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C’est officiel : le maximum solaire est là, notre étoile va faire des siennes

Le Soleil est sur le point d’atteindre le pic de son cycle d’activité de 11 ans, et il faut donc s’attendre à une météo solaire particulièrement capricieuse.

C’est officiel : la NASA vient de confirmer que nous sommes désormais au coeur du maximum solaire, le pic du cycle d’activité de notre étoile. Son champ magnétique est désormais sur le point de s’inverser, et il faut donc s’attendre à un emballement de la météo solaire sur les prochains mois – sans paniquer à outrance, mais en restant conscient de ce dont le Soleil est capable.

Du point de vue de la Terre, le Soleil ressemble à un ange gardien imperturbable, qui brille de manière constante depuis la genèse de notre planète. Mais au fil des siècles, les astronomes ont réalisé qu’il n’était pas aussi immuable que le pensaient nos ancêtres. Il suit en fait un cycle relativement précis, même s’il est difficile d’en prévoir les limites exactes.

Le pic d’un cycle de onze ans

On sait que ce cycle dure onze ans en moyenne, et qu’il est délimité par des inversions brutales du son champ magnétique solaire. Il s’agit d’un constat désormais bien établi depuis près plusieurs siècles. Pourtant, les chercheurs ont encore du mal à comprendre toutes les nuances de la dynamo solaire, le mécanisme à l’origine de ce champ magnétique. En fait, c’est même l’un des mystères les plus tenaces de toute l’astrophysique; on ne sait toujours pas exactement ce qui génère ce magnétisme, ni pourquoi le champ résultant bascule régulièrement.

Cycle Solaire
© Robert A. Rohde via Wikimedia Commons

Par contre, si les phénomènes sous-jacents demeurent assez énigmatiques, on sait que ce cycle est intimement lié au nombre de taches solaires. Ce terme désigne les fameuses zones sombres que vous avez sans doute déjà vues sur de nombreuses photos du Soleil; elles apparaissent là où des lignes de champ magnétique particulièrement intenses émergent de la surface et perturbent le flux du plasma qui entoure l’astre.

Lorsque l’inversion approche comme c’est le cas en ce moment, on entre dans ce qu’on appelle le maximum solaire. Cela correspond à une augmentation drastique du nombre de taches solaires, mais aussi et surtout de tous les phénomènes qui y sont associés.

© NASA/SDO

En effet, pendant cette période, ces lignes de champ deviennent particulièrement instables et dynamiques; elles sont beaucoup plus à même de se rompre et de se reconnecter violemment. Le cas échéant, cela produit une puissante décharge de rayons X et gamma, d’ultraviolets et d’ondes radio qui perturbe fortement l’atmosphère du Soleil et les autres objets avoisinants : on parle d’éruption solaire.

Parfois, ces éruptions peuvent aussi arracher une immense bulle de plasma, constituée de plusieurs milliards de tonnes de particules chargées. Ce nuage se retrouve ainsi catapulté dans une direction bien précise à une vitesse vertigineuse, parfois de l’ordre de 3000 kilomètres par seconde. On appelle cela une éjection de masse coronale, ou CME pour Coronal Mass Ejection.

La météo solaire, une menace pour notre civilisation

Ces deux phénomènes peuvent avoir des conséquences très concrètes pour notre planète. Lorsque ces flux de particules chargées approchent, ils transfèrent une partie de leur énergie à la magnétosphère terrestre, provoquant ce qu’on appelle une tempête géomagnétique. Ces dernières se manifestent souvent sous la forme d’aurores – mais les plus violentes peuvent aussi perturber les systèmes de communication et de navigation.

Au-delà d’un certain seuil, ces tempêtes peuvent même générer un courant non négligeable dans des matériaux conducteurs. Cela peut impacter le fonctionnement de nos appareils électroniques. C’est particulièrement vrai pour les fusées et les satellites, qui évoluent dans une zone où le champ magnétique terrestre est légèrement plus faible. Par exemple, en juillet dernier, nous avons appris qu’une puissante éruption solaire avait semé une zizanie sans précédent en orbite .

Dans les cas les plus extrêmes, la situation peut même devenir carrément catastrophique. L’exemple le plus célèbre est celui de l’Événement de Carrington, une tempête géomagnétique surpuissante qui a frappé la Terre en 1859. Selon certaines estimations, la CME à l’origine de cet épisode a dégagé autant d’énergie que 10 milliards de bombes atomiques, et enfoncé le champ magnétique terrestre comme un véritable bélier cosmique.

Cela a provoqué de nombreux incendies spontanés sur l’ensemble du réseau télégraphique, et des opérateurs ont même subi des décharges électriques sans que la raison soit immédiatement apparente. Or, à l’époque, l’humanité était nettement moins dépendante de l’infrastructure électrique.

Si un phénomène de ce genre survenait aujourd’hui, il pourrait en résulter un chaos encore jamais vu dans notre société moderne. C’est notamment pour cette raison que les astronomes surveillent notre étoile comme le lait sur le feu pendant le maximum solaire, où les éruptions (et par extension, les CME) deviennent nettement plus fréquentes et intenses.

Une leçon d’humilité venue de l’espace

La bonne nouvelle, c’est que des épisodes de type Carrington restent relativement improbables. Certes, ces éruptions ultra-violentes ne sont pas des anomalies statistiques qui surviennent tous les quelques millions d’années; à l’échelle d’une vie humaine, il s’agit d’une possibilité très concrète. Heureusement, les chances qu’une telle CME file vers la Terre sont relativement faibles. La dernière CME de cette ampleur, en 2012, est passée relativement loin de notre planète sans conséquence néfaste . Il n’y a donc pas de raison de céder au catastrophisme.

 

Mais même si les statistiques jouent en notre faveur, on peut aussi voir ce maximum solaire comme une nouvelle piqûre de rappel. Cela reste une bonne occasion de se rappeler qu’il convient de rester humble face aux caprices de notre étoile, contre lesquels nous restons relativement démunis à l’heure actuelle. Espérons donc qu’elle se montrera clémente sur les prochains mois, et que nous pourrons aborder le prochain cycle solaire sereinement après l’inversion imminente de son champ magnétique !

 

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Source : NASA

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