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Avec Optiq et Lyriq, Cadillac signe un retour électrisant en France

Les Américains voient toujours tout en (trop) grand. Cadillac revient donc en France.

Au programme, deux gros SUV.  Le premier est connu. C’est le Lyric. Comme les paroles d’une chanson interminable. Car il est aussi long que la période des pluies en France. L’autre engin est plus court, plus dans les standards européens. Nommé Optiq, il joue dans la cour des 3008, Scenic, Tesla Model Y. C’est lui qui a suscité les regards et autres vidéos.

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Voici l’Optiq de Cadillac.

Nous avons pu monter dedans. De quoi se faire une première petite idée, en attendant l’essai.

Optiq, voiture qui tente d’en mettre plein la vue

Le volume extérieur de l’Optiq est massif. Plus gros que la concurrence, il est plus discret sur les optiques (justement), qui ne sont pas sans rappeler celles des Scenic et 3008. Le style Gilles Vidal qui transpire par les pores de toutes les carrosseries françaises. Une coïncidence ? Surement, car les feux de l’Optiq (amusant cette phrase) comme sa calandre piochent dans le style du constructeur américain et évoquent la face avant des CTS.

D’ailleurs, ce bouclier est massif. Et cette fausse grille ne s’illumine malheureusement pas. La ligne reste banale, mais élégante, surtout en rouge. Le gris donnant un côté trop générique à un design déjà vu. Ce Cadillac Optiq donne l’impression d’être sorti de GTA.

Sur le dessus, un capot interminable n’abrite aucun frunk (coffre avant). Frustrant quand on y a pris goût. Décevant, quand un véhicule électrique de 2024 n’en propose pas. Il faut se rabattre sur le coffre, un peu juste. Là encore, l’absence de sous-coffre est difficile à comprendre. Des voitures pourtant plus compactes en ont.

L’espace à bord donne la sensation d’être dans un cocon américain. Mais le choix du bleu est étrange. Surtout que cette couleur peut habiller tout le revêtement en similicuir, comme Cupra. Rassurez-vous, le blanc crème existe et il est réussi. La ceinture de caisse est haute, privant les passagers de lumière. Heureusement, le toit panoramique occultant corrige le tir.

À l’intérieur, ça souffle le chaud et le froid. C’est que Cadillac est un constructeur américain. Les standards de fabrication ne sont pas ceux d’Europe. Ce joystick en plastique, au milieu, qui couine, grince et possède un peu de jeu ou encore cette plaque de plexi sur la console centrale font cheap, quand les réglages des grilles d’aération ou la qualité du revêtement des contreportes et espaces de rangement sont agréables au toucher. Le volant cumule les deux, avec un rembourrage agréable sur les côtés, et un insert en plexi pas des plus agréables ni des plus esthétique.

Sans Titre

Il y a pourtant un effort qui a été fait. Les sièges, par exemple, sont vraiment confortables, en plus d’offrir un bon maintien latéral, y compris pour les personnes aux hanches généreuses.

L’écran 9K LED de 33 pouces et incurvé sert à la fois de compteur numérique et de tablette de navigation. Il permet d’afficher plein de choses. Ce qui ne nous a pas empêchés de chercher certaines fonctions, comme la synchronisation de la climatisation ou la ventilation des sièges. La qualité n’est pas le seul argument : les LEDs permettent d’avoir une profondeur de noir plus importante.

Android Automotive est au programme, mais sur le modèle du showroom, le planificateur d’itinéraire n’était pas encore disponible. Pour rappel, c’est lui qui vous conseille quand vous arrêtez pour charger, en tenant compte, pour les meilleurs du genre (dont celui d’Android Automotive), de l’affluence aux bornes de recharge. Et Android Automotive permet d’intégrer les données de conso en temps réel de la voiture à Google Maps.  Le meilleur des deux mondes.

Le rétroviseur central passe d’un miroir à un écran. Ce n’est pas nouveau, mais c’est toujours sympa. Nous n’avons pas pu expérimenter la qualité des 19 HP signés AKG qui promettent une restitution Dolby Atmos. Nous attendrons le test.

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L’arrière manque de personnalité.

Ce premier contact est donc mitigé. Il y a de bonnes idées technologiques, à défaut d’idées techniques. Mais certains choix sont vraiment compliqués à comprendre, côté finition, pour un produit pensé pour l’Europe (il a été présenté à Paris pour la première mondiale).

Pas beaucoup d’info sur les capacités techniques ou le prix

La batterie a une capacité de 85 kWh. C’est dans le haut du panier. Les 480 km d’autonomie selon le cycle américain sont, eux, dans le bas. La puissance de 300 ch est transmise par 2 moteurs (un sur chaque essieu), ce qui en fait un véhicule 4 roues motrices. Le couple est de 480 Nm.

Reste le prix. L’Optiq n’a pas encore dévoilé ses tarifs en France. Aux « States », le tarif est de 54 000 $, sans les taxes. Nous pouvons miser sur 70 000 euros TTC. Ce serait cependant beaucoup. Beaucoup face au Lyric, dont le prix de 80 000 euros TTC est connu. Mais également beaucoup face à une concurrence qui bénéficie du chauvinisme européen.

Cadillac Lyriq : on connait la chanson

Le Lyriq n’est pas nouveau. Il a déjà fait couler beaucoup d’encre numérique et pour cause, son hayon plongeant et ses feux arrière à deux étages très séparés interpellent.

S’il paraissait énorme en vidéo, il parait plus rationnel dans la vraie vie. Du moins, une rationalité qui colle avec notre époque démeusurée.

L’intérieur est presque identique à l’Optiq : même écran, même siège, mêmes commodos, mêmes boutons, même joystick, même volant. Le gain est sur la forme plus que sur le fond. Le cuir est cependant authentique sur le grand modèle.

Pourquoi un tel engin en Europe devez vous vous demandez ? Car c’est un segment à forte marge et statutaire. Il vise tant les parcs automobiles d’entreprises que les CSP + à la recherche d’un véhicule statutaire : comprenez par là qu’il ne faut pas une Porsche (qui fait flambeur) ou une Dacia (qui fait peur). L’automobile a un effet auprès des clients, qu’importe ce qu’on en pense. Et les constructeurs l’ont bien compris en lisant les chiffres. D’ailleurs, Xpeng, dont nous avons récemment parlé sur le site, vise les 3 % de part de marché sur ce segment. C’est dire…

Bref, la Lyriq a ses chances.

Un store parisien qui sert de showroom

Il y a fort à parier qu’en parcourant le premier étage, vous hésiterez entre un musée, un lieu lifestyle ou un Apple Store. Mais vous ne penserez pas à une concession. C’est normal, le constructeur voulait quelque chose de plus tendance, plus vivant, plus moderne qu’un hall rempli de véhicules.

Les machines à coudre répondent à trois paires de sneakers Nike spécialement créées pour l’occasion, posées comme des trophées dans des cases colorées.

Un espace avec un canapé offre un aperçu de l’espace. Sur le mur, des photos méticuleusement choisies représentent l’histoire et l’essence (sans jeu de mots) de Cadillac.

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Une maquette en clay (ça veut dire boue en anglais, mais ça qualifie cette maquette réalisée à échelle 1/5 en atelier de design pour se rendre compte des proportions) trône avec, derrière elle, quelques formes sur lesquelles sont appliquées les couleurs du nuancier, afin d’en admirer le rendu en volume.

Enfin, des iPads sont mis à dispositions pour configurer le véhicule autour d’une énorme table à côté de laquelle un énorme écran diffuse des vidéos mettant en valeur l’Optiq et le Lyriq.

Il y a même un espace pour enfant.

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Les enfants aussi peuvent jouer avec les SUV électriques américains.

Au rez-de-chaussée, deux Lyriq et un Optiq sont exposés, avec beaucoup d’espace autour. L’éclairage artificiel fusionne à la lumière naturelle qui s’évade des énormes baies vitrées.

Cadillac se veut moderne et, avouons-le, son showroom le réussit bien. Mieux que ses deux modèles du moment, qui, malgré la pièce maitresse qu’est cet écran incurvé, manque d’audace pour sortir de cette masse de voitures électriques, qui ont besoin de faire leurs preuves, pour convaincre un public blasé, fatigué et accessoirement, ruiné.

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