si les humains se montrent particulièrement compatissants dans ce cas de figure, c’est que notre espèce est également sujette à ces déformations; on parle alors de scoliose. Elles peuvent résulter d’un trouble de la croissance chez des enfants et adolescents. Elles peuvent aussi être causées par une malformation congénitale ou un trouble du système nerveux, comme l’infirmité motrice cérébrale.

Accessoirement, nous sommes aussi la seule espèce où les chercheurs ont documenté des cas de scolioses spontanées, qui apparaissent sans cause évidente. On parle de scoliose idiopathique.

Chez le rorqual, il est virtuellement impossible de deviner l’origine de cette déviation spectaculaire. En revanche, il semble hautement improbable qu’elle soit idiopathique. Il pourrait s’agir d’une malformation; des cas de ce genre ont déjà été documentés par le passé.

Les gros navires, une menace pour les baleines

Mais l’explication la plus probable est aussi la moins réjouissante. En effet, cette scoliose pourrait être la conséquence d’un violent traumatisme, comme une collision avec un navire. D’après l’association de conservation marine Seven Seas, environ 20.000 baleines meurent chaque année dans ces circonstances. Et les rorquals, qui ont l’habitude d’évoluer près de la surface, sont les premiers concernés.

Ils sont souvent mutilés par les hélices des propulseurs. Mais ils peuvent aussi être percutés de plein fouet par la proue d’un bateau. Connaissant la masse colossale de ces espèces (40 tonnes pour le spécimen présenté ici), ces collisions peuvent être extrêmement violentes. La coque métallique des navires n’a pas grand-chose à craindre. Mais on ne peut pas en dire autant du squelette des animaux. Il n’est tout simplement pas conçu pour résister à un impact si violent.

La plupart des victimes n’y survivent pas. Et le plus écœurant, c’est que les conséquences de ces accidents ont tendance à disparaître promptement. En effet, les baleines sont des mammifères marins. Au même titre que les humains, elles sont incapables de respirer sous l’eau. Et si une colonne vertébrale fracturée les empêche de nager correctement, elles finissent donc par se noyer à petit feu. Un peu comme une personne hémiplégique qui serait jetée au beau milieu de l’océan sans équipement.

Le destin des rescapés n’est pas beaucoup plus enviable. Ceux qui survivent à ces rencontres sont condamnés à souffrir tout au long de leur vie. Et la peine peut être de longue durée sachant que les rorquals peuvent vivre près de 100 ans.

Le spécimen observé par la Guardia Civil, de son côté, a fini par reprendre le large tant bien que mal. Mais les spécialistes préviennent qu’il pourrait réapparaître très prochainement, “en raison de son état général et de ses difficultés à nager”.

Espérons donc que la marine marchande entendra les appels des associations de protection du monde marin. Elles réclament depuis longtemps la mise en place de mesures de protection. Avec un peu de chance, davantage d’entreprises finiront par adopter une variante de la législation canadienne, qui impose déjà aux navires de prendre leurs précautions lorsqu’ils croisent des mammifères marins. Ce serait déjà un premier pas. Mais il faudra aller beaucoup plus loin pour réduire l’impact des navires sur ces majestueux animaux.

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2 commentaires
  1. Je dirais que peut étre la baleine a été agressée par un autre cétacés ou un requin à son jeune âge au niveau de sa colonne vertébral .
    L´attaque a provoquée une déformation de la colonne vertébrale qui a évoluer avec l´âge

  2. Merci monsieur le spécialiste, vos lumières nous rassurent nous humains, race supérieure de ce monde et biens connus pour ne pas être la cause de bon nombre d’extinctions d’espèces mais aussi de destruction sans précédent de notre environnement

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