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Critique True Detective – Night Country : une saison 4 glaçante à souhait 🥶

True Detective, la série de Nic Pizzolatto fête ses dix ans cette année et, après trois saisons, HBO a décidé de bousculer un peu nos habitudes en mettant Issa López à la barre de cette quatrième fournée sous-titrée Night Country. Se renouveler pour mieux repartir ?

On a tendance à l’oublier, mais True Detective fait partie de ces séries qui ont porté la marque HBO sur les sommets lorsqu’elle a débarqué en 2014 sous l’égide de Nic Pizzolatto. Huit épisodes où Matthew McConaughey rappelait ses immenses talents d’acteur, bien secondé par Woody Harrelson, dans un polar noir avec des notions de surnaturel où deux détectives bien abîmés enquêtaient sur des meurtres sordides entre deux époques. La formule a marché et n’a pas tardé à accoucher d’une seconde saison qui quittait le bayou de la Louisiane pour les ruelles de Californie. Plus de stars au casting et une série qui commençait déjà à être dévorée par ses trop grandes ambitions. De quoi faire une mauvaise ombre à une saison 3 avec Mahershala Ali et Stephen Dorff dans les Ozarks passée sous le radar alors qu’elle méritait mieux. La fin de True Detective ?

True Detective S4
© Warner / HBO

Pas pour HBO qui voit toujours le potentiel de son anthologie (ndlr : dont les saisons sont totalement déconnectées) et qui fait le pari de confier la suite à Issa López. Une réalisatrice et scénariste principalement connue pour le film espagnol Tigers Are Not Afraid racontant un récit de femmes et d’enfants disparus dans un mélange de policier, d’horreur et de fantastique. Tiens, tiens…

True Detective S4
© Warner / HBO

L’histoire de True Detective – Night Country se situe dans la ville (fictive) d’Ennis, au fin fond de l’Alaska alors que la région arrive à son troisième jour des trente où la nuit ne quittera plus les lieux. La capitaine de police Liz Danvers (Jodie Foster) est amené à enquêter sur la disparition étrange de plusieurs hommes, chercheurs dans une station scientifique isolée. De son côté, son ancienne partenaire rétrogradée, Evangeline Navarro (Kali Reis), à moitié indigène, va commencer à y voir un lien avec une ancienne affaire non résolue sur le meurtre d’une jeune femme Iñupiaq.

True Detective S4
© Warner / HBO

« Car nous ne savons pas de quelles bêtes rêve la nuit lorsque ses heures deviennent trop longues pour que même Dieu soit éveillé ». C’est sur cette citation d’Hildred Castaigne que s’ouvre cette quatrième saison. Et si ce nom vous parle, c’est parce qu’il s’agit du nom donné au narrateur crée par l’écrivain Robert Chambers dans son récit d’horreur « Le roi jaune », une inspiration qu’on retrouvait… dans la première saison du show.

True Detective S4
© Warner / HBO

Une note d’intention de la part d’Issa López pour, non seulement donner le ton de sa saison – on va y revenir, mais également revendiquer sa filiation directe avec la première saison de Nic Pizzolatto (qui reste producteur exécutif comme Matthew McConaughey) dont elle se veut presque le miroir. À la chaleur humide de la Louisiane se substitue le froid sec de l’Alaska. La nuit remplace le jour et les réflexions sur le rôle des hommes s’effacent pour questionner la victimisation de la femme.

True Detective S4
© Warner / HBO

Une saison assurément plus féminine et féministe, notamment en réinventant la formule de la « fille morte » dans les séries policières, sans que le poids du genre vienne noyer son propos principal. On est loin des femmes au foyer ou prostitués de la première saison, néanmoins l’écriture de López n’a pas moins l’intention de pointer du doigt que d’éliminer la considération du sexe. Ces deux héroïnes et celles peuplant le récit n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs masculins niveau passif et tourments et leur méthode ne souffre d’aucune comparaison. L’angle diffère, les questions qu’il apporte aussi, pour tout le reste, c’est du pur True Detective.

True Detective S4
© Warner / HBO

La première saison en ligne de mire, la showrunneuse s’amuse à se resservir de ses symboles (une forme spirale qui vous rappellera de bons vieux mauvais souvenirs) tout en poussant le curseur du surnaturel au maximum en se servant du folklore local. Chez les indigènes d’Iñupiaq, la longue nuit permet aux morts de revenir s’adresser aux vivants. Plusieurs fois, cette saison viendra ainsi taquiner nos certitudes entre ce qui est réel ou non, apportant autant de questions que de réponses autour des événements. Le fantastique n’est plus abstrait, il est partie prenante de l’intrigue. Ennis est habitée par les fantômes, métaphoriquement et parfois littéralement.

True Detective S4
© Warner / HBO

La culture ethnique est l’un des piliers de cette saison 4, notamment au travers le personnage de Navarro, une sang-mêlée instinctive qui refuse pourtant de s’attacher à ses racines. Un personnage en perpétuel conflit intérieur, magnifiquement incarné par l’ex-boxeuse Kali Reis qui rompt avec la tradition des « stars au casting » du show, tout en prouvant qu’elle a tout d’une grande pour sa troisième apparition à l’écran.

True Detective S4
© Warner / HBO

Il fallait au moins ça pour faire face à Jodie Foster dans la peau d’une flic détestée et détestable qui peine à s’exprimer autrement qu’en invectivant, figure d’autorité dans sa vie professionnelle ou personnelle dont la parole doit amener des actes. Un personnage constamment au bord du burn-out qu’on pourrait rapidement espérer voir disparaître, sauf qu’il est joué par une Foster charismatique, magnétique, dont l’âge n’a pas ébranlé une once de talent. La reine, tout simplement.

True Detective S4
© Warner / HBO

Un duo bien campé pour un thriller froid et obscur dont les inspirations The Thing et 30 Jours de nuit transpirent, jusqu’à toucher souvent du doigt l’horreur pure. Inutile de se voiler la face, c’est peut-être l’un des regrets qu’on aurait pour cette saison 4 tant l’atmosphère oppressante donne à croire plus d’une fois que la série va franchir le cap et nous offrir de l’épouvante. Non, on reste dans True Detective et l’enquête doit primer, peut-être parfois trop.

True Detective S4
© Warner / HBO

C’est notre second regret, car même si cette saison gagne à avoir été signée sur six épisodes au lieu des huit habituels, cela provoque certains manques, des pistes inexploitées jusqu’au bout (notamment autour du conflit entre les indigènes et l’exploitation minière locale) et une accélération des révélations sur la fin, là où la première moitié dosait plus habilement.

True Detective S4
© Warner / HBO

De quoi empêcher Night Country d’atteindre le niveau de maîtrise de la première saison, mais à l’échelle de la série entière, une goutte d’eau qui ne fait pas déborder le vase qualitatif de cette saison 4, en deuxième position du meilleur que le show nous ait offert. En repartant de la base pour mieux amorcer sa mue, True Detective vient peut-être de renaître.

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Notre avis

Dix ans et trois saisons plus tard, True Detective – Night Country change de mains pour revenir à l'essentiel tout en apportant du sang neuf devant et derrière la caméra. Un nouveau regard salvateur qui amène l'héritage vers de l'original et qui nous permet de retrouver une grande Jodie Foster. Six épisodes glacials comme la mort plus tard, on a le sang chaud pour une cinquième saison.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 8 / 10
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